Sarkozy appelle à "changer profondément" la façon de construire l'UE
Le président Nicolas Sarkozy a appelé, à la veille de la présidence française de l'Union européenne, "à changer profondément notre façon de construire l'Europe", en estimant que "l'Europe inquiète" aujourd'hui.
"Ca ne va pas du tout", a dit le président à la chaîne de télévision publique. "L'Europe inquiète et, pire je trouve, peu à peu nos concitoyens se demandent si finalement l'échelon national n'est pas mieux à même de les protéger que l'échelon européen", a-t-il affirmé.
"C'est un retour en arrière et s'il y a retour en arrière, c'est qu'il y a eu erreur dans la façon de construire l'Europe", a-t-il poursuivi, ajoutant : "Il faut donc changer profondément notre façon de construire l'Europe".
M. Sarkozy a fait valoir qu'on attendait "de l'Europe qu'elle protège les Européens contre les risques que fait peser la mondialisation, et c'est là que ça ne marche pas". "Il faut qu'on réfléchisse à comment on fait de cette Europe un moyen de protéger les Européens dans leur vie quotidienne", a-t-il plaidé.
Non irlandais : "pas trop de temps" pour trouver une solution (Sarkozy)
Le président Nicolas Sarkozy, dont le pays assume mardi la présidence de l'UE, a déclaré lundi: "On n'a pas trop de temps" pour trouver une solution au non irlandais, précisant que "la limite" était les élections européennes de juin 2009.
"Il ne faut pas se presser et, en même temps, on n'a pas trop de temps", a déclaré M. Sarkozy à France 3.
"Quelle est la limite? Juin 2009, parce qu'il y a des élections européennes", a poursuivi le président, qui se rend à Dublin le 11 juillet pour tenter de trouver des solutions en vue du sommet européen d'octobre.
Interrogé pour savoir s'il fallait faire revoter les Irlandais, M. Sarkozy a répondu : "Je ne veux pas le dire comme ça, parce que ça donnerait le sentiment de leur forcer la main". Il a néanmoins rappelé que "cela avait déjà été le cas en 2001 en Irlande, à la suite du traité de Nice".
L'Irlande, seul pays européen à avoir soumis le traité européen de Lisbonne à un référendum, a rejeté le texte le 12 juin par 53,4% des voix, précipitant l'Union européenne (UE) dans une nouvelle crise constitutionnelle.
M. Sarkozy a également réaffirmé qu'il n'y aurait pas d'élargissement de l'UE à la Croatie sans traité de Lisbonne.
"Il n'est pas question de continuer à élargir l'Europe si l'Europe n'est pas capable de se doter d'institutions", a-t-il dit. "On l'a déjà fait pour l'élargissement à l'est : ce fut une erreur", a-t-il ajouté.
"L'intérêt de l'Europe c'est de s'élargir aux Balkans, parce qu'on a tout intérêt à enraciner la paix et la démocratie", a admis le président. "Mais je dis une chose : on ne peut pas élargir et démolir l'Europe".
"Si on n'a pas Lisbonne, on aura (le traité de) Nice", a fait valoir le président. "Nice, c'est l'Europe à 27, sans la Croatie". Il a ajouté : "Moi, je souhaite qu'on accueille la Croatie. Donc, il faut Lisbonne".
Sarkozy propose une fiscalité écologique à 5,5% au niveau européen
Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il proposerait à ses partenaires européens que la TVA sur "tout ce qui est écologique", notamment les immeubles HQE (haute qualité environnementale) et les voitures propres, soit abaissée "à 5,5%".
"Je veux me battre pour qu'il y ait une fiscalité propre" en Europe, a déclaré le chef de l'Etat à la veille du démarrage de la présidence française de l'Union européenne.
"C'est pas normal que quand vous achetez une voiture propre, elle coûte plus cher qu'une voiture sale. C'est pas normal que quand vous construisez un appartement ou une maison économe en énergie, ça vous coûte plus cher que quand vous construisez une maison qui n'est pas économe", a-t-il jugé.
"Donc je proposerai que tout ce qui est écologique, immeubles HQE" notamment, "ça soit à 5,5%", a lancé M. Sarkozy.
"C'est un combat que je vais mener", a-t-il insisté, tout en reconnaissant que, comme sur la baisse de la TVA sur le disque espérée par la France, il ne comptait pas sur un aboutissement "avant la fin de la présidence française".
Il faudra baisser la TVA si le prix du pétrole continue à monter (Sarkozy)
Nicolas Sarkozy a insisté sur la nécessité d'une baisse de la TVA sur le pétrole si le prix de l'or noir continue à grimper, malgré le refus opposé pour l'instant par les partenaires européens de la France.
Si en octobre prochain le prix du baril "a continué à augmenter", "s'il est à 175, 180, 200 dollars, on ne va pas continuer en plus à prendre 20% de fiscalité", a déclaré M. Sarkozy sur France 3, à la veille du début de la présidence française de l'Union européenne.
Les 27 ont "refusé la décision que je souhaitais prendre tout de suite", a expliqué M. Sarkozy.
"Mais ils ont accepté que, en tant que président de l'Union, je conduise avec la Commission (...) une étude sur le sujet pour prendre une décision en octobre", a-t-il rappelé.
Pour Nicolas Sarkozy, la BCE doit aussi se soucier de la croissance
Nicolas Sarkozy a estimé lundi que la Banque centrale européenne "devrait se poser la question de la croissance économique" et "pas simplement de l'inflation", en exprimant son opposition à une hausse des taux d'intérêt.
"Je crois que la BCE - et son indépendance doit être préservée - devrait se poser la question de la croissance économique en Europe et pas simplement de l'inflation", a déclaré sur France 3 le chef de l'Etat, à la veille du démarrage de la présidence française de l'Union européenne.
La BCE, qui se réunit jeudi et dont M. Sarkozy a souvent critiqué les choix, devrait remonter son principal taux d'intérêt directeur, à 4,25%, dans l'espoir de freiner l'accélération de l'inflation.
"L'inflation d'aujourd'hui est due à l'explosion des matières premières, alors on ne va pas m'expliquer que pour lutter contre l'inflation il faut monter les taux d'intérêt!", a lancé le président de la République.
"Parce que si vous indexez les taux d'intérêt européens sur l'évolution du baril de pétrole, vous pouvez monter jusqu'au sommet les taux d'intérêt, vous ne ferez pas baisser pour autant le baril" de pétrole, a-t-il jugé, déplorant aussi le niveau élevé de l'euro par rapport aux autres devises.
Dimanche, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, s'était déclarée "pas convaincue de l'opportunité" de voir se creuser encore l'écart entre les taux d'intérêt américains et européens.
"Ce qui est important ce sont les équilibres; aujourd'hui on a un gros déséquilibre entre la politique monétaire américaine avec un taux qui est à 2% et la politique monétaire européenne", avec un taux directeur de la BCE à 4%, avait souligné Mme Lagarde.
Pour le secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, si l'écart de taux grandissait encore entre les taux américains et européens, "il y aurait effectivement un risque pour la croissance, que nous devrions prendre en considération".
En Espagne, dont la croissance ralentit rapidement, des responsables politiques ont également émis des doutes sur la pertinence de remonter les taux.
Fait plus rare, le ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück, aurait lui aussi exprimé des réserves, selon le magazine Der Spiegel.
Mais le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, reste inflexible sur sa mission prioritaire qui est la lutte contre l'inflation.
M. Trichet a déclaré début juin que le conseil des gouverneurs de la BCE était "en état d'alerte élevé" face au danger d'emballement des prix.
Le taux d'inflation a grimpé à un record de 3,7% en un an en mai dans la zone euro, toujours poussé par le pétrole cher et l'envolée des prix des aliments.
JO de Pékin : Sarkozy dira la semaine prochaine s'il y va
Nicolas Sarkozy a indiqué qu'il annoncerait en "début de semaine prochaine" s'il assisterait ou non à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin le 8 août, en fonction de l'évolution du "dialogue" entre le régime chinois et le dalaï lama.
"C'est un sujet extrêmement complexe", a insisté le chef de l'Etat sur France 3. "Il ne faut en aucun cas pousser le peuple (chinois) d'1,3 milliard d'habitants dans un nationalisme blessé. Attention à cela".
"Ce qui s'est passé au Tibet a suscité une grande émotion, et à certains points de vue n'était pas acceptable", a-t-il poursuivi, en allusion aux violences qui avaient éclaté en mars dans cette province chinoise, provoquant de nombreuses protestations à travers le monde.
"La France a beaucoup poussé à la reprise du dialogue entre le dalaï lama (chef spirituel des Tibétains, ndlr) et les autorités chinoises", a souligné M. Sarkozy.
"Il y a une deuxième session de dialogue qui va commencer dans les jours qui viennent, j'en attends beaucoup", a-t-il dit.
"Je suis en contact avec le président chinois, Hu Jintao, et le dalaï lama, je crois que ça progresse bien", a encore relevé M. Sarkozy.
"Si ça devait progresser encore et si le dalaï lama et le président chinois reconnaissaient les progrès, alors l'obstacle à ma participation serait levé", a-t-il ajouté, précisant qu'il donnerait sa "réponse" en "début de semaine prochaine, au Japon".
Le sommet du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) aura lieu du 7 au 9 juillet à Toyako, dans l'île septentrionale japonaise de Hokkaïdo.
"Je dois consulter mes partenaires, mais je suis président français quand même. Je ne suis pas aux ordres", a insisté M. Sarkozy, qui préside à partir de mardi l'Union européenne.
"On parle beaucoup avec le dalaï lama, j'aurai d'ailleurs certainement l'occasion d'annoncer un certain nombre d'initiatives sur ce sujet", a-t-il souligné.
Les autorités chinoises vont reprendre début juillet leurs discussions avec des représentants du dalaï lama, à la demande du chef spirituel bouddhiste exilé en Inde, a annoncé dimanche l'agence Chine Nouvelle.
Audiovisuel: Sarkozy ne veut pas voir le service public comme une "secte"
- Le président Nicolas Sarkozy donnera à l'audiovisuel public les moyens de se développer et ne veut pas regarder "le service public comme une petite secte appartenant à quelques micro-organisations", a-t-il assuré lundi sur France 3.
"Je ne vous laisserai pas tomber, je vous donnerai les moyens de vous développer, mais je ne regarderai pas le service public comme une petite secte qui appartient à quelques micro-organisations, qui descendent de temps en temps dans la rue", a-t-il dit.
"Le service public fonctionne avec l'argent du contribuable et le contribuable et téléspectateur est en droit de donner son avis", a ajouté le président de la République. "Sur ce sujet comme sur les autres, je serai jugé au résultat et je ne doute pas que les résultats seront là".
Défendant son projet de suppression de la publicité sur les antennes publiques, il a indiqué qu'il fallait "un vrai débat sur les missions de service public". Ces dernières "ne sont pas faites simplement parce qu'on diffuse la messe le dimanche matin, un quart d'heure pour les bouddhistes, 20 minutes pour les musulmans et une émission pour les juifs de France", selon M. Sarkozy.
"Moi quand j'étais enfant --c'est quand même pas le Moyen-Age--, il y avait deux puis trois chaînes. On voyait du théâtre toutes les semaines, on voyait des concerts toutes les semaines, on avait Apostrophe...", a déclaré le chef de l'Etat.
Il a rappelé que les grandes chaînes de service public à l'étranger, telles que la Britannique BBC ou l'Allemande ZDF n'avaient pas de publicité.
Les Britanniques payent une redevance de 182 euros par an et les Allemands de 204 euros, soit un niveau nettement supérieur à celui observé en France (116 euros).
A propos de la nomination du président de France Télévisions qui sera désormais décidée par le chef de l'Etat, il a souligné "l'hypocrisie la plus totale" du système actuel, le PDG de France Télévisions étant actuellement élu par le Conseil supérieur de l'audiovisuel.
M. Sarkozy avait annoncé la semaine dernière que la publicité serait supprimée sur les chaînes publiques après 20H00 dès le 1er janvier 2009, avant de disparaître complètement fin 2011. Le manque à gagner des recettes publicitaires sera notamment compensé par une taxe sur les opérateurs de téléphonie mobile et de l'internet.
TV sans pub: Sarkozy pour une amélioration de la qualité des programmes
Nicolas Sarkozy a justifié lundi son projet de suppression de la publicité à la télévision publique par la nécessité de la libérer de la "tyrannie de la publicité" afin d'améliorer la qualité de ses programmes, selon lui trop proches de ceux des chaînes privées.
"J'ai une haute idée du service public" et "je pense qu"on peut faire mieux", a déclaré M. Sarkozy, interrogé sur France 3.
"Je trouve que les programmes de France Télévisions ressemblent encore trop aux programmes d'une chaîne privée", a-t-il ajouté.
"Parce que la publicité a une logique, la tyrannie de l'audience quart d'heure par quart d'heure, la tyrannie de la fameuse ménagère de moins de 50 ans", a-t-il fait valoir.
"Il ne faut pas craindre la réforme, il faut arrêter l'immobilisme, il faut donner aux téléspectateurs français la chance d'un service public de grande qualité", en le dégageant de la "tyrannie de la publicité", a-t-il affirmé.
Le chef de l'Etat a souhaité "un vrai débat sur les missions de service public, le cahier des charges", citant des sujets de programme comme l'"Europe", "la science", "l'environnement" ou "le débat démocratique".
"La télévision devrait être fantastiquement heureuse d'être un sujet de débat, en faisant cela on donne les moyens au service public de son développement", a-t-il affirmé.
"Il y avait beaucoup de tristesse, ou de mal être, ou de crise identitaire dans le service public avant que je ne propose cette réforme", a-t-il assuré.
Immigration: "J'ai un cœur à gauche comme tous les êtres humains"
Le président Nicolas Sarkozy s'est défendu lundi d'être insensible au sort des sans papiers en déclarant qu'il avait "un cœur à gauche comme tous les êtres humains", lors d'un vif échange avec la journaliste d'origine antillaise de la chaîne France 3, Audrey Pulvar.
"Vous, vous le voyez en tant qu'être humain: je suis également un être humain", a déclaré M. Sarkozy. "J'ai un cœur, peut-être pas forcément le même que le vôtre", a-t-il dit. "En tout cas, il est à la même place: à gauche, comme tous les êtres humains".
M. Sarkozy a ajouté : "Il n'y a pas, d'un côté, les êtres humains qui comprennent et, de l'autre côté, les sans cœur". "Je comprends que ce sujet vous touche, il me touche beaucoup aussi, figurez-vous, peut-être plus que vous puisque, moi, j'ai eu à le gérer", a-t-il relevé.
Le président a néanmoins réaffirmé que les étrangers clandestins avaient "vocation à être reconduits" chez eux. "Quand vous trouvez quelqu'un qui n'a pas de papiers, il a vocation à être reconduit chez lui", a-t-il dit. "Il y a une loi", a-t-il fait valoir. "Cette loi, si elle ne plaît pas, il faut la changer. Mais quand elle est là, cette loi, il faut l'appliquer".
"Si nous acceptons tout le monde, on fait exploser le pacte social et européen", a assuré le président. "On fait tout exploser, Madame", a-t-il dit.
L'ancien Premier ministre "Michel Rocard avait eu cette belle phrase: la France, ou l'Europe, ne va accepter toute la misère du monde", a-t-il dit.
"Ceux qui ont un travail, et donc une insertion, on peut parfaitement les régulariser", a conclu M. Sarkozy. "Ceux qui n'ont pas de travail, pas de logement, pas de papiers, c'est un grand malheur", a-t-il dit. "Alors, on va essayer de leur donner la chance du développement dans leur pays".
Immigration : "le oui ou le non d'un pays doit valoir pour les autres"
Le président Sarkozy a estimé à propos de l'immigration que le "oui ou le non d'un pays" de l'Union européenne à une demande d'accueil "doit valoir pour les autres".
Plaidant pour le pacte européen pour l'immigration et l'asile que doit présenter, les 7 et 8 juillet, le ministre de l'Immigration, Brice Hortefeux, le président Sarkozy a déclaré "mettons-nous d'accord sur une politique qui nous protège ensemble. C'est (le sens du) pacte européen pour l'immigration".
Faisant valoir qu'"un réfugié politique peut présenter 27 dossiers dans 27 pays, avoir 26 +non+ et obtenir un +oui+", Nicolas Sarkozy a déclaré: "Je suis désolé, le +non+ d'un pays doit valoir pour les autres. Le +oui+ d'un pays doit valoir pour les autres".
"On ne doit pas non plus pouvoir régulariser globalement et en tout cas, si on le fait, on doit demander l'avis de ses voisins puisqu'en régularisant chez soi, on accueille aussi ceux qui sont dans l'espace Schengen. Il faut une politique d'immigration commune", a-t-il estimé.
Constatant qu'il y a "450 millions de jeunes Africains de moins de 17 ans et que l'Afrique est à 13 km de l'Europe", le président a ajouté: "Il faut que l'on se mette ensemble pour une grande politique de développement".
Le président Sarkozy a également rendu hommage au parlement européen, "un exemple de démocratie" qui "vient de voter une directive demandant aux Etats membres de reconduire dans leur pays d'origine ceux qui n'ont pas de papiers".
"Pourquoi?", a-t-il demandé, "parce que les étrangers ce sont des êtres humains et quand ils viennent, ils ont des droits sociaux. Si nous acceptons tout le monde (...) on fait exploser le pacte social français et européen".
Interrogé sur la situation des sans-papiers en France, Nicolas Sarkozy a déclaré: "Quand on est aux responsabilités, on doit faire son devoir. Croyez bien que j'essaie de le faire avec le maximum d'humanité (...) On ne peut pas donner de papiers à tout le monde".
"En Europe, on s'est mis tous d'accord sur une même politique", a-t-il ajouté à propos du pacte européen pour l'immigration dont le ministre français Brice Hortefeux a assuré le 19 juin qu'il avait reçu l'assentiment de ses partenaires sans mentionner les réticences espagnoles.