La masse salariale versée par les entreprises du secteur privé, principale source de recettes pour la Sécurité sociale, devrait diminuer en 2009 dans des proportions jamais vues depuis la création de la Sécurité sociale à la Libération.
Au premier trimestre, la masse salariale, sur laquelle les Urssaf prélèvent les cotisations, s'est contractée de 2,2%, au lieu de stagner comme attendu par l'Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss).
La baisse d'un point de pourcentage de la masse salariale équivaut à deux milliards d'euros de recettes perdues par la Sécu.
Cette forte décroissance résulte principalement de la disparition d'emplois salariés, "d'un repli des primes dans certains secteurs, comme la finance, d'une diminution des heures supplémentaires, mais surtout d'une hausse du chômage partiel dans d'autres secteurs comme l'automobile", selon l'Acoss.
L'indemnité de chômage partiel, à la différence du salaire, est exonérée de cotisations patronales (mais pas de la CSG) ce qui fait perdre beaucoup de recettes à la Sécu. Au 1er trimestre, 183.000 personnes ont connu du chômage partiel en raison de la crise.
Dans un document de cadrage économique le 8 juin, le gouvernement retient comme hypothèse pour construire son budget Sécu que la masse salariale reculera de 1,25% en 2009 (-0,5% en 2010).
A ce stade, personne ne peut conclure que l'hypothèse gouvernementale est inatteignable, le 1er trimestre pouvant être un accident de parcours, mais il existe des hypothèses plus pessimistes.
Le premier trimestre est traditionnellement le mois des primes dans certains secteurs. Ces primes pouvant atteindre jusqu'à 25 mois de salaires dans la banque pour le personnel des salles de marchés, dont la masse salariale a plongé de 30%.
Selon les séries statistiques Insee, la masse salariale n'a jamais baissé depuis 1949, à l'exception d'un trimestre pour fait de grève en 1968.
Il est vrai que pendant une longue période, l'inflation était telle que les salaires augmentaient fortement d'année en année, relativisent des experts.
Cependant, l'année de la récession de 1993, plus proche de nous, la masse salariale n'avait pas baissé mais seulement stagné à zéro.
Fin 2007, le rythme annuel d'évolution de la masse salariale atteignait encore +4,5%. Il avait ralenti au fil de l'année 2008 (+2,7%).