Le président de la République, M. Nicolas SARKOZY a présidé samedi à ses premières cérémonies du 14 juillet, placées sous le signe de l’Europe et de la “rupture” qu'il veut personnifier, deux mois après son entrée en fonction.
Le traditionnel défilé a été marqué par la présence de 27 contingents européens se mettant en marche par ordre alphabétique, drapeau bleu-blanc-rouge et bannière étoilée de l’Europe en tête. Les unités françaises ont ensuite défilé.
A la fin de la cérémonie, le chef de l’État a salué les porte-drapeaux des armées des 27, en compagne du président de la Commission européenne, M. José Manuel BARROSO du Premier ministre portugais José SOCRATES qui préside actuellement l’Union, du président du Parlement européen Hans-Gert POTTERING et du Haut représentant diplomatique de l’Union européenne Javier SOLANA
“Je voulais que la France soit de retour en Europe et que l’Europe soit présente en France”, a indiqué M. SARKOZY, précisant “l’Europe ça ne doit pas être la négation des nations, l’Europe se construit sur des nations”, et affirmant vouloir une Europe “qui protège”. Le chef de l’État avait invité au déjeuner du 14 juillet l'ancien ministre Dominique STRAUSS-KAHN, seul candidat à la direction du FMI, qui a rencontré les dirigeants européens présents.
Le président de la République a par ailleurs annoncé qu’il prendrait quinze jours” de vacances “à l’étranger”, en août. Le dernier Conseil des ministres avant les vacances se tiendra le mercredi 1 août.
Le chef de l’État s’engage à maintenir les moyens de la dissuasion
Si le traditionnel entretien télévisé du 14juillet n’a pas été maintenu, le président de la République a cependant profité de la Fête nationale pour s’exprimer. Chef des armées, il s’est ainsi engagé, le 13 juillet, à donner “les moyens nécessaires” pour garantir la sécurité de la France et à déclencher e feu nucléaire si “les intérêts vitaux du pays étaient menacés, lors d’une visite de la base de l'Ile Longue, base des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE). “Vous êtes l’assurance-vie de la France a-il lancé aux personnels réunis sur la base, après avoir visité le” Vigilant”, dernier-né des quatre SNLE, entré en service en 2005. “J’ai voulu, deux mois après ma prise de fonction, passer un moment au sein des armées françaises et j’ai pensé que c’était une bonne idée de venir ici chez ceux qui portent, qui incarnent la dissuasion”, a souligné M. SARKOZY. La dissuasion nucléaire française repose sur les sous-marins de la force océanique stratégique stationnés à 11 Longue, ainsi que sur les forces aériennes stratégiques. M. SARKOZY s’est d’ailleurs rendu, un peu plus tôt, sur la base de Landivisiau où lui ont été présentés avions et systèmes d’armes en service dans la force aéronavale nucléaire. Le nombre exact de têtes nucléaires dont dispose la France est “secret défense”, mais, selon des sources concordantes, elles seraient de l’ordre de 200 à 300. En dépit (l’un contexte budgétaire tendu, il s’est engagé à donner “les moyens nécessaires pour que la sécurité de la France en toutes circonstances, soit garantie. C’est mon premier devoir et c'est donc ma première priorité”, a-t-il affirmé.
Lors de la traditionnelle réception, le 13 juillet, au ministère de la Défense, le président de la République a affiché sa volonté d’engager les soldats français dans les opérations de “manière utile”, pour une “cause légitime” et une “politique lisible” “Pour moi la règle est simple chaque soldat français engagé en opération le sera de manière utile, au service d’une cause légitime pour mettre en oeuvre une politique lisible”, a déclaré le chef de l’État. Celle politique doit être “assortie d’objectifs clairs et jugée sur des résultats concrets” “C’est dans cet esprit que j’ai appelé à la mobilisation de la communauté internationale sur le Darfour”, province soudanaise en guerre depuis 2003, a poursuivi le chef de l’État et chef des armées.
Quelque 12 000 soldats français sont engagés dans des théâtres d’opération extérieure dont les principaux sont l’Afghanistan (2000 militaires dont 1000 dans le pays même), la Côte d’Ivoire (2900), le Liban (1650), le Kosovo (2000) le Tchad et la République centrafricaine (1500).
M. Nicolas SARKOZY a par ailleurs souligné que chaque euro investi dans la défense devait l’être “ la meilleure façon” appelant de nouveau à une “remise à plat” des programmes d’équipement des armées. “J’ai la responsabilité d’être chef des armées, j’assumerai cette responsabilité”, a-t-il déclaré. “ aurez les moyens de vos missions mais nous avons un devoir vis-à-vis de nos concitoyens qui est que chaque euro investi soit utilisé de la meilleure façon”, a enchaîné le chef de l’État devant un parterre de militaires. “ Soyons francs, nos armées ne disposent pas toujours des équipements dont elles ont besoin” a reconnu M. SARKOZY, appelant à construire “l’armée de nos besoins et pas l’armée de nos habitudes”. “ le domaine des équipements, il nous faut une remise à plat de nos programmes je l’ai annoncée, nous la ferons”, a-t-il de nouveau prévenu. Évoquant l’Europe, il s’est étonné, comme au Salon du Bourget fin juin, qu’il y ait “trois programmes d’avions de combat, six programmes de sous-marins, huit programmes de blindés”.
Le président de la République a également rappelé la rédaction prochaine d’un Livre blanc de la Défense dont il a précisé qu’il “sera régulièrement actualisé” Le précédent, publié en 1994, n’a jamais été revu depuis. Promettant une “consolidation de notre effort de défense”, il a toutefois souligné qu’elle exigerait “aussi des réformes de fond dans l’organisation et la gestion de notre outil de défense”.
Le président de la République réitère son intention de réformer le Conseil supérieur de la magistrature
Outre la défense nationale, le président de la République a évoqué, à la fin de la semaine dernière, plusieurs de ses intentions concernant la justice Lors d’un discours à la garden party de la Chancellerie, M. SARKOZY a dit qu’il souhaitait parler “ de la nécessité ou non que le président ès qualités préside le CSM” Il avait annoncé au cours de la campagne électorale, son intention de ne plus faire du président de la République un membre de droit de l’instance disciplinaire des magistrats.
Il a aussi dit son voeu de “ de la responsabilité” des magistrats mise en cause lors de l’affaire du désastre judiciaire d’Outreau. “Le métier de magistrat, c’est un métier difficile, extrêmement difficile (...) et, en même temps, l’exigence de responsabilité c’est quelque chose qui compte pour nos concitoyens”, a-t-il ajouté. Le précédent Garde des Sceaux, M. Pascal CLEMENT, avait fait voter une mesure créant la notion de “faute” pour les magistrats, mais le texte a été censuré par le Conseil constitutionnel en Mars dernier.
Le chef de l’État a en outre annoncé qu’il souhaitait que les dénonciations anonymes à la justice ne soient plus recevables “Je comprends très bien que tel ou tel soit dénoncé, sans donner son nom au public, mais une dénonciation à laquelle on ne donnerait pas son nom à l’administration, et qui veut nous révéler quelque chose, c’est une pratique d’un autre temps”, a-t-il ajouté. M. SARKOZY a admis des exceptions, notamment “dans des cas très précis, à l’intérieur d’une famille, lors de violences sexuelles” ou encore pour la “protection, dans le cas de l’action terroriste”. “On m’appelle à être le garant des libertés et bien en voilà une, ne pas permettre aux revanches de se manifester de façon anonyme”, a insisté le président.
M. SARKOZY a par ailleurs réaffirmé son opposition au principe des grâces collectives du 14 Juillet, malgré une situation dans les prisons qui nécessite de “faire des progrès”. “Je ne suis pas là pour dissimuler la réalité dans notre pays (...) lorsqu’il est en retard mais franchement était-ce raisonnable de faire une grâce collective pour la seule raison que nos prisons sont délabrées et qu’on n’a pas assez de place” a lancé M. Nicolas SARKOZY.
Des zones franches globales Outre-mer
Le président de la République a réitéré vendredi l’engagement d’instaurer dès 2008 des “ zones franches globales d’activité” dans les départements d’outre-mer “Je veux aller plus loin que l’actuelle loi programme de l’outre-mer en créant un nouvel outil de développement, les zones franches globales d’activité. Elles couvriront l’intégralité des territoires de chacun des quatre DOM”, Guyane, Guadeloupe, Martinique et Réunion", a déclaré le président lors d’une réception pour la Fête nationale au ministère de l’Outre-mer. “Je souhaite qu’un texte soit présenté au parlement de telle sorte que les économies ultramarines en bénéficient dès 2008”, a-t-il déclaré, estimant que de telles zones allaient “permettre l’émergence d’économies compétitives en outre mer”.