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Un Républicain de Guingamp

Site de Philippe LE ROUX, ancien Délégué de la quatrième circonscription des Cotes-d'Armor et Conseiller chargé des grands projets auprès de la Direction de l'UMP

Mort de Mikhaïl Gorbatchev : le monde rend hommage au dernier dirigeant de l'Union soviétique

Publié le 31 Août 2022 par Le Parisien, Le Figaro et Le Vif in International

De nombreuses personnalités ont salué depuis mardi soir le rôle joué par Mikhaïl Gorbatchev dans la fin de la guerre froide.

L'émotion des réactions occidentales contraste avec la sobriété du président russe Vladimir Poutine pour qui "Mikhaïl Gorbatchev est un politicien et un homme d'État qui a eu une grande influence sur l'évolution de l'Histoire du monde (…) Il a guidé notre pays à travers une période de changements complexes et dramatiques, et de grands défis de politique étrangère, économiques et sociaux

La disparition de Mikhaïl Gorbatchev, dernier dirigeant de l'Union soviétique de 1985 à 1991, a suscité de nombreuses réactions, notamment dans la classe politique française.

Pour Emmanuel Macron, Mikhaïl Gorbatchev était un "homme de paix dont les choix ont ouvert un chemin de liberté aux Russes. Son engagement pour la paix en Europe a changé notre histoire commune", a souligné le président français dans un tweet.

"Un dirigeant digne de confiance (qui) a ouvert la voie à une Europe libre"

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a elle salué "un dirigeant digne de confiance (qui) a ouvert la voie à une Europe libre". Pour le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, Mikhaïl Gorbatchev était "un homme d'État unique qui a changé le cours de l'Histoire". L'ancienne secrétaire d'État américaine Condoleeza Rice s'est dite "attristée" par la nouvelle de la mort d'"un homme qui essayait d'offrir une vie meilleure à son peuple. (...) Sans lui et son courage, il n'aurait pas été possible de mettre fin pacifiquement à la guerre froide", a-t-elle tweeté.

"L'histoire se souviendra de Mikhaïl Gorbatchev comme d'un géant qui a guidé sa grande nation vers la démocratie", a réagi l'ancien secrétaire d'État James Baker, qui dirigea la diplomatie américaine de 1989 à 1992.

Le chef du gouvernement italien Mario Draghi a lui salué l'opposition de Mikhaïl Gorbatchev à "une vision impérialiste de la Russie". "Son désir de paix, son opposition à une vision impérialiste de la Russie lui ont valu le prix Nobel [de la paix]. Ce sont des messages d'autant plus actuels face à la tragédie de l'invasion de l'Ukraine" par Moscou, a estimé M. Draghi dans un communiqué.

«Courage et intégrité»

Le président américain a salué un "leader rare" ayant permis "un monde plus sûr". "En tant que dirigeant de l'URSS, il a travaillé avec le président (américain Ronald) Reagan pour réduire les arsenaux nucléaires de nos deux pays, au grand soulagement des personnes à travers le monde qui priaient pour la fin de la course aux armements nucléaires. Après des décennies de répression politique brutale, il a adopté des réformes démocratiques », a relevé Joe Biden dans un communiqué. Ses actes furent ceux d'un dirigeant ayant assez d'"imagination pour voir qu'un autre avenir était possible et le courage de risquer toute sa carrière pour y parvenir. Le résultat fut un monde plus sûr et davantage de liberté pour des millions de personnes", a-t-il ajouté.

La Chine, quant à elle, a présenté ses condoléances à la famille de Mikhaïl Gorbatchev et salué le rôle du dernier dirigeant soviétique au rapprochement entre Pékin et Moscou, après trois décennies de rupture. "Mikhaïl Gorbatchev a contribué de manière positive à la normalisation des relations entre la Chine et l'Union soviétique", a indiqué mercredi devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian.

Après 30 ans de brouille idéologique et géopolitique entre la Chine et l'URSS, Mikhaïl Gorbatchev s'était rendu à Pékin en mai 1989 pour sceller la normalisation avec le dirigeant chinois d'alors Deng Xiaoping.

Cette visite historique du numéro un soviétique s'était déroulée au moment où un mouvement de contestation étudiante paralysait Pékin. Ces protestations seront étouffées quelques semaines plus tard dans la violence place Tiananmen.

Figure admirée en Occident, Mikhaïl Gorbatchev était une personnalité décriée au sein du pouvoir communiste en Chine. De nombreux responsables chinois attribuent à l'ouverture politique le destin tragique de l'Union soviétique ; le président chinois Xi Jinping avait estimé qu'il manquait alors en URSS de "vrais hommes" prêts à défendre le système.

Pour l'ancien président colombien et Nobel de la paix 2016, Juan Manuel Santos, Mikhaïl Gorbatchev --qui a lui-même reçu ce Nobel en 1990-- était "un champion de la paix". "Le monde a besoin de beaucoup plus de leaders comme lui", a-t-il écrit dans un tweet.

Sans lui, "la révolution pacifique en RDA n'aurait pas été possible"

Le chancelier allemand Olaf Scholz a lui salué la mémoire du dernier dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, soulignant que sa mort intervenait "à une époque où la démocratie a échoué en Russie". "Il est mort à une époque où non seulement la démocratie a échoué en Russie, mais où la Russie et le président russe (Vladimir) Poutine ont creusé de nouveaux fossés en Europe et ont lancé une terrible guerre contre un pays voisin, l'Ukraine", a affirmé Olaf Scholz à la presse mercredi, rendant hommage à Mikhaïl Gorbatchev, qualifié de "réformateur courageux".

L'ancienne chancelière allemande Angela Merkel a déclaré que Mikhaïl Gorbatchev "a montré par l'exemple comment un seul homme d'État peut changer le monde pour le mieux", dans une déclaration au ton particulièrement ému. "Mikhaïl Gorbatchev a également changé ma vie de manière fondamentale. Je ne l'oublierai jamais", poursuit-elle. Sans "le courage" de l'ancien responsable soviétique, "la révolution pacifique en RDA n'aurait pas été possible" a-t-elle souligné.

"Aujourd'hui encore, je peux ressentir la peur que j'ai eue avec de nombreuses personnes en RDA en 1989, celle de savoir si les chars allaient à nouveau se mettre en marche comme en 1953, lorsque nous avons crié Nous sommes le peuple”", se remémore l'ex-chancelière en référence aux manifestations populaires en Allemagne de l'Est de citoyens opposés au régime communiste.

"Plus encore, il a permis à une Allemagne réunifiée de devenir membre de l'Otan", a-t-elle rappelé. "Je n'ai pas oublié les images de sa rencontre avec le chancelier Helmut Kohl dans le Caucase en 1990, qui a mis l'unité de l'Allemagne dans la paix et la liberté à portée de main", écrit l'ex-chancelière de 68 ans qui a dirigé l'Allemagne de 2005 à 2021. "Puisse le souvenir de sa performance historique permettre de faire une pause, notamment en ces semaines et mois terribles de la guerre de la Russie contre l'Ukraine", a-t-elle conclu.

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a rendu hommage au dernier dirigeant soviétique en le remerciant "pour sa contribution décisive à l'unité allemande". Par ses actes, M. Gorbatchev a montré qu'il était "un grand homme d'État" doté d'un "courage pour l'ouverture démocratique et la construction de ponts entre l'Est et l'Ouest" et pour la paix en Europe, a dit M. Steinmeier dans un communiqué mercredi. Ce rêve est "en ruine, brisé par l'attaque brutale de la Russie contre l'Ukraine", a-t-il ajouté.

l'un des rares à n'avoir pas profité du pouvoir

Gorbatchev "a quitté le pouvoir pacifiquement et volontairement, en respectant la volonté des électeurs. Rien que ça, c'est déjà un grand exploit selon les normes de l'ex-URSS", a déclaré pour sa part l'opposant russe incarcéré Alexeï Navalny, dans un message publié par son équipe sur Twitter. "C'est sous (Gorbatchev) que les derniers prisonniers politiques ont été libérés en URSS", a ajouté le principal détracteur du Kremlin, lui-même emprisonné depuis 2021, après avoir survécu à un empoisonnement qu'il impute aux autorités russes.

M. Navalny, qui s'est notamment fait connaître par des enquêtes sur la corruption des élites russes, a aussi estimé que Gorbatchev était "l'un des rares à n'avoir pas profité du pouvoir et des opportunités à des fins d'enrichissement personnel".

"Droits humains au-dessus de l'État"

Le journaliste russe Dmitri Mouratov, co-lauréat du prix Nobel de la paix 2021, a également rendu hommage au dernier dirigeant de l'Union soviétique : "Gardons cela en mémoire pour toujours : il aimait sa femme plus que son travail, plaçait les droits humains au-dessus de l'État, accordait plus de valeur à un ciel paisible qu'au pouvoir personnel", a-t-il déclaré dans une tribune publiée sur le site de Novaïa Gazeta, journal indépendant que Gorbatchev a aidé à se lancer.

"Il méprisait la guerre. Il méprisait la realpolitik. Il était convaincu que l'époque où les problèmes du monde étaient résolus par la force était révolue (…). Il a libéré des prisonniers politiques". Gorbatchev "a donné à notre pays et au monde un cadeau incroyable : il nous a donné 30 ans de paix. Sans la menace d'une guerre nucléaire mondiale. Qui est capable d'en faire autant ?", a lancé également Dmitri Mouratov.