Le harcèlement scolaire est un phénomène dramatique qui touche de plus en plus d’élèves chaque année, d’autant plus qu’il est prolongé aujourd’hui hors de l’école, en ligne, par le cyberharcèlement. Comment faire face à ces dangers, protéger ses enfants et y mettre fin. Voici quelques conseils pour vous guider.
Harcèlement scolaire : comment le reconnaître et agir ?
Le harcèlement scolaire est une violence répétée et continue, qui peut être verbale, physique ou psychologique, perpétrée par un ou plusieurs élèves à l’encontre d’un autre camarade.
Le harcèlement scolaire touche chaque année 700 000 enfants(1) dont 12 % des primaires (surtout CE2, CM1 et CM2), 10 % des collégiens et 4 % des lycéens(2).
Le harcèlement scolaire se fonde sur le rejet de la différence et la stigmatisation de certaines caractéristiques telles que :
- un trouble de la communication (bégaiement, timidité excessive)
- l’appartenance à un groupe social
- des centres d’intérêt différents
- L’apparence physique (taille, poids, …)
- le sexe (identité de genre)
- un handicap
Qu'est-ce qui différencie le harcèlement scolaire d'une simple chamaillerie d'enfants ?
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Pour qu’on parle de harcèlement scolaire, il faut que 3 caractéristiques soient réunies : La violence, la répétition et l’isolement.
Découvrir l'interview de Laurent Boyet sur le harcèlement scolaire
Quels signes doivent alerter ?
En tant que parent, il n’est pas toujours évident d’identifier une situation de harcèlement scolaire chez son enfant. Selon son caractère et son âge les signes peuvent être très différents. Il n’y a pas de liste exhaustive de signaux d’alerte.
Selon Laurent Boyet, président de l’Association Les Papillons, «les parents doivent avant tout être attentifs et s’interroger à tout changement brutal dans le comportement de leurs enfants, dans leurs attitudes, leurs résultats scolaires… Des sentiments tels que l’angoisse et la honte, la perte de confiance en soi, le refus de changer de vêtements, de se laver ou à l'inverse la propreté compulsive, sont également des signaux d’alertes. Le rapport au corps est très souvent un message. Tous les comportements pour attirer l'attention doivent vraiment… attirer l'attention.»
Découvrir le témoignage de Manon, victime de harcèlement scolaire
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Que faire si mon enfant est victime de harcèlement scolaire ?
Ne tentez pas de gérer vous-même le problème, ni de contacter l’auteur des faits : cela pourrait aggraver la situation. Il faut avant tout en parler pour trouver de l’aide et des solutions pour y mettre fin.
Découvrir l'interview de Charlotte sur le harcèlement scolaire
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1 - Adressez-vous à l’enseignant et/ou la direction de l’établissement scolaire de votre enfant
Exposez en détail ce qu’il subit. Vous pouvez vous aider de la fiche de repérage pour noter ce que vous avez constaté. N’hésitez pas à demander quelles sont les actions qui seront menées, les mesures prises pour protéger votre enfant et les réponses proposées pour prendre en charge le problème. Si la situation est avérée, l’établissement scolaire mettra en œuvre, avec vous, les solutions adaptées pour que votre enfant ne subisse plus cette violence.
2 - Appelez le 3020, plateforme d’écoute et de prise en charge au service des familles et des victimes
Le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse met à la disposition des élèves, des familles et des professionnels un numéro pour signaler les situations de harcèlement entre élèves. Ce dispositif téléphonique, gratuit depuis tous les postes, propose écoute, conseil et orientation aux appelants.
Lorsque les situations de harcèlement sont repérées au cours de l’entretien téléphonique et avec l’accord des personnes concernées, elles sont alors transmises aux référents harcèlement de l’Éducation nationale grâce à un outil sécurisé fourni par l’administration.
Le 3020 est joignable du lundi au vendredi, sauf jours fériés, de 9h à 20h du lundi au vendredi et de 9h à 18h le samedi.
30 20Numéro gratuit
3 - Contactez le référent « harcèlement » de votre académie
337 référents "harcèlement" sont répartis sur tout le territoire pour sensibiliser, accompagner et former. Ils supervisent et coordonnent les actions pour résoudre les situations de harcèlement signalées, grâce à la plateforme du 3020 ou grâce aux relais locaux ils accompagnent et facilitent le dénouement en étant un interlocuteur privilégié des familles.
Trouver le référent harcèlement de votre académie
4 - Si la situation le nécessite, déposez plainte pour harcèlement
Le harcèlement scolaire est désormais reconnu comme un délit pénal qui pourra être puni jusqu'à 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende dans les cas les plus graves.
Le cyberharcèlement : comment y faire face et s'en protéger ?
Le cyberharcèlement est une forme de harcèlement né avec internet et le développement des nouvelles technologies numériques. C’est un acte agressif et intentionnel perpétré par un ou plusieurs individus à l’encontre d’une victime via les réseaux sociaux, les téléphones portables, les forums, les jeux en ligne, etc.
Il touche 20 % des enfants entre le primaire et le lycée et dans 45 % des cas, le cyberharcèlement débute par jalousie ou volonté de vengeance.(4)
51 % des victimes sont des jeunes filles âgées en moyenne de 13 ans. Elles sont 3 fois plus exposées à des cyber violences à caractère sexuel (sexting, contraction de « sex » et « texting »).(4)
Le cyberharcèlement peut prendre plusieurs formes :
- Les propos intimidants, insultes, moqueries ou menaces en ligne
- la propagation de rumeurs
- le piratage de comptes et l’usurpation d’identité numérique
- le lancement d’une discussion, d’un groupe ou d’une page sur un réseau social à l’encontre d’un camarade de classe
- la publication d’une photo ou d’une vidéo de la victime en mauvaise posture
- le sexting
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Découvrir l'interview de Laurent Boyet sur le cyberharcèlement
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Comment préserver mon enfant du cyberharcèlement ?
Les enfants accèdent de plus en plus jeunes aux outils et ressources numériques : internet, portable, réseaux sociaux, jeux en lignes… On oublie souvent qu’ils n’en connaissent pas toujours les usages ni les risques. En tant que parent, vous pouvez jouer un rôle dans la prévention et la protection de votre enfant face au cyberharcèlement.
- Expliquez-lui le phénomène du cyberharcèlement pour éviter de le banaliser et libérer la parole. Victime ou témoin, il doit se confier à un adulte et le dénoncer.
- Familiarisez-le au savoir-vivre numérique : respect du droit à l’image pour moi comme pour les autres, les limites de la liberté d’expression, savoir ce qui peut ou pas être partagé/liké, sécuriser son profil, être vigilant face aux «amis» virtuels que j’accepte.
- Sensibilisez-le sur l’impact que peuvent avoir des propos tenus sur internet et leurs conséquences réelles sur la victime ou pour lui d’un point de vue pénal.
- Installez le contrôle parental sur les appareils numériques de votre enfant, et contrôlez régulièrement ses comptes sur les réseaux sociaux et les messageries afin de créer un espace sécurisé pour l’accompagner dans son apprentissage numérique.
Quels signes doivent alerter ?
Comme pour le harcèlement scolaire, tout changement de comportement doit vous alerter. De même que des messages suspects sur sa messagerie ou ses réseaux sociaux.
Que faire si mon enfant est victime de cyberharcèlement ?
Ne tentez pas de régler le problème vous-même. Nous vous conseillons de vous adresser à des structures dédiées à la lutte contre le cyberharcèlement.
1 - Appelez le 3018, le numéro national pour jeunes victimes de violence numérique et leurs parents
Le 3018 est un numéro gratuit, anonyme et confidentiel accessible par téléphone 6 jours sur 7, de 9 heures à 20 heure. Son équipe, composée de psychologues, juristes et spécialistes des outils numériques, est formée à la protection des mineurs sur Internet et à l’accompagnement des parents dans leur rôle d’éducation : cyberharcèlement, revenge porn, chantage à la webcam, surexposition aux écrans, jeux vidéo, exposition à des contenus violents & pornographiques, contrôle parental, paramétrage de compte sur les réseaux sociaux ou encore piratage de compte, usurpation d’identité.
Tiers de confiance auprès des réseaux sociaux, le 3018 dispose d’une capacité d’intervention unique en France via une procédure de signalement accélérée pour obtenir la suppression de contenus ou comptes préjudiciables en quelques heures.
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2 - PHAROS, portail officiel de signalement des contenus illicites de l’Internet
Site web développé par le gouvernement français pour signaler des contenus et comportements en ligne illicites tels que des faits de pédophilie/pornographie, expression du racisme/antisémitisme/xénophobie, incitation à la haine raciale/ethnique/religieuse, terrorisme et apologie du terrorisme, escroquerie et arnaque financières utilisant internet.
Les signalements peuvent être réalisés par n'importe quel citoyen sur le site Internet de la plateforme. Une équipe de 50 agents de police et de gendarmerie analysent les signalements, et peuvent alerter les services compétents telle que la police nationale, la gendarmerie nationale, les douanes, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes en France et à l’étranger (en passant par Interpol).
3 - Dépôt de plainte pour cyberharcèlement
Selon l’article 222-33-2 du Code pénal, le cyberharcèlement est une circonstance aggravante du harcèlement moral, « lorsque les faits ont été commis par l’utilisation d’un service de communication au public en ligne ou par le biais d’un support numérique ou électronique ». C’est un délit punissable et les sanctions peuvent aller jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 € d’amende si l’auteur est majeur et que la victime a moins de 15 ans.
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Les boîtes aux lettres de l'Association Les Papillons
En accord avec les villes, les écoles, les clubs sportifs, l’Association Les Papillons installe des boites aux lettres au plus près des enfants pour leur permettre de dénoncer, à leur rythme et en toute discrétion, les violences ou les maltraitances dont ils sont témoins ou victimes.
L’association a également développé des boites aux lettres virtuelles qui permettent aux enfants comme aux adultes de dénoncer des faits de violence ou de harcèlement.