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Un Républicain de Guingamp

Site de Philippe LE ROUX, ancien Délégué de la quatrième circonscription des Cotes-d'Armor et Conseiller chargé des grands projets auprès de la Direction de l'UMP

Les algues à la rescousse de la planète

Publié le 30 Juin 2008 par Philippe LE ROUX - Délégué de la Circonsription

Comment produire davantage d'énergie tout en jugulant les émissions de CO2? Certains chercheurs pensent démêler ce casse-tête avec un allié inattendu: de minuscules algues.

Grâce à leurs propriétés naturelles, les microalgues ont de grandes vertus climatiques car elles sont gourmandes en dioxyde de carbone, et énergétiques car elles sont aussi riches en lipides exploitables pour produire du biodiesel.

"C'est certainement l'une des pistes les plus enthousiasmantes et les plus révolutionnaires dans le combat contre le changement climatique et la satisfaction des besoins d'énergie", estime Frederic Hauge, président de l'organisation écologiste norvégienne Bellona, un des avocats du concept.

L'idée consiste à dérouter les fumées d'échappement d'installations polluantes, centrales à charbon ou usines, et à les injecter avec de l'eau dans des "photobioréacteurs", de gros tubes transparents contenant des algues qui se repaissent de gaz suivant le principe de la photosynthèse.

Elle a été testée avec succès par le prestigieux MIT. Après passage dans un bouillon d'algues, les fumées de sa centrale de cogénération sont ressorties purgées, selon l'ensoleillement, de 50 à 82% de leur CO2 et de 85% de leurs oxydes d'azote (NOx), ayant un impact important sur l'effet de serre.

Extraites des tubes, les microalgues peuvent être enfouies ou relâchées dans les fonds sous-marins, piégeant leur CO2 indéfiniment.

Appliquée à des centrales biomasse alimentées par des végétaux cultivés en plein air et nourris du CO2 présent dans l'atmosphère, la méthode aurait un bilan carbone... négatif: elle permettrait de retirer davantage de CO2 que celui dégagé par la culture, le transport et la combustion des végétaux.

Equation insolite, une consommation accrue d'énergie entraînerait donc une diminution des gaz à effet de serre (GES), incriminés dans le réchauffement de la planète.

"En regardant la télévision, en passant l'aspirateur ou en conduisant votre voiture électrique pour aller voir de la famille et des amis, vous aideriez ainsi à supprimer du CO2 de l'atmosphère", souligne Frederic Hauge.

 Plutôt que d'être entreposées, les algues peuvent être pressées pour fabriquer du biodiesel, une alternative intéressante pour le transport aérien par exemple.

Le CO2 contenu dans le biodiesel sera certes relâché dans l'atmosphère mais il aura eu une double utilité énergétique, d'abord dans l'usine puis dans le réacteur de l'avion.

Après pressage, les résidus d'algues peuvent aussi devenir des engrais minéraux.

"On fait d'une pierre trois coups. Les algues servent à la fois à filtrer le CO2 des sites industriels, à produire de l'énergie et à l'agriculture", précise Frederic Hauge.

Par rapport aux biocarburants de première génération, très controversés car rognant sur des cultures vivrières (tournesol, colza, betterave, blé ou maïs), les algues ont le gros avantage de ne pas empiéter sur les terres agricoles et d'être cultivables tout au long de l'année.

Elles ont aussi des rendements supérieurs aux espèces oléagineuses terrestres.

"Pour couvrir les besoins américains de carburants avec du biodiesel extrait de la plante terrestre la plus efficace, l'huile de palme, il faudrait utiliser 48% des terres agricoles du pays", affirmaient récemment des chercheurs du Centre norvégien de recherche sur le climat (Cicero) dans la publication Klima.

"Les Etats-Unis pourraient potentiellement remplacer tous leurs carburants pour automobiles à base de pétrole en cultivant des microalgues sur une superficie équivalant à 5% des espaces agricoles du pays, sur des terres qui, de surcroît, n'auraient pas besoin d'être cultivables", ajoutaient-ils.

Encore largement à l'état de concept, la piste des algues reste à défricher, notamment pour trouver les procédés industriels qui permettront sa réalisation à grande échelle et pour identifier quelles algues, parmi les centaines de milliers d'espèces existant, sont les plus adaptées.