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Un Républicain de Guingamp

Site de Philippe LE ROUX, ancien Délégué de la quatrième circonscription des Cotes-d'Armor et Conseiller chargé des grands projets auprès de la Direction de l'UMP

Troupes en Ukraine : «L’Europe a négligé de développer les moyens d'assurer sa défense et celle de ses alliés»

Publié le 20 Mars 2024 par Alexis Carré, in Le Figaro dans Edito

Tribune - Pour Alexis Carré, chercheur postdoctoral à l'université de Harvard, la paix en Europe restera une illusion temporaire et fragile tant que nous laisserons à nos adversaires le luxe de douter que nous sommes capables de répondre par la violence.

En n'excluant pas l'envoi de troupes françaises en Ukraine, Emmanuel Macron a choqué ses partenaires et les réactions à ses propos nous éclairent une fois de plus, s'il était besoin, sur les fractures qui traversent l'Union européenne et notre société à propos de l'état du monde et du rôle que les Européens doivent y tenir. La situation d'impréparation actuelle est à n'en pas douter la responsabilité de tous et la France y tient sa part autant par ses erreurs que par sa continuelle faiblesse ces vingt dernières années. Elle est même d'autant plus coupable que, ayant malgré tout eu raison sur un certain nombre de sujets cruciaux, elle n'est jamais parvenue à convaincre et rassembler derrière elle une coalition suffisamment stable et puissante en vue d'inverser une trajectoire politique dont l'Europe entière paie aujourd'hui le prix.

Il est aussi important de souligner que cette impréparation collective, autant matérielle que morale, ne concerne pas seulement les classes dirigeantes européennes mais nos sociétés dans leur ensemble, et ne concerne pas seulement les questions militaires mais bien la nature et les buts de notre existence collective. Le symptôme extérieur est certes ce qui nous frappe le plus : nos États ont négligé de développer les moyens d'assurer notre défense et celle de nos alliés, à tel point qu'il est aujourd'hui impossible à la plupart des pays de l'UE de mobiliser toutes les fonctions nécessaires aux opérations d'une armée moderne dans le cadre d'un conflit majeur. Mais derrière ce symptôme, qu'on ne saurait expliquer par la seule imprudence des gouvernements, cette impéritie trouve sa véritable source dans l'abandon des sociétés européennes elles-mêmes qui, incertaines et divisées sur les buts de leur action collective, se sont consolées de leur propre désarroi pratique – «Que faire de nous-mêmes ?» – dans l'espoir illusoire que le monde leur dicterait désormais la loi de leur action.

En s'intégrant à l'organisation internationale du travail par l'amélioration de leur compétitivité, en acceptant de lever les barrières à l'échange, en respectant les normes diverses produites par l’UE, les Européens estimaient satisfaire à tout ce que pouvait exiger d'eux l'avenir de leur existence collective. Le «laisser faire, laisser passer» du libéralisme économique devint la couverture et l'excuse, la face heureuse, d'un triste laisser-aller politique dont nous peinons à nous relever. En promouvant les droits de l'homme et en luttant contre le changement climatique, nous n'échappions pas davantage à ce même abandon. Car ces règles qui nous gouvernent, économiques dans un cas, et humanitaires dans l'autre, avaient en commun de n'avoir de sens que si nous les supposions partagées par le reste du monde. Elles nous donnaient en somme l'impression que nous voulions tous la même chose, ou que ce que nous voulions tous était, à la toute fin, plus important que les sujets qui nous divisent. Comme ces problèmes globaux exigeaient un traitement global, il ne pouvait exister de solution à ces derniers qui n'exige la libre coopération de tous en vue de ces mêmes fins.

C'est parce qu'il avait bien compris l’illusion européenne que Vladimir Poutine put partir du principe que nous ne répondrions pas par la violence à son agression aux portes de l'Europe.

Ces buts vagues et distants auxquels nous abandonnions le soin de déterminer notre existence collective s'identifiant désormais à ceux d'une humanité unanime, il nous paraissait inconcevable que nos désaccords puissent amener à la confrontation violente de volontés incompatibles. Divisés à la rigueur par des querelles de méthode, de rythme et de moyens, nos conflits devaient naturellement se résoudre, non pas par la violence ou la menace de celle-ci, mais par toujours davantage de discussion, de travail et d'échange, autrement dit par cela même qui réglait déjà notre mouvement. La disparition des malentendus par la discussion, de la pénurie, par la technologie, et des iniquités, par l'adoption de règles communes, devait inévitablement aboutir à la coopération mutuellement bénéfique de tous les hommes.

On peut le dire aujourd'hui, ce monde n'exista jamais, en dehors de l'imagination des économistes et de certaines couches sociales, que dans l'esprit et le cœur des Européens. Et il est vain de chercher à comprendre comment ces derniers purent cesser de posséder les moyens de se battre sans partir cette illusion qui leur ôta jusqu'à l'idée même qu'une telle chose fut possible, souhaitable ou nécessaire. C'est parce qu'il avait bien compris cela que Vladimir Poutine put partir du principe que nous ne répondrions pas par la violence à son agression aux portes de l'Europe. C'est aussi parce qu'ils l'ont bien compris que de nombreux autres ont fait à nos dépens de cette aspiration un instrument de leur propre volonté.

L'Allemagne fut, pour son malheur et le nôtre, la plus complète victime de cette illusion. Plus qu'aucun autre pays s'exerça sur elle la séduction de la règle du monde car celle-ci lui garantissait en Europe la place prépondérante dont deux guerres traumatisantes l'avaient frustrée. Ses succès économiques dépendant de l'accès à l'énergie russe et au marché chinois, elle ne pouvait admettre que cette dépendance, parfaitement anodine considérée du point de vue du marché, put constituer un instrument politique contre elle et contre l'Europe, sans du même coup remettre en cause les éléments essentiels d'une prospérité qui depuis vingt ans faisait son honneur et fondait son autorité au sein de l'UE. C'est ainsi que le pays le plus puissant d'Europe fut le moins disposé et le moins équipé pour faire face à la menace qui pesait et pèse encore sur notre continent.

Il est à vrai dire impossible de connaître l'issue de tout ceci à l'avance, car tout dépendra d'efforts considérables, et peut-être insurmontables, qui restent entièrement à mener et dont beaucoup, par cécité, par intérêt, ou par facilité, nient encore le bienfondé.

Si nous tournons maintenant notre attention sur la France, les propos du président sont d'autant plus étonnants qu'ils entrent en contradiction avec la nature du mouvement dont il incarne l'autorité au sein de notre société. Les couches sociales qui ont porté Emmanuel Macron au pouvoir demeurent en effet les plus rétives à remettre en cause les illusions de la mondialisation heureuse. Car c'est précisément au nom de ces critères que les élites éduquées et compétitives revendiquent leur place dans la société, et c'est d'elle aussi que les retraités attendent la paix et la tranquillité indispensables à la stabilité de leurs pensions qui fut, on l'a compris, la priorité de ce quinquennat.

Or, pour la première fois peut-être depuis son arrivée au pouvoir, le président s'élève, espérons-le pour de bon, contre les préjugés de ses homologues, ceux de ses électeurs et contre les habitudes de son parti. Jusqu'à maintenant, l'argument de vente de LREM consistait en effet à mettre au service de la politique les compétences qui avaient fait le succès supposé de ses cadres dans une société civile intégrée à l'économie mondialisée. En présentant aux Français la situation qui est la leur et celle des autres européens, les conséquences qu'aurait une victoire russe et les responsabilités très directes qu'implique la nécessité de l'éviter, Emmanuel Macron manifeste que cette société civile reste aveugle aussi longtemps qu'elle ne s'envisage pas comme un corps politique qui trouve dans sa propre volonté le principe de son action : autrement dit comme une nation. Pour ces raisons, s'il faut évidemment saluer les propos du président, il est donc permis d'attendre que les actes suivent avant de nous réjouir.

Emmanuel Macron saura-t-il changer la nature du mouvement qui l'a porté au pouvoir sans en perdre le contrôle ? Saura-t-il engager avec l'Allemagne le bras de fer sans lequel tout donne à penser que l'Europe des vingt prochaines années tentera en vain d'être la même que celle des vingt dernières, à l'image de ces organismes séniles qui s'enferment dans une répétition aveugle au monde et aux circonstances ? Ce sont là les questions que soulèvent ses déclarations sans que l'histoire de ses deux quinquennats y apporte de réponse claire. Il est à vrai dire impossible de connaître l'issue de tout ceci à l'avance, car tout dépendra d'efforts considérables, et peut-être insurmontables, qui restent entièrement à mener et dont beaucoup, par cécité, par intérêt, ou par facilité, nient encore le bien-fondé. Ce que nous savons, c'est que si rien n'est fait, alors tout porte à croire que la France et l'Europe continueront ce lent décrochage qui les laissera bientôt à la merci de leurs adversaires comme de leurs alliés. Le président a-t-il compris l'ampleur de l'alternative qui s'offre à travers lui à tous les Français ? Il ne tient qu'à lui de nous le montrer.

En attendant, ayons l'honnêteté d'admettre que la paix en Europe restera une illusion temporaire et fragile tant que nous laisserons à nos adversaires le luxe de douter que nous sommes capables et résolus à leur faire subir les conséquences des actions que nous nous sommes jusqu'à maintenant contentés de désapprouver. Car il n'est plus permis aujourd'hui d'ignorer que, faute d'agir et d'avoir confiance dans le jugement qui motive notre action, ce n'est pas à une mondialisation spontanément conforme à notre altruisme et à notre intérêt que nous laissons place, mais à une violence qui se nourrit au contraire de la garantie que nous lui donnons que nos paroles restent des lettres mortes.

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Franck Riester : «La Francophonie est une source d’opportunités et de fierté»

Publié le 20 Mars 2024 par Franck Riester in Le Figaro dans International

Tibune - Le 20 mars est la journée internationale de la Francophonie. Alors que la France accueillera en octobre le XIXe sommet, Franck Riester, ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l'Attractivité, de la Francophonie et des Français de l'étranger, loue la force de notre langue et de ceux qui la font rayonner.

Franck Riester est ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l'Attractivité, de la Francophonie et des Français de l'étranger.

Franck Riester est ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l'Attractivité, de la Francophonie et des Français de l'étranger.

La France accueillera en octobre prochain le sommet de la Francophonie, une première depuis 1991. La Journée internationale de la Francophonie m'offre l'occasion de rappeler une évidence : la francophonie est une chance pour la France et une chance pour les pays francophones.

La francophonie est d'abord un espace au sein duquel la langue française constitue un formidable atout pour les échanges.

L'espace francophone est déjà le lieu de nombreux échanges culturels, artistiques ou scientifiques majeurs, mais la réalité des projets qu'il favorise doit devenir plus visible encore. Des scientifiques, comme le chimiste Moungi Bawendi ou la biologiste Margaret Buckingham, des artistes, tels Delphine Diallo, Angélique Kidjo ou Adama Diop, peuvent être les voix de ces dialogues inter-pays.

En matière économique, l'espace francophone produit 16% du PIB mondial et affiche une croissance de 7%. Cela sera bien plus demain car les marchés francophones sont en pleine croissance démographique et en pleine expansion économique ! Des pionnières de l'entreprenariat francophone, comme Nelly Chatue Diop, présidente de Ejara, ou Florence Bassono, fondatrice de Faso Atiéké, en sont de véritables exemples. Le ministre chargé du commerce extérieur et de l'attractivité que je suis encourage vivement les entreprises françaises qui souhaiteraient se lancer ou se renforcer à l'export à considérer l'absence de barrière linguistique comme un moyen d'investir ces marchés. Pouvoir exporter, contracter, travailler, négocier en français, c'est une chance que toutes nos PME et ETI doivent saisir, de même que nos startups notamment dans les secteurs les plus innovants comme l'intelligence artificielle.

Parler français peut être une source non seulement d'opportunités, mais aussi de fierté : la marque d'une force, d'une différence, d'une capacité à cultiver la diversité linguistique dans le monde d'aujourd'hui.

Le XIXe sommet de la Francophonie, en octobre prochain, sera l'occasion de réaffirmer pour la France et ses 87 partenaires au sein de l'Organisation internationale de la Francophonie, l'ambition portée pour la langue que nous partageons.

Promouvoir la langue française est d'abord un enjeu de taille pour la France. Notre pays s'est doté en 2018 d'une stratégie internationale pour la langue française et le plurilinguisme, présentée par le président de la République, avec trois priorités : apprendre en français, communiquer en français et créer en français. Cette stratégie se déploie en France mais aussi dans le monde, à travers notre réseau d'enseignement français à l'étranger, fort de 580 établissements, mais aussi nos Instituts français et nos Alliances françaises. Ce réseau éducatif et culturel, le plus dense au monde, est le terreau de nombreux projets de coopération culturelle, universitaire et scientifique, toujours plus ambitieux. Je pense en particulier au dialogue que nous menons avec le Québec pour faire de l'intelligence artificielle un outil au service de la découvrabilité des contenus culturels et scientifiques en français, en lien avec les propositions du dernier Rapport au Parlement présenté par la Délégation générale à la langue française.

Mais cette mise en valeur du français est aussi au cœur de la mission de l'OIF. Le XIXe sommet aura pour thème «créer, innover et entreprendre en français». Pays hôte, la France doit faire de cet événement un moment diplomatique, au service des liens humains, économiques et culturels entre États membres de l'OIF. Car la langue française a vocation à occuper une place de choix, dans le monde qui se dessine : 321 millions de personnes parlent français aujourd'hui, 55 millions de personnes l'apprennent à travers le monde. Nous serons 750 millions de locuteurs francophones en 2070.

La francophonie est riche de ceux qui l'ont fait naître et la font rayonner chaque jour : créateurs, auteurs, artistes.

Le Festival de la Francophonie «Refaire le monde», qui démarre ce mois-ci et s'achèvera lors du sommet en octobre, vise à célébrer une francophonie jeune, vivante, ouverte au monde, incarnée par des personnalités inspirantes de tous les continents ; une francophonie, en somme, vectrice de création, d'innovation, de coopération et de solutions face aux enjeux globaux. Il donnera lieu à une centaine d'événements, en France et dans le monde, liant plus de 400 partenaires dans 40 pays. Je vous invite tous, Français qui résidez en France ou à l'étranger, diasporas francophones présentes en France et à travers le monde, à participer à ces manifestations et à vous investir dans la vie de ce Festival.

Avec ce Festival, nous donnerons à voir l'état d'esprit avec lequel la langue française se projette dans l'avenir. Nous mettrons à l'honneur les littératures qu'elle a su engendrer, des Caraïbes à l'Afrique du Nord, de l'Hexagone au Québec, et partout à travers l'Europe, celles d'Éric Chacour, d'Andrée Chedid ou de Mohamed Mbougar Sarr, qui incarnent une langue venue de toutes parts. Nous célébrerons les artistes d'aujourd'hui. Nous ferons, surtout, rayonner une langue qui est, au fil du temps, devenue la langue de l'universel.

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Transidentité : des sénateurs préconisent d’interdire les bloqueurs de puberté aux mineurs

Publié le 19 Mars 2024 par La Croix (avec AFP) dans Edito

Dans un rapport sur la « transidentification des mineurs », des sénateurs LR proposent d’interdire les bloqueurs de puberté aux mineurs. Ils se prononcent également contre l’administration d’hormones croisées ou les opérations de chirurgie de réassignation sexuelle avant 18 ans.

Dans un rapport sur la « transidentification des mineurs », dévoilé mardi 19 mars, des sénateurs LR préconisent d’interdire l’administration de bloqueurs de puberté aux mineurs à qui l’on diagnostique une « dysphorie de genre », c’est-à-dire une souffrance liée à l’inadéquation entre le genre ressenti et celui de naissance. Ils recommandent également d’interdire avant 18 ans la prescription et l’administration d’hormones croisées ou la chirurgie de réassignation sexuelle.

« Avant 18 ans, le consentement n’est pas le même qu’à l’âge adulte, et les enfants risquent de prendre des décisions parfois irréversibles, que certains regrettent plus tard », a déclaré au Figaro la sénatrice (LR) Jacqueline Eustache-Brinio, qui a mené ce groupe de travail.

Des mises en garde ailleurs en Europe

Les rapporteurs estiment que les études scientifiques manquent concernant les effets secondaires générés par les traitements proposés aux adolescents ou leur réversibilité.

« Dans cinq pays européens, la Finlande, la Suède, la Norvège, le Danemark et le Royaume-Uni, des médecins spécialisés dans le domaine de la transidentité chez les mineurs ont tiré la sonnette d’alarme au vu des résultats cliniques des traitements prodigués », écrivent-ils dans le rapport.

Les mineurs doivent être évalués et diagnostiqués par des équipes pédopsychiatriques, estiment les sénateurs, qui ont auditionné 67 personnes (professionnels de santé, éducateurs, responsables associatifs, enfants, parents…). En présence de troubles psychopathologiques ou neurodéveloppementaux, une prise en charge psychiatrique ou psychothérapeutique devrait être proposée en « première intention », estiment-ils.

Parmi leurs quinze préconisations, ils demandent aussi de revenir sur la circulaire Blanquer de 2021 destinée à mieux accompagner les élèves transgenres à l’école, estimant qu’elle met en cause les principes de neutralité de l’institution scolaire.

Vers une proposition de loi

Le groupe LR du Sénat a fait part de son intention de déposer une proposition de loi reprenant ses préconisations.

Le système public de santé en Angleterre a annoncé la semaine dernière qu’il ne prescrirait plus de bloqueurs de puberté aux mineurs qui souhaitent changer de genre, en dehors d’essais cliniques.

Il n’existe pas de données nationales fiables sur les demandes de transition chez les mineurs. Des signes concordants montrent néanmoins qu’elles ont cru ces dernières années dans beaucoup de pays développés. Dans un document publié en septembre 2022, la Haute Autorité de santé relevait aussi « des preuves d’une augmentation de la fréquence de consultation des adolescents » pour des prises en charge « ces dernières années ».

De ce travail est issu un rapport qui formule 16 préconisations pour protéger ces mineurs particulièrement vulnérables. Celles-ci portent, d’une part, sur les domaines scientifique et médical et, d’autre part, sur les domaines scolaire et administratif

pour accéder à la synthèse des préconisations : https://lesrepublicains-senat.fr/la-transidentification-des-mineurs/

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Pourquoi Ursula von der Leyen cristallise-t-elle autant de rejet chez les eurosceptiques ?

Publié le 24 Février 2024 par Emilie Jehanno - 20 Minutes dans International

Alors qu’elle a annoncé sa candidature pour un deuxième mandat à la tête de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a été accusée de nombreux maux sur les réseaux sociaux

L'essentiel

L’annonce de la candidature d’Ursula von der Leyen à un deuxième mandat à la tête de la Commission européenne et ses propos lors d'une conférence sur la sécurité ont suscité des affirmations fausses ou manquant de contexte chez les eurosceptiques.

Souvent accusé d’illégitimité, le poste de président de la Commission européenne relève pourtant d’une procédure démocratique, mais celle-ci est « complexe », note l’historien Laurent Warlouzet.

La présidence d’Ursula von der Leyen, plus politique, a aussi davantage polarisé, estime la politologue Nathalie Brack.

Pourquoi Ursula von der Leyen cristallise-t-elle autant de rejet chez les eurosceptiques ?

Ursula von der Leyen, c’est un peu la grande méchante des eurosceptiques et des partisans de théories conspirationnistes. La présidente de la Commission européenne a annoncé le 19 février qu’elle candidatait à un deuxième mandat. Pendant la Conférence internationale de la sécurité de Munich, qui a eu lieu du 17 au 19 février, elle s’est exprimée sur la construction d’une Europe de la défense, ce qui n’a pas manqué de susciter des affirmations fausses ou manquant de contexte.

Une séquence en particulier a déclenché l’ire des eurosceptiques. Un extrait d’une table ronde sur la construction de l’Europe de la défense le 17 février, portant sur la guerre en Ukraine et ses conséquences, est devenu viral (visible ici, à partir de 29 minutes). « Poutine ne s’arrêtera pas, déclare Ursula von der Leyen. Nous devons l’arrêter. Il a une approche plus globale de déstabilisation et de destruction des démocraties […]. Une étape importante dans l’intégration de l’Ukraine dans l’UE, c’est que nous avons compris qu’il ne peut plus y avoir de zones grises, soit vous êtes avec Poutine, soit vous êtes avec les démocraties. »

Pour Florian Philippot, président du parti souverainiste et eurosceptique Les Patriotes, cette déclaration revient à « un discours de guerre », où von der Leyen « se prend pour une cheffe des armées, prête à nous traîner vers la guerre totale, alors qu’elle n’a aucune légitimité ». D’autres la voient en « dirigeante autoproclamée du monde jamais élu », ou encore un modéré « c’est Hitler ». Pourquoi suscite-t-elle tant de rejet ? Laurent Warlouzet, professeur d’histoire européenne à Sorbonne-Université, et Nathalie Brack, politologue au centre d’études européennes de l’Université libre de Bruxelles, apportent leur éclairage.

Le sujet brûlant de l’Europe de la défense

Le projet d’Europe de la défense n’est pas une lubie d’Ursula von der Leyen. Il était déjà dans les cartons des pères fondateurs de la Communauté économique européenne après la Seconde Guerre mondiale, mais n’a jamais pris forme en raison de résistances fortes, car le sujet touche à la souveraineté nationale et aux compétences régaliennes. L’invasion russe de l’Ukraine en février 2022 a relancé le débat. C’est dans ce cadre que l’ancienne ministre allemande, membre du parti de droite CDU et du PPE au niveau européen, propose de créer, si elle est réélue, un poste de commissaire européen à la défense.

« Il n’y a pas un dessein d’entraîner l’Europe dans une guerre totale », analyse la politologue Nathalie Brack, qui remet en contexte ces déclarations. Elles arrivent à un moment de réflexion sur la défense européenne. Des questions se posent sur un retour possible de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis et sur un retrait du soutien américain à l'égard de Kiev, voire à l'égard des autres pays de l’Otan. « Dans le contexte actuel, la Commission, et donc sa présidente, a tendance à prendre une posture intégrationniste, à être en faveur de davantage d’Europe de la défense », souligne la politologue.

« Un commissaire à lui tout seul n’aura pas la compétence de décider que l’Europe entre en guerre, estime-t-elle. Ce n’est pas dans le fonctionnement des institutions européennes et les Etats restent très présents dans les politiques comme la défense. » Ce commissaire pourrait apporter plus de coordination, davantage d’intégration.

Un président de la Commission « illégitime » ? Non, une procédure démocratique complexe

A chaque prise de parole ou décision de la présidente de la Commission européenne, la question de sa légitimité revient. Pourtant, sa nomination relève d’une procédure démocratique, toutefois « complexe », note l’historien Laurent Warlouzet, auteur de Europe contre Europe, « ce qui affecte sa légitimité ». « La Commission, c’est un peu l’organe européen par excellence qui symbolise le transfert de compétences à l’échelle supranationale, ce qui, selon les eurosceptiques nationalistes, donne une partie de la souveraineté nationale », explique aussi Nathalie Brack.

Si les présidents français ou allemand sont choisis par une élection nationale, Ursula von der Leyen a été « désignée à l’issue de 28 élections différentes, les 27 élections nationales qui ont désigné les gouvernements, et les élections européennes de 2019 qui ont élu le Parlement européen », détaille Laurent Warlouzet. Et la présidence de la Commission doit refléter l’équilibre politique issu de ce dernier scrutin.

En 2019, la nomination de la première femme à ce poste a d’abord été proposée par les chefs d’Etats. Il a ensuite fallu gagner le vote de confiance du Parlement européen, obtenu d’une courte majorité grâce à une alliance des conservateurs majoritaires du PPE, des sociaux-démocrates du S & D et des centristes de Renew. « Mais la puissance de la Commission ne doit pas être exagérée, souligne le professeur d’histoire européenne. Elle n’est pas un gouvernement européen : elle n’a ni armée, ni police, ni justice pénale, ni Sécurité sociale. »

Une présidence plus politique et qui polarise

La présidence d’Ursula von der Leyen aura été marquée par son ton : elle a voulu donner un visage à l’Europe, en se positionnant sur une série de dossiers comme la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine ou le Pacte vert. « Forcément, elle attire plus de critiques qu’un président qui était moins visible, plus technocratique, comme Barroso, estime la politologue Nathalie Brack. Plus vous politisez, plus vous polarisez. Et la polarisation entraîne un camp négatif. »

C’est le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, cible d’attaques sur son alcoolisme supposé, qui a essayé de politiser la présidence de la Commission lors de son passage entre 2014 et 2019. « En tant que seul Spitzenkandidat élu [candidat tête de liste d’un parti aux élections], Jean-Claude Juncker a peut-être moins fait de vagues qu’Ursula von der Leyen, relève Nathalie Brack. Elle a été nommée suite à un autre processus et, dans son vote d’investiture, il y avait moins de consensus autour de sa personne. Mais elle a essayé de continuer sur la voie de Jean-Claude Juncker. »

Pour Laurent Warlouzet, l’Allemande est aussi détestée par une extrême droite française russophile et hostile à l’écologie. La dirigeante « ambitieuse » a renforcé la Commission lors des crises et est « logiquement la cible des souverainistes », pointe-t-il. Il donne en exemple le cas de Viktor Orban en Hongrie, qui a ciblé Juncker, puis von der Leyen, « avec des discours complotistes, flirtant avec l’antisémitisme, en attaquant en même temps le milliardaire hongrois George Soros ».

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Guerre en Ukraine : Un baromètre Ipsos sur le soutien des Français à Kiev ciblé par la désinformation

Publié le 20 Février 2024 par Emilie Jehanno - 20 Minutes dans International

Un baromètre Ipsos-La Tribune sur les principales préoccupations des Français, publié le 17 février, a été lu de manière partielle sur les réseaux sociaux

L'essentiel

Sur Twitter-X, des posts viraux reprennent un baromètre Ipsos-La Tribune, publié le 17 février, mais en donnent une vision partielle.

Une majorité de Français souhaitent maintenir ou augmenter l’aide de Paris à l’Ukraine, contrairement à ce qui est avancé sur les réseaux sociaux.

« Il y a une érosion du soutien à l’Ukraine, note Pierre Latrille, le chef de groupe du département opinions, mais ce soutien reste majoritaire. Il faut quand même évoquer les deux enseignements pour avoir une vision complète des résultats de cette enquête. »

Guerre en Ukraine : Un baromètre Ipsos sur le soutien des Français à Kiev ciblé par la désinformation

Une vision fragmentaire sur le soutien des Français à l’aide à l’Ukraine.

Sur les réseaux sociaux, le baromètre Ipsos-La Tribune sur les principales préoccupations des Français, publié le 17 février dernier, a été lu de manière partielle.

Florian Philippot, des Patriotes, a ainsi estimé sur X, dans un post viral, que « pour la première fois il y a plus de Français qui veulent qu’on réduise notre soutien que de Français qui veulent qu’on l’augmente », sans prendre en compte le pourcentage de ceux qui veulent maintenir cette aide.

Il conclut aussi que « l’opinion a basculé » au sujet de l’augmentation des sanctions contre la Russie (28 % pour contre 41 % en juin 2023) ou de la réduction de la livraison d’armes à l’Ukraine (38 % en faveur contre 28 % en juin 2023), encore une fois en communiquant des chiffres incomplets.

D’autres posts affirment que « les Français refusent majoritairement d’augmenter le soutien de la France à l’Ukraine », ce qui n’est pas la conclusion de ce baromètre.

Dans la même veine, le média en 4-4-2, un site qui relaie des thèses conspirationnistes, aurait « prouvé » que ce sondage serait une « manipulation », en raison de ce qui est présenté comme un biais : il n’est pas proposé d’arrêter l’aide à l’Ukraine dans le choix des réponses.

FAKE OFF

Pour Pierre Latrille, chef de groupe au sein du département opinions d’Ipsos, ceci n’est pas constitutif d’un biais. « C’est un choix effectivement, mais qui s’explique par le fait que l’arrêt du soutien n’est pas quelque chose d’abordé par les pouvoirs publics français, explique-t-il. Et si des personnes pensent qu’il faut arrêter complètement le soutien à l’Ukraine, elles peuvent répondre qu’il faut le réduire. »

Ce baromètre a deux enseignements principaux concernant la guerre en Ukraine. « Le premier, c’est qu’il y a toujours un soutien français à l’Ukraine, relève Pierre Latrille. Sur tous les aspects, on a une majorité assez claire qui dit qu’il faut soit maintenir le soutien français, soit l’augmenter. C’est là où on ne peut pas dire que les Français lâchent l’idée du soutien à l’Ukraine. Ce qui est dit sur les réseaux sociaux masque la moitié de l’enseignement. »

Une majorité de Français souhaitent maintenir ou augmenter l’aide

Dans le détail, une majorité de Français souhaitent maintenir ou augmenter l’aide de Paris à l’Ukraine, contrairement à ce qui est avancé sur X. La livraison à Kiev de matériel humanitaire (médicaments, nourriture…) doit être maintenue (44 % des sondés) ou augmentée (32 %), selon cette enquête d’opinion réalisée du 13 au 15 février auprès d’un échantillon représentatif de 1.000 personnes, âgées de 18 ans et plus, résidant en France métropolitaine. Ce soutien majoritaire étant l’information principale, cela explique que les médias ont titré sur cet aspect, sans éluder le deuxième enseignement du sondage.

« En revanche, ce qui est vrai, précise Pierre Latrille, c’est qu’on a une baisse assez importante de la part des Français sur deux aspects : une hausse de la part de ceux qui veulent qu’on réduise ce soutien et une baisse de ceux qui veulent l’augmenter. » Par exemple, les partisans de l’aide militaire française sont en recul de 10 points par rapport à juin 2023. La livraison d’armes françaises à l’Ukraine devrait se poursuivre pour 41 % des sondés ou augmenter (21 %), mais ce point recueille 38 % d’avis défavorables, contre 28 % en juin 2023.

« Il y a une érosion du soutien à l’Ukraine »

Le sondage de juin 2023 pour Le Monde, qui sert de point de comparaison, était le premier réalisé par Ipsos à s’intéresser à la question de l’opinion sur le soutien apporté par la France à l’Ukraine, nous précise l’institut de sondage. L’opinion publique approuve par ailleurs en majorité (70 %) les sanctions économiques imposées à la Russie à la suite de l’invasion de l’Ukraine, contre 30 % qui estiment qu’il faudrait les réduire. Là aussi, le sondage relève une augmentation de 9 points de ceux qui veulent réduire ces sanctions.

« Il y a une érosion du soutien à l’Ukraine, note le chef de groupe du département opinions, mais ce soutien reste majoritaire. Il faut évoquer les deux enseignements pour avoir une vision complète des résultats de cette enquête. » Cette érosion n’est pas propre à un parti politique, souligne-t-il. Elle se retrouve chez les sympathisants de tous bords, bien que les sympathisants RN soient ceux qui soutiennent le moins l’aide à l’Ukraine. En juin 2023, 46 % des sympathisants de la majorité présidentielle étaient en faveur d’une augmentation des livraisons d’armes, et ce chiffre est tombé à 38 % en janvier 2024.

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La Flèche de Notre-Dame de Paris et son coq enfin libérés de leur échafaudage

Publié le 16 Février 2024 par Philippe LE ROUX - ancien Délégué de la Circonscription

L’échafaudage autour de la flèche de Notre-Dame est progressivement démonté, cinq ans après l’incendie qui a ravagé l’édifice. Les passants peuvent désormais admirer le coq de la cathédrale.

Le démontage de l’échafaudage autour de la flèche de Notre-Dame de Paris a débuté en ce début du mois de février 2024 et déjà le coq de la cathédrale s’offre fièrement aux passants. Une première étape encourageante avant l’objectif final de sa mise à nu complète pour les Jeux olympiques de Paris, dont la cérémonie d’ouverture se tiendra le vendredi 26 juillet.

« L'échafaudage, d’un poids de 600 tonnes et composé de 70 000 pièces métalliques, culminait à 100 mètres de hauteur, selon les responsables de l’édifice. Il comprenait 48 niveaux, étroitement imbriqués avec la charpente et a permis le remontage de la flèche sans gêner l’assemblage de toutes les pièces en chêne massif de la charpente, suivie de la pose de la couverture en plomb. »

La réouverture de la cathédrale reste, elle, prévue le 8 décembre.

L’aiguille de la flèche a été reconstruite à l’identique de celle conçue au XIXe siècle par l’architecte Eugène Viollet-le-Duc, chef-d’œuvre en bois de chêne massif recouvert d’une toiture en plomb, surmontée par la couronne, la croix et le coq.

La célèbre flèche s’était effondrée, avec d’autres parties de la cathédrale, le 15 avril 2019, dans un impressionnant incendie dont les images avaient été diffusées en direct, suscitant une émotion planétaire.

Les investigations judiciaires sur l’origine du sinistre se poursuivent. Au terme de l’enquête préliminaire, la piste accidentelle était privilégiée.

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Des écoles privées catholiques dans le viseur du nouveau plan local d'urbanisme de la mairie de Paris

Publié le 16 Février 2024 par Philippe LE ROUX - ancien Délégué de la Circonscription dans Le reniement - c'est maintenant !

Une décision incompréhensible. Pour multiplier les logements sociaux à Paris, la mairie cible plusieurs bâtiments de surface importante. Le but est de conditionner chaque projet d'extension de ces bâtiments à des objectifs de construction de logements sociaux. Mais le problème est que certaines adresses sont des établissements scolaires privés catholiques, qui accueillent des élèves.

Sept établissements scolaires concernés par la mesure

Pour les lieux en question, ils sont tombés des nues en apprenant la nouvelle. Sept établissements scolaires sont dans le viseur de la mairie de Paris : un collège dans le 4e arrondissement, une école et un collège dans le 12e, et quatre lycées, dont Saint-Michel de Picpus à l'Est et Saint-Michel des Batignolles dans le Nord. Concrètement, si l'un de ses établissements doit réaliser des travaux d'extension, ce qui arrive régulièrement pour s'adapter aux normes, il devra convertir entre 30 et 100% de cette nouvelle surface en logement social.

Il s'agit du scénario qui se profile si jamais le projet de plan local d'urbanisme entre en vigueur. C'est une mesure évidemment incompatible avec l'accueil des élèves, selon les principaux concernés. Mais se priver de rénovation, pour une école, cela deviendrait très problématique. L'enseignement catholique de Paris espère faire entendre sa voix pour faire annuler toutes ces contraintes en participant à une enquête publique de la mairie de Paris, qui se terminera le 29 février prochain. 

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Accusation de viol contre Gérald Darmanin : la Cour de cassation valide le non-lieu

Publié le 14 Février 2024 par Le Monde avec AFP

La décision de la plus haute juridiction française confirme le non-lieu décidé en faveur du ministre de l’intérieur, et clôt le volet judiciaire de cette affaire.

Accusation de viol contre Gérald Darmanin : la Cour de cassation valide le non-lieu

Il est désormais mis définitivement hors de cause par la justice française dans cette affaire. La Cour de cassation a rejeté, mercredi 14 février, le pourvoi formé par Sophie Patterson-Spatz contre Gérald Darmanin, qu’elle accuse de viol, confirmant le non-lieu qui avait été décidé par une juge d’instruction dans cette affaire en juillet 2022.

Lors de l’audience non publique devant la plus haute juridiction judiciaire, le rapporteur comme l’avocat général avaient conclu au rejet du recours de la plaignante. La plaignante avait saisi la Cour de cassation dans l’espoir que celle-ci ordonne une nouvelle audience à la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris pour examiner le non-lieu rendu en juillet 2022 en faveur de Gérald Darmanin.

« Cette décision marque le point final d’une procédure qui dure depuis sept ans pour des faits qui remonteraient prétendument à près de quinze ans », ont réagi dans un communiqué les avocats de M. Darmanin, Mathias Chichportich et Pierre-Olivier Sur. « Pour la sixième fois, la justice affirme qu’aucun acte répréhensible ne peut être reproché à M. Gérald Darmanin », ont-ils ajouté.

L’avocate de la plaignante, Elodie Tuaillon-Hibon, avait déclaré à l’Agence France-Presse avant l’audience que « Mme Patterson attend[ait] de notre plus haute juridiction que la question du consentement soit enfin traitée comme une question de droit, et non simplement comme une question “de fait” ».

Pas de mise en examen et de procès

Sophie Patterson-Spatz, 52 ans, accuse depuis le printemps 2017 M. Darmanin de l’avoir violée en 2009. A l’époque, elle s’était adressée à lui en tant que chargée de mission au service des affaires juridiques de l’UMP (devenu depuis Les Républicains), pour obtenir un appui dans la révision d’une condamnation en 2005 pour chantage et appels malveillants à l’égard d’un ancien compagnon.

Selon elle, M. Darmanin lui avait fait miroiter lors d’une soirée à Paris son possible appui via un courrier à la chancellerie, et avait demandé en échange une relation sexuelle. Tous deux reconnaissent avoir eu un rapport sexuel. Mais Sophie Patterson-Spatz estime avoir été contrainte de « passer à la casserole » quand M. Darmanin, alors âgé de 26 ans, lui aurait dit : « Vous aussi, il va falloir m’aider ». Pour Mme Tuaillon-Hibon, il s’agit d’un « viol par surprise » et d’un rapport sexuel « extorqué », « ni libre, ni consenti ».

Le ministre de l’intérieur avait affirmé lors de la procédure avoir « cédé aux charmes » d’une plaignante « entreprenante ». Après des enquêtes classées à trois reprises, Mme Patterson-Spatz avait obtenu à l’été 2020 la désignation d’une juge d’instruction.

M. Darmanin n’a pas été mis en examen et a bénéficié d’un non-lieu en juillet 2022, confirmé par la cour d’appel de Paris en janvier 2023. La plaignante avait alors formé ce pourvoi en cassation.

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Gouvernement Attal

Publié le 8 Février 2024 par Philippe LE ROUX - ancien Délégué de la Circonscription

La composition du Gouvernement résultant du décret du 11 janvier 2024 et du décret signé ce jour sur la proposition du Premier ministre, chargé de la Planification écologique et énergétique, est la suivante :

Les ministres

• M. Bruno LE MAIRE, ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique ;

• M. Gérald DARMANIN, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer ;

• Mme Catherine VAUTRIN, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités ;

• Mme Nicole BELLOUBET, ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse ;

• M. Marc FESNEAU, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ;

• Mme Rachida DATI, ministre de la Culture ;

• M. Sébastien LECORNU, ministre des Armées ;

• M. Éric DUPOND-MORETTI, garde des Sceaux, ministre de la Justice ;

• M. Stéphane SÉJOURNÉ, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ;

• M. Christophe BÉCHU, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ;

• M. Stanislas GUERINI, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques ;

• Mme Amélie OUDÉA-CASTÉRA, ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques ;

• Mme Sylvie RETAILLEAU, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ;

Les ministres délégués

Auprès du Premier ministre

• Mme Prisca THEVENOT, chargée du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement ;

• Mme Marie LEBEC, chargée des Relations avec le Parlement ;

• Mme Aurore BERGÉ, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les Discriminations ;

Auprès du ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique :

• M. Roland LESCURE, chargé de l’Industrie et de l’Energie ;

• Mme Olivia GRÉGOIRE, chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation ;

• M. Thomas CAZENAVE, chargé des Comptes publics ;

Auprès du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer et du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires :

• Mme Dominique FAURE, chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité ;

Auprès du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer :

• Mme Marie GUÉVENOUX, chargée des Outre-mer ;

Auprès de la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, de la ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et du garde des Sceaux, ministre de la Justice :

• Mme Sarah EL HAÏRY, chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles ;

Auprès de la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités :

• Mme Fadila KHATTABI, chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées ;

• M. Frédéric VALLETOUX, chargé de la Santé et de la Prévention ;

Auprès du ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire :

• Mme Agnès PANNIER-RUNACHER ;

Auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères :

• M. Franck RIESTER, chargé du Commerce extérieur, de l'Attractivité, de la Francophonie et des Français de l'étranger ;

• M. Jean-Noël BARROT, chargé de l’Europe ;

Auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires :

• M. Patrice VERGRIETE, chargé des Transports ;

• M. Guillaume KASBARIAN, chargé du Logement ;

Secrétaires d’État :

Auprès du ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique :

•  Mme Marina FERRARI, chargée du Numérique ;

Auprès du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer et du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires :

• Mme Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, chargée de la Ville ;

Auprès du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer :

• Mme Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, chargée de la Citoyenneté ;

Auprès du ministre des Armées :

• Mme Patricia MIRALLÈS, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire ;

Auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères :

• Mme Chrysoula ZACHAROPOULOU, chargée du Développement et des Partenariats internationaux ;

Auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires :

• M. Hervé BERVILLE, chargé de la Mer et de la Biodiversité.

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Grève des policiers municipaux : la mobilisation pour une meilleure reconnaissance

Publié le 1 Février 2024 par 20 Minutes & AFP dans Infos

Ils demandent, outre une meilleure reconnaissance de leur travail, une hausse de leurs salaires et de leurs retraites

Les « policiers municipaux en colère » en tête de la lutte. Les quelque 26.000 fonctionnaires territoriaux concernés sont appelés samedi à une mobilisation nationale qui s’annonce « très forte » selon leurs représentants, afin d’obtenir une meilleure reconnaissance de leur travail, ainsi qu’une hausse des rémunérations et des retraites. Ils sont invités à se rassembler devant les préfectures de région à partir de 14 heures.

Grève des policiers municipaux : la mobilisation pour une meilleure reconnaissance

Ce collectif des « policiers municipaux en colère » est composé notamment de syndicats de policiers municipaux dont les cinq confédérations nationales représentatives, et de la Fédération nationale des policiers municipaux de France (FNPM), créée en mars 2023. A Paris, le cortège partira à 13 heures de République pour rejoindre l’Hôtel de Ville.

Pas d’avancées sur le plan social

« Cela fait une trentaine d’années que les gouvernements donnent de nouvelles prérogatives aux policiers municipaux mais au niveau social, on en est toujours au même point », explique à l’AFP le brigadier-chef Thierry Colomar, président de la FNPM.

« On est de vrais policiers, la seule différence avec la police nationale ou la gendarmerie c’est qu’on ne fait pas d’enquêtes et qu’on ne prend pas les plaintes, mais sur la voie publique, on a exactement les mêmes missions, et les risques liés à ces missions », ajoute-t-il, en rappelant que les policiers municipaux peuvent être mobilisés pour « un braquage ou un acte terroriste ».

Des demandes spécifiques

Les policiers municipaux souhaitent que soit rendue obligatoire la prime « police » ou « indemnité spéciale mensuelle de fonctions de police » (ISMF), qui peut représenter jusqu’à plusieurs centaines d’euros par mois. Ils veulent également qu’elle soit portée à 25 % du traitement de base, et l’intégrer au calcul de la retraite comme c’est le cas pour les pompiers professionnels avec la « prime de feu ».

Ils demandent aussi leur passage en catégorie supérieure ainsi qu’une année de bonification pour la retraite tous les cinq ans.

« Depuis la réforme des retraites, on peut partir à 59 ans avec 900 euros net par mois pour 30 ans de service, alors qu’un policier national partira avec au moins 1.000 euros de plus, donc on est obligés de partir à 62 ou 64 ans mais c’est compliqué à cet âge de courir après la jeune délinquance », argumente Thierry Colomar.

Un mouvement entamé le 31 octobre

Cette mobilisation est la dernière étape d’un mouvement entamé le 31 octobre, avec une grève des procès-verbaux qui s’était poursuivie lors des réveillons de Noël et de la Saint-Sylvestre ainsi que le 1er janvier.

Les policiers municipaux comptent par ailleurs sur l’arrivée des Jeux olympiques, lors desquels ils seront en première ligne pour remplacer les forces de l’ordre mobilisées dans les villes hôtes des épreuves, pour faire pression sur le gouvernement.

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Déclaration de politique générale de Gabriel Attal

Publié le 30 Janvier 2024 par Déclaration de politique générale de Gabriel Attal

Économie, éducation, santé, écologie... Retour sur les principales annonces du chef du Gouvernement à l'Assemblée nationale, ce mardi 30 janvier 2024.

Déclaration de politique générale de Gabriel Attal

Dans son allocution, le Premier ministre a présenté sa feuille de route avec les priorités du Gouvernement en affirmant que la « société ne se perd jamais quand elle cherche à progresser ».

« Désmicardiser la France », « déverrouiller l’accès au travail » ou encore « débureaucratiser le pays à tous les échelons », le Premier ministre a défini un cadre politique articulé en quatre axes avec des mesures pour :

  • une meilleure rémunération du travail,
  • des services publics accessibles et de qualité partout et pour tous, 
  • un rétablissement de l’autorité dans la société,
  • un environnement plus respirable partout et pour tous.

Retrouvez ci-dessous la liste des annonces du Premier ministre.

Économie et travail

Ma priorité est claire : favoriser le travail.

Sur les thèmes de l’économie et du travail, le Premier ministre a indiqué vouloir agir avec des « actes concrets » dans le « pays le plus attractif d’Europe pour les investissements étrangers ».

Parmi les annonces :

  • Baisse des charges pesant sur les classes moyennes avec une baisse d’impôts de 2 milliards d’euros ;
  • Généralisation de la réforme du RSA (15h d’activité hebdomadaires d’insertion) ;
  • Suppression de l’allocation de solidarité spécifique ;
  • Expérimentation de la semaine en quatre jours dans les administrations de tous les ministères ;
  • Alignement des horaires de personnels d’entretien dans les administrations sur les horaires de bureau ;
  • Réflexion et mise en œuvre d’un compte épargne-temps universel ;
  • Simplification des normes pour les TPE/PME ;
  • Présentation d’un nouveau PJL industrie verte avec une simplification des normes et un recentrage des travaux de la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) sur les projets d’envergure nationale ;
  • Poursuite et renforcement des revues de dépenses, et présentation des premières propositions en mars 2024.

Logement

Face au problème du logement, le Premier ministre a fait savoir qu’il voulait créer « un choc d’offre ».

Parmi les annonces :

  • Encourager la construction de logements : intégrer le logement locatif intermédiaire (LLI) dans la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU) ;
  • Simplification des normes : revoir le diagnostic de performance énergétique (DPE) et simplifier l’accès à MaPrimeRénov ;
  • Désignation de 20 territoires engagés pour le logement : simplification des procédures, avec comme objectif d’y créer 30 000 nouveaux logements d’ici 3 ans ;
  • Réquisition pour des bâtiments vides, notamment des bâtiments de bureaux ;
  • Désignation des maires comme responsables de l’attribution des nouveaux logements sociaux.

Santé

Dans son allocution, le Premier ministre a aussi fait des annonces ayant pour objectif de « réarmer notre système de santé » tout en indiquant que la santé mentale des jeunes serait l’une des grandes causes de l’action gouvernementale.

Parmi les annonces :

  • Mise en place de services d’accès aux soins dans chaque département français et, à défaut, la possibilité d’instaurer l’obligation de garde pour les médecins libéraux ;
  • Modalités de pénalisation des rendez-vous médicaux non honorés ;
  • Régularisation des praticiens diplômés hors de l’Union européenne ;
  • Facilitation des passerelles entre professions paramédicales et études médicales ;
  • Augmentation de la prise en charge des séances de psychologues pour la santé mentale des adolescents ;
  • Regagner du temps pour les soignants en accélérant le passage de 6 000 à 10 000 assistants médicaux afin de libérer environ 2,5 millions de consultations par an ;
  • Augmentation de 200 € nets/ mois pour les infirmières scolaires et prime exceptionnelle de 800 euros.

 

École

Renforcer nos services publics, c’est aussi agir pour notre école.

Sur le volet éducation, le Premier ministre a rappelé la nécessité de déployer son « Choc des savoirs »Parmi les annonces :

  • Remettre la décision du redoublement à la main de l’équipe pédagogique ;
  • Mise en place de groupe de niveaux dès cette année au collège ;
  • Régulation de l’usage des écrans dans et en dehors de l’école ;
  • Réforme de la formation initiale des enseignants ;
  • Financement renforcé de l’accompagnement des élèves en situation de handicap (AESH).

Autorité

On ne négocie pas avec la République, on l’accepte.

Dans son allocution, le Premier ministre a rappelé l’importance de l’autorité et du civisme en France. Parmi les annonces :

  • Expérimentation de l’uniforme à l’école (généralisation à la rentrée 2026 si concluant) ;
  • Doublement du volume horaire d’enseignement de l'instruction civique et morale ;
  • Révision de l’échelle des sanctions dans les établissements scolaires ;
  • Création d’une peine de travail d’intérêt éducatif pour les mineurs de moins de 16 ans ;
  • Pour les parents d’enfants délinquants, création d’une peine complémentaire de TIG pour le délit de soustraction à leurs obligations légales ;
  • Renforcement de la lutte contre la drogue, avec la présentation d’un nouveau plan de lutte contre les stupéfiants et l’organisation de 10 opérations place nette par semaine ;
  • Lancement des travaux en vue de la généralisation du SNU à la rentrée 2026 ;
  • Possibilité de porter plainte en ligne partout sur le territoire.

Environnement

L’écologie sans le peuple, c’est paver le chemin aux crises sociales et aux renoncements. Au contraire, nous allons continuer à bâtir ensemble, une écologie populaire.

Dans la dernière partie de son discours, le Premier ministre a affiché son ambition d’accélérer la transition écologiqueParmi les annonces :

  • Création d’un service civique écologique, permettant à 50 000 jeunes de s’engager concrètement pour le climat d’ici la fin du quinquennat ;
  • Lancement d’une initiative pour réduire l’impact environnemental des 50 sites industriels qui émettent le plus d’emballages plastiques en France ;
  • Mise en service du réacteur nucléaire à eau pressurisée (EPR) de Flamanville et investissements massifs dans les programmes de développement du parc nucléaire français ;
  • Lancement d’un plan de contrôle sur la traçabilité des produits pour garantir un commerce équitable.

Agriculture

Dans son allocution, le Premier ministre a aussi indiqué des mesures d'urgence en faveur du monde agricoleParmi les annonces :

  • Simplification massive et rapide des normes pesant sur les agriculteurs ;
  • Remboursement dès février de 50 % du TICPE ;
  •  MHE et indemnisation des frais vétérinaires : mise en place d’un guichet unique et prise en charge des frais à 90 % ;
  • Versement des aides PAC avant le 15 mars, et concertation avec les régions pour accélérer le versement des aides à l’installation.
  • Mise en place d’un fond d’urgence avant la fin de semaine pour aider les viticulteurs (particulièrement en Occitanie) ;
  • Doublement des contrôles de la DGCCRF contrôlant l’application de la loi Egalim et redistribution des montants des amendes pour soutenir les agriculteurs ;
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COP 28 : quelle place pour l'accord de Paris dans les négociations actuelles ?

Publié le 12 Décembre 2023 par Article rédigé par France Info

La cérémonie d'ouverture de la 28e session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, à Dubaï, le 30 novembre 2023.

Alors que les négociations de la COP28 n'ont pas encore débouché, mardi matin, sur un consensus sur la réduction des énergies fossiles, l'accord de Paris, signé il y a huit ans, pourtant très souvent cité en exemple, n'est pas respecté.

Les négociations à la COP 28 de Dubaï se sont poursuivies jusque tard dans la nuit lundi 11 décembre. Et rien n’est acquis sur l’obtention d’un texte d’accord mardi comme le prévoit pourtant l’agenda. Huit ans jour pour jour après la signature de l’accord de Paris, l'urgence climatique peine encore à faire consensus.

Pourtant l'accord de Paris n’a cessé d’être cité par le président de cette COP, Sultan Al-Jaber, comme l'étoile du berger, le cap à ne pas perdre de vue. Ce cap, c’est de maintenir l’élévation de la température mondiale, en dessous des 1,5 ou 2 degrés d'ici la fin du siècle, par rapport au niveau pré industriel. Il faudrait pour cela notamment réduire d’un quart la demande de toutes les énergies fossiles, dans les 10 ans à venir. C’est pour cela que le projet d'accord présenté lundi, peu contraignant, sur la réduction du recours au pétrole, gaz et charbon est jugé très insuffisant.

Une base juridique

L'objectif d'1,5 degré est inscrit dans l'accord de Paris pour plusieurs raisons. À ce niveau de réchauffement planétaire, les scientifiques ont identifié qu'on risquait d’atteindre des niveaux de dégâts irréversibles pour les glaciers, les forêts et les océans. De nombreux pays vulnérables, vont en outre se trouver démunis financièrement, pour faire face aux dégâts dus au changement climatique. Avec l’accord de Paris, ils disposent d’une base juridique pour demander des compensations financières aux pays riches, les plus émetteurs de carbone.

Le problème, c’est que l’accord de Paris n’est pas contraignant. Aujourd’hui nous nous dirigeons vers un réchauffement de 2,5 à 3 degrés d’ici la fin du siècle. C’est pour cela que de nouvelles lignes directrices, claires et partagées par tous, sont attendues à Dubaï. Les signataires se sont quand même engagés à transmettre aux Nations unies leur bilan carbone, et leur feuille de route pour le réduire. Ce ne sont certes que des promesses mais ne pas les tenir peut nuire à la réputation d'un pays sur la scène internationale. Le secrétaire de l’ONU sur le changement climatique, Simon Stiell l’a rappelé lundi dans ces négociations climatiques, "si quelques-uns veulent gagner en faisant perdre les autres, dit-ic’est la recette d’un échec collectif".

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Exposition Universelle Osaka 2025

Publié le 1 Décembre 2023 par Philippe LE ROUX - ancien Délégué de la Circonscription

 

En 2020, le dossier d’enregistrement de l’Expo 2025 Osaka, Kansai, Japon fut approuvé par l’Assemblée Générale du Bureau International des Expositions (BIE), alors que la pandémie du Covid-19 faisait rage.

Depuis, le monde doit désormais affronter de nouveaux défis, tels que la fragmentation des interactions entre les nations et les peuples, la nécessité de reconstruire les environnements et les différents systèmes sociaux et de modifier les paradigmes de la vie quotidienne. Ces circonstances nécessitent de rassembler la sagesse du monde et d’ouvrir la voie à de rapides solutions.

Réfléchir au thème de l'Expo 2025 Osaka Kansai, "Concevoir la Société du Futur, Imaginer Notre Vie de Demain" et prendre les mesures nécessaires sont les missions dans cette nouvelle ère.

L’Expo 2025 Osaka Kansai offrira au monde l'occasion de se réunir en un lieu unique afin d’explorer le thème de la vie. Cette Exposition facilitera les interactions entre des individus du monde entier, pour favoriser de nouveaux réseaux humains et des projets créatifs. L’Expo 2025 Osaka Kansai partagera avec le monde entier les espoirs d'un avenir meilleur.

Concevoir la Société du Futur, Imaginer Notre Vie de Demain

Le thème "Concevoir la Société du Futur, Imaginer Notre Vie de Demain" invite les individus à réfléchir à la vie qu’ils veulent mener et comment ils peuvent maximiser leur potentiel.

L'Exposition posera pour la première fois une question simple : « Qu'est-ce qu'un mode de vie heureux ? ». L'Exposition se déroulera à un moment où de nouveaux défis sociaux émergent, notamment des écarts économiques croissants et des conflits accrus, alors que parallèlement les technologies scientifiques telles que l'IA et la biotechnologie évoluent, et entraînent des changements pour l'humanité, comme par exemple, l'allongement de la durée moyenne de vie.

Sauver des vies, Inspirer des vies, Connecter des vies sont les trois sous-thèmes de l’Exposition.

La culture japonaise repose depuis longtemps sur la conviction que toute matière, qu’il s’agisse de toute créature vivante ou même d’un caillou sur une route, est intrinsèquement « porteuse de vie ».

Aussi, l'Exposition considère non seulement la « vie » des êtres humains, mais aussi dans un sens plus large, celle de la diversité des créations et de la nature qui entourent les êtres humains.

Sauver des vies se concentre sur la protection des vies. Ce sous-thème peut être associé, par exemple, aux mesures pour lutter contre les maladies infectieuses grâce à l'amélioration de la santé publique, la garantie de la sécurité par la préparation aux catastrophes et les initiatives de réduction des risques de catastrophe, ainsi que la coexistence harmonieuse avec la nature.

Inspirer des vies vise à enrichir la vie des individus et à développer leur potentiel, tel que l’enseignement à distance de haute qualité grâce à l'utilisation des TIC ; l'allongement de l’espérance de vie en bonne santé grâce à une activité physique et une alimentation appropriées et la maximisation du potentiel humain grâce à l'utilisation de l'IA et de la robotique.

Connecter des vies a pour objectif d’impliquer tout le monde, de créer des communautés et d’enrichir la société. Ce sous-thème peut concerner des sujets tels que, par exemple, le pouvoir du partenariat, les communications avancées rendues possibles grâce aux TIC et la conception d'une société fondée sur l’analyse des données.

Le concept qui sous-tend l’Expo 2025 Osaka Kansai est Le Laboratoire vivant des peuples (« People's Living Lab »). Ce concept constitue l'approche de l'Exposition visant à mettre en pratique son thème et sert de ligne directrice pour la mise en œuvre pratique des projets.

L'Exposition souhaite livrer une image réaliste d'une société future non seulement en pensée, mais aussi en action. Cette initiative, lancée en amont de l'Exposition, invite des participants à se réunir autour de divers projets en vue de proposer des solutions permettant d’atteindre les ODD, sur le site de l’Exposition comme en dehors du site de l'Exposition.

Le site de l’Exposition,

L’île artificielle de Yumeshima (littéralement, « l’île de rêve ») sur le front de mer d’Osaka offre aux visiteurs une vue imprenable sur la mer intérieure de Seto. A travers des programmes tirant parti de son emplacement, l’Exposition sera reliée au monde par la terre, la mer et les airs.

Le centre du site d’une superficie de 1,55 km2 abritera la zone dédiée aux pavillons, proche de l’eau au Sud et d’espaces verts à l’Ouest.

La mascotte de l’Expo 2025 Osaka Kansai

Appelée Myaku-Myaku, s’inspire du logo de l’Exposition et de l’eau – symbole d’Osaka, la « cité de l’eau ». Myaku–Myaku est polymorphe et fluide ; ses cellules rouges peuvent être séparées et son corps peut changer de forme librement selon d’infinies variations.Conçu par mountain mountain/Yamashita Kohei, Myaku-Muaku fut sélectionné parmi 1 898 designs reçus lors d’un appel à propositions. Son nom – Myaku-Myaku - signifie une chose transmise de génération en génération. Choisi parmi les 33 197 propositions reçues, il fut annoncé à l'occasion de la célébration du compte à rebours des 1 000 jours précédant l'ouverture de l'Exposition.

Accéder au site de l'exposition : cliquez ici

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Pierre Valentin : « Vivre dans des milieux « inclusifs », c’est frôler quotidiennement l’exclusion. »

Publié le 28 Novembre 2023 par Baptiste Gauthey, rédacteur en chef de Contrepoints. dans Edito

Contrepoints a rencontré Pierre Valentin pour échanger à propos de son premier livre, « Comprendre la révolution woke », dans lequel il propose une analyse critique passionnante de l’idéologie woke.

Pierre Valentin est diplômé de philosophie et de science politique, ainsi que l’auteur de la première note en France sur l’idéologie woke en 2021 pour la Fondapol. Il publie en ce moment Comprendre la Révolution Woke chez Gallimard dans la collection Le Débat.

 

Contrepoints : Bonjour Pierre Valentin. Avant d’entrer dans le vif du sujet : le wokisme, ça existe ou pas ? Pourquoi utiliser le terme wokisme plutôt qu’un autre, comme gauche identitaire ou encore gauche postmoderne ?

Pierre Valentin : J’utilise le terme car, initialement, c’est une auto-revendication, et non un terme « créé par et pour l’extrême droite » comme on peut l’entendre. Aussi, je ne crois pas à l’idée que ça puisse être un pur épouvantail dans la mesure ou la signification du terme (« éveillé ») est intrinsèquement positive.

Je cite par exemple Alex Mahoudeau qui parle lui-même de « panique morale », et qui pourtant dans une note de bas de page concède qu’il y a très peu de mouvements qui se revendiquent être les « endormis », les « inconscients »…

Enfin, il y a une filiation intéressante avec le protestantisme aux États-Unis, qui a connu dans son histoire plusieurs grands « revival », trois ou quatre selon les historiens que l’on interroge, et qui à chaque fois se vivaient comme des « grands réveils ». Là, on a un mouvement qui se veut à la fois athée et original, et qui a repris sans le savoir ce terme « d’éveil », qui est très chargé symboliquement.

Donc pour toutes ces raisons j’y tiens !

Ensuite, pourquoi est-ce que je ne parle pas simplement de « militants d’extrême gauche » ? Car il y a encore, par exemple, des marxistes « pur jus », à l’ancienne, qu’il faut classer à l’extrême gauche, et qui pourtant vont critiquer le wokisme, estimant que les questions économiques sont trop reléguées au second plan. Sinon on pourrait parler de « gauche intersectionnelle », mais ça parle très peu au public français. Bref, j’ai essayé et, sincèrement, je n’ai pas trouvé de meilleur terme.

Souvent dans l’espace public, les gens qui critiquent l’usage du terme sont rarement dans une critique purement sémantique. C’est davantage qu’ils sont dérangés par le sujet en tant que tel, car ils ne veulent pas apparaître marqués. Certains centristes par exemple, aiment dire que les vrais sujets sont ailleurs (IA, par exemple), et ne veulent pas traiter de sujets « controversé » et « polémique », et donc disent « le wokisme, après tout, ça ne veut rien dire »…

Sur la définition du wokisme, je donne la mienne dans l’ouvrage. Pour le dire simplement, je dis que c’est une idéologie qui perçoit les sociétés occidentales comme étant fondamentalement régies par des structures de pouvoirs, des systèmes d’oppressions, des hiérarchies de dominations qui ont pour but d’inférioriser l’Autre, c’est-à-dire la figure de la minorité sous toutes ses formes, par des moyens souvent invisibles, et le woke est celui qui est « éveillé » à cette réalité néfaste et qui se donne la mission d’aller « conscientiser » les autres.

Contrepoints : On comprend en vous lisant qu’il y a une importance considérable apportée à la question de la sémantique, du langage, du discours, du symbole. Vous expliquez dans l’ouvrage qu’il y a une volonté claire de ne pas se laisser nommer, que le wokisme cherche constamment à minimiser l’apparence de son influence pour la maximiser dans les faits. Pourquoi ?

Pierre Valentin : Oui, il y a un rapport très paradoxal au pouvoir. Samuel Fitoussi explique ça très bien : si on est sur un plateau et qu’on a un militant qui se présente en « antiraciste », toute contradiction vous placera dans la position de celui qui défend le racisme. Donc ils forcent une certaine forme de binarité, de manichéisme, faisant disparaître toute notion de neutralité à laquelle ils ne croient pas.

Toutefois, il y a des gens qui, à nouveau, s’en revendiquent. On peut citer Rokhaya Diallo qui a défendu le terme récemment, ainsi que Jean-Michel Apathie. Un sondage montre qu’au Royaume-Uni, 12 % des Britanniques en 2021 revendiquaient le terme.

Je trouve que le débat public est moins faussé en utilisant ce terme que si on entre dans « l’antiracisme face aux autres ».

Par ailleurs, c’est la première fois que la gauche a perdu le contrôle d’un terme qu’elle a elle-même créé. On essaye donc de tuer l’animal de compagnie qui se serait évadé de l’enclos. Une fois qu’on ne le maîtrise plus, il faut qu’il meure et on va dire qu’on ne l’a jamais revendiqué – ce qui est faux et je le démontre dans l’introduction du livre – et que par ailleurs il ne voudrait rien dire, ce qui, à nouveau, est faux car on peut le définir.

Contrepoints : La thèse centrale de votre ouvrage est de dire qu’au fond, l’idéologie woke ne possède aucune unité conceptuelle conséquente, si ce n’est le fait qu’elle est, sur le plan des idées, une pure négation, et sur le plan normatif, une simple volonté déconstructrice. Pouvez-vous développer ?

Pierre Valentin : Je suis vraiment rentré dans l’analyse du wokisme il y a plusieurs années maintenant avec une approche la plus analytique possible, en cherchant à dénicher l’unité de ce mouvement. Et j’ai mis beaucoup de temps avant de trouver un axe commun car les contradictions étaient gigantesques.

Prenons l’exemple de la formule médiatique « la communauté LGBT ». De façon arbitraire on s’arrête à la quatrième lettre alors qu’il y a une quantité infinie de lettre dans cet acronyme. De plus, l’ordre des lettres – qui est déjà une hiérarchisation implicite, ce qui pose question dans un mouvement égalitariste – n’est pas adoubé par qui que ce soit et change tout le temps. Il y a parfois des lettres exclues. Au Royaume-Uni il y a « l’alliance LGB », qui veut exclure les Trans du reste. Il y a de surcroît la question du logiciel du sexe VS le logiciel du genre. Enfin, selon l’aveu des lesbiennes et de beaucoup d’homosexuels que je cite dans le livre, ces lettres ne se côtoient pas souvent. Qu’est qu’une « communauté » qui ne se côtoie pas ?

Outre l’acronyme, si l’on prend du recul, et qu’on la mélange avec la question décoloniale, la question du racialisme américain, la question du handicap… Bref, quelle est la cohérence dans cette myriade de contradictions ? Typiquement, l’éloge de la fluidité dans le mouvement queer contraste avec l’éloge de la rigidité dans leurs courants racialistes.

Et pour autant, on sent qu’il y a une forme d’unité dans le désir du racialisme de se « queeriser », et à l’inverse dans le désir du mouvement queer de se racialiser. Il y a là une affirmation d’un désir d’unité, que l’on retrouve avec le slogan de la « convergence des luttes ».

L’autre élément d’unité, c’est celui de l’ennemi commun. Il y a même un rapport dialectique entre les deux, qui est qu’au fur à mesure que vous fragmentez votre schéma intersectionnel avec de plus en plus de catégorisations, plus l’importance d’un ennemi commun est centrale pour réunir tout ce beau monde.

Avec l’effondrement des grands récits qui structuraient la gauche (communisme, social-démocratie, proposition libérale), la seule unité possible va devenir celle du bouc émissaire. Pascal Perrineau écrit dans La logique du bouc-émissaire en politique (PUF) : « On peut avoir l’impression que plus la gauche et la macronie pâtissent d’un déficit d’idéologies de référence plus elles n’hésitent pas à manier la diabolisation de l’adversaire de droite pour retrouver une raison d’être ».

Contrepoints : Ces contradictions vous amènent à faire le pari suivant : le wokisme semble condamné, à l’instar peut-être de tout mouvement révolutionnaire, à reproduire ce qu’il dénonce, et donc, pour reprendre une phraséologie marxisante, à s’effondrer sous le poids de ses propres contradictions. Pourquoi ?

Pierre Valentin : Oui, je pense que nous sommes face à une spirale de pureté. L’inclusion, d’ailleurs, n’est pas un état de fait, mais une dynamique derrière laquelle il faut toujours courir. On revient d’ailleurs à l’étymologie du mot, initialement sous la forme d’un hashtag en deux termes, « #Stay Woke », « restez éveillés ». Donc on est toujours menacé d’extrême droitisation, et l’exclusion est une possibilité quotidienne. Vivre dans des milieux « inclusifs », c’est frôler quotidiennement l’exclusion.

Sur les contradictions, je pense qu’il faut faire le parallèle avec le communisme. On sait aujourd’hui que le communisme était voué, lui aussi, à s’effondrer sous le poids de ses propres contradictions. Or, est-ce que L’archipel du Goulag de Soljenitsyne a été futile pour autant ?

Encore une fois, on n’a pas de goulags en Occident fort heureusement, mais Soljenitsyne aurait été ravi que l’URSS s’effondre avant les goulags. Donc la notion de temporalité est loin d’être secondaire dans ce débat.

J’ajouterais également que, là ou il faut tempérer l’optimisme que peut nous inspirer l’idée d’une autodestruction, c’est que, pour prendre une métaphore, si le boulet coulera forcément au fond de l’océan, il menace toutefois de s’accrocher à notre cheville sur son passage. Aux États-Unis, le monde universitaire a déjà aboli toute notion de sélection et de mérite, ce qui veut dire une « médiocrisation » folle de leurs élites. On commence à mettre en place des mathématiques « décolonisées » pour se défaire des mathématiques blanches…

Bref, ce ne sont pas des questions neutres, et la question du moment auquel on va réussir à arrêter cette vague idéologique n’est pas secondaire.

Ce qui m’intéresse aussi, c’est l’état de désarroi existentiel et spirituel dans lequel devaient se trouver les communistes au moment de la chute du mur de Berlin. Redémarrer idéologiquement après cet effondrement sera très compliqué si tous sont « convertis ».

Contrepoints : Au fond, le wokisme n’est-il pas une volonté de la part de ces militants et idéologues de simplement prendre le pouvoir ? Et pensez-vous qu’il serait pertinent de parler d’ingénierie sociale pour définir l’idéologie woke sur le plan normatif ?

Pierre Valentin : Oui, tout constructivisme génère un utopisme. Pour les libéraux et les conservateurs, le mal est une donnée inhérente de l’âme humaine que l’on ne parviendra jamais totalement à éradiquer. Quand on dit que tout est construit, la présence du mal dans la société devient d’un même geste scandaleux car elle pourrait ne pas être. Le constructivisme implique un utopisme déconstructeur. Ce qui fait qu’on a des mentalités à changer, une culture à changer…

Je cite par exemple Antonio Gramsci comme le chaînon manquant entre le marxisme à l’ancienne et ce néo-marxisme que l’on a là, notamment sur l’aspect racial, et qui va réhabiliter le militantisme. Si l’on dit que c’est uniquement l’économique qui détermine le culturel, on vient de mettre tous les militants, tous les relais culturels, tous les artistes au chômage moral et intellectuel. Or, pour un militant cela n’est pas acceptable, il faut qu’il ait un rôle à jouer dans la révolution, et ainsi Gramsci va faire l’éloge de la prise des relais culturels pour faire advenir la révolution.

Sur la relation paradoxale au pouvoir elle me paraît fondamentale, et se traduit de différentes façons. Premièrement, ils sont absolument certains, dans leur compréhension d’eux-mêmes, d’être des dissidents. Ils ne sont jamais les dominants, et c’est pour cette raison qu’ils insistent tant sur le terme de « colon », que ce soit pour parler et des Juifs en Israël ou des Français en France, car cela permet de rigidifier la catégorie de dominant. Donc d’un seul coup, ceux qui luttent contre les colons deviennent de gentils résistants courageux.

Ils ont un problème qui est que, lorsque les grandes entreprises mettent en avant leur logo aux couleurs LGBT, lorsque la marque Lego arrête de faire la publicité de leur boîte de police car cela ferait l’éloge des violences policières, lorsque l’on a un unanimisme occidental pro-woke, à ce moment-là ils sont dans une position délicate. Dans le fond ils sont contents que leurs idées soient diffusées, mais ils espèrent également maintenir l’image de dissidents ; garder le statut de David contre des Goliath.

C’est à mon sens l’objectif de la formule de « woke-washing » : résoudre cette contradiction terrible et douloureuse, ou en tout cas atténuer sa portée. Les grandes entreprises seraient de leur côté uniquement dans les paroles et non dans les actes.

C’est ce qui m’a poussé à théoriser la notion de « dissideur », c’est-à-dire de décideurs qui se veulent dissidents, et qui tiennent coute que coute à cette posture. On a le sentiment que pour être un pouvoir aujourd’hui, il faut nécessairement se présenter comme un contre-pouvoir. Pour le dire autrement, si Greta Thunberg, FIFA, l’ONU, Europe Écologie Les Verts, l’UNICEF et l’UE arrivaient à tomber d’accord sur le contenu d’une tribune, ils l’intituleraient « lutter contre le système ». Cet « antisystémisme » me fascine et se révèle une contradiction centrale au cœur de leur œuvre et de leur conception du monde.

Contrepoints : Vous évoquez dans un chapitre la question des liens entre la philosophie woke et la psychologie. Pourquoi ?

Pierre Valentin : Je tiens à dire en préambule que je n’ai pas de formation en psychologie, mais que je m’intéresse à ce sujet. Déjà, ce qu’il faut noter, c’est qu’indépendamment de la question du wokisme, il y aurait en soi un immense sujet sur le rapport au corps, sur le rapport aux écrans, sur le rapport à la sociabilité, à la santé mentale en général dans ces jeunes générations.

Depuis les confinements, certains de ces phénomènes se sont même amplifiés, comme l’atomisation sociale et la bureaucratisation des rapports sociaux. Pour moi, ce sont des tendances lourdes à la fois du wokisme et des problèmes plus généraux de santé mentale.

Se pose ensuite la question complexe et délicate de la direction du lien causal. Est-ce leur idéologie qui provoque ces troubles, ou est-ce ces troubles qui favorisent l’émergence de cette idéologie ? Je ne tranche pas définitivement la question, mais je pose les deux directions comme étant possibles, voire probables.

Du psychologique à l’idéologique, il y a énormément de témoignages, comme celui de Nora Bussigny, qui montrent que la phrase « je dois aller voir mon psy » est extraordinairement commune et répandue. Ils ont, souvent, des rapports compliqués avec leurs parents. On voit également qu’il y a au même moment trois choses dans une bonne part du monde occidental : une explosion de l’usage d’Instagram chez les jeunes filles, une explosion des troubles du rapports au corps (anorexie, boulimie) et une explosion de la « transidentité ». De plus, le taux de suicide des trans avant et après transition est deux fois supérieur à celui des homosexuels, qui est déjà très élevé.

Donc il y a une tendance lourde de gens profondément déstructurés, qui ensuite, dans un second temps, chercheraient une idéologie pour justifier cet état de fait. J’ai trouvé que la série de Blanche Gardin sur Canal + était intéressante, car son hypothèse implicite était que c’est d’abord le narcissisme qui va se chercher une cause, et non la cause qui génère le narcissisme.

Quand on a des jeunes qui disent « j’adoube Shakespeare et Jeanne d’Arc uniquement à la condition qu’ils soutiennent mes points de vue ; aujourd’hui, en 2023 » nous avons là du narcissisme pur : le monde extérieur doit venir renforcer mes idées sinon il doit disparaître. Les grandes figures occidentales peuvent continuer à exister à la condition qu’elles soient d’accord avec Moi.

Pour la causalité de l’idéologique vers le psychologique, disons pour commencer qu’il est difficile de tenir ne serait-ce que plusieurs semaines en essayant d’être le plus cohérent possible avec la théorie critique de la race sans tomber en dépression. Cette théorie postule deux prémices : d’abord que le racisme est le pire péché qui existe, et deuxièmement qu’il est présent dans toutes nos structures sociales, dans nos discours… Si on essaye vraiment d’appliquer ces deux prémices, la conclusion qui s’impose est que toute la réalité sociale est condamnable. Le monde devient forcément très sombre et déprimant.

Le psychologue Jonathan Haidt montre que quand on guérit des gens de la dépression, on emploie la CBT (thérapie cognitivo-comportementale) afin de pousser les patients à identifier les distorsions de la réalité et qu’ils arrêtent de les pratiquer.

Le wokisme, assez explicitement, pousse à faire l’inverse : « vous pensez avoir eu un rapport cordial avec quelqu’un d’une autre couleur de peau, vous ne vous rendez pas compte qu’en réalité il y avait un soubassement cynique, raciste, qui fait que vous n’avez pas eu un rapport sain avec cette personne ».

Il me semble difficile de dire qu’il n’y a pas au moins un rapport, une causalité, en ce sens-là.

Contrepoints : Vous parlez d’une génération plus fragile, surprotégée, profondément narcissique, dans le culte de la victimisation… Et vous en déduisez que cela mène inévitablement à un besoin accru de protection qui passe par une forme de bureaucratisation et une attente de protection de la part de l’État et de la collectivité dans son ensemble. Pouvez-vous développer pour nous ce point ?

Pierre Valentin : Le psychanalyste Ruben Rabinovitch avait écrit avec Renaud Large une note sur le wokisme très intéressante sur le sujet. Ce qu’il dit aujourd’hui, c’est que s’il est très inquiet du wokisme, il l’est encore davantage de « l’après-wokisme ». On pousse tellement loin dans le désordre, qu’il va y avoir un désir d’ordre, d’une figure du père qui siffle la fin de la récré, brutalement s’il le faut.

Sur la bureaucratisation, il y a un rapport très ambigu entre les associations et l’État. Pour parler, là-encore, en termes psychanalytiques, l’État est pour eux à la fois le père tyrannique et la mère nourricière. L’État c’est celui qui est « systémiquement raciste », mais dont j’ai quand même besoin des subventions mensuelles pour faire marcher mon association. C’est un guichet dont on est dépendant mais que l’on déteste.

Ça touche encore une fois au sujet du narcissisme. La conception de la liberté que l’on a en Occident depuis un certain temps et qui se caractérise par l’absence de contraintes, honnit tout rapport de dépendance, tout en concédant par ailleurs, et là vient la contradiction, que dans les faits l’homme moderne est très dépendant de différentes formes de bureaucraties, privées ou publiques. Donc il y a une tension entre ce désir d’indépendance et l’absence d’indépendance réelle qui génère de la frustration.

 

Contrepoints : On a parfois le sentiment que votre livre est en fait un livre sur l’histoire des fractures de la gauche qui semblent, selon-vous, être la meilleure grille de lecture pour comprendre le wokisme ?

Pierre Valentin : Oui ! Ce n’est pas très original mais il faut rappeler que l’affaire du foulard de Creil en 1989 est un moment de rupture. D’ailleurs, 1989 est l’année de toutes les décisions : Fukuyama écrit sur la fin de l’histoire, Kimberlé Crenshaw publie son premier article sur l’intersectionnalité, et il y a l’affaire du foulard où la gauche est face à un choix décisif entre ses différentes options intellectuelles.

On peut énumérer ces options de façon purement horizontale : il y a l’universalisme, le rationalisme, la croyance dans le progrès, la fascination pour la figure de l’Autre etc. Le problème de cette façon de les poser, c’est que certaines sont entrées en conflit, et que la gauche a été obligée de les hiérarchiser. Or, si ce choix est intellectuellement fascinant, c’est parce qu’il révèle quelles idoles comptaient plus que les autres.

Au moment de Creil, il y avait donc la laïcité, l’universalisme et le rationalisme d’un côté, et la fascination pour la figure de l’Autre combiné à un certain sens de l’histoire de l’autre côté. Dans cette deuxième option, il y avait cette idée de « nouveaux damnés de la terre », des nouvelles minorités qui sont pratiques car, quand on a cette idée de sens de l’histoire, de bougisme, tout ce qui est nouveau est toujours mieux. Donc cette fascination pour la figure du musulman, cet nouvel « Autre », entrait en contradiction avec les idéaux de la laïcité, de l’universalisme, du rationalisme, qui ne sont pas des idéaux que ces nouveaux damnés de la terre tiennent en haute estime.

Et au moment de ce conflit, la gauche a hiérarchisé en faveur du second camp, et c’est à ce moment que des gens comme Alain Finkielkraut, Marcel Gauchet, Michel Onfray etc. se sont retrouvés un peu malgré eux déportés vers la droite, voire l’extrême droite.

Quand un mouvement avance rapidement, c’est qu’il a pris de l’élan ! Ce changement prend racine dans des causes plus profondes, et il faut faire la généalogie de ce bouleversement. Donc je partage votre analyse quand vous dites qu’au fond, c’est autant un livre sur la gauche et son évolution que sur le wokisme.

 

Contrepoints : Sur cette généalogie, un des points communs que l’on peut trouver entre le marxisme et le wokisme, c’est le rapport à la violence et à la manière dont on la légitime…

Pierre Valentin : Oui ! Ce que je trouve intéressant, c’est qu’il y a un quelque chose de vaguement chic qui consiste à dire que cela n’aurait rien à voir avec du marxisme. Sauf que les points d’accords restent très profonds. Je cite les sociologues Jason Manning et Bradley Campbell qui parlent d’une « conflict theory », une « théorie du conflit » qui structure à la fois le marxisme et le wokisme.

Cette théorie repose sur quatre hypothèses.

D’abord, les conflits d’intérêts sont inhérents à la vie sociale. Deuxièmement, ils produisent des résultats à somme nulle, une partie gagnant au dépend de l’autre. Troisièmement, à long terme les élites gagnent aux dépens des autres. Et enfin, seul un changement radical révolutionnaire peut réduire de façon significative la domination des élites. Wokisme et marxisme partagent ces prémisses très structurantes.

On voit également le lien avec la légitimation de la violence. La fin justifie les moyens, la fin étant de faire la révolution, ce qui fait que tout est bon pour la faire advenir, avec un conséquentialisme assumé. La violence serait cette grande accoucheuse de l’Histoire. Le paradoxe étant que ce conséquentialisme a des conséquences désastreuses, comme nous l’avons vu.

Un entretien réalisé par Baptiste Gauthey, rédacteur en chef de Contrepoints.

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Ce que la réélection d’Erdogan signifie pour l’avenir de la Turquie

Publié le 3 Juin 2023 par Mehmet Ozalp, La Tribune

Avec la reconduction du président sortant pour cinq années supplémentaires, l’asphyxie sociale, politique et économique risque de s’aggraver en Turquie. Par Mehmet Ozalp, Charles Sturt University

Vainqueur au second tour de l'élection de dimanche face à son rival de longue date, Kemal Kiliçdaroglu, Recep Tayyip Erdogan restera président de la Turquie pour cinq années supplémentaires. S'il va jusqu'au bout de son mandat, il aura été au pouvoir pendant 26 ans.

Ce qui est étonnant, c'est que la majorité des Turcs ont élu Erdogan malgré une économie qui se dégrade et une hyperinflation désormais chronique - une situation qui ferait probablement tomber n'importe quel gouvernement dans un pays démocratique.

Comment Erdogan a-t-il pu remporter les élections et, plus important encore, comment s'annonce le futur proche du pays ?

Une élection libre mais inéquitable

L'élection présidentielle a été libre, dans la mesure où les partis politiques ont pu présenter des candidats de leur propre chef et mener campagne. Les partis avaient également le droit d'avoir des représentants dans chaque bureau de vote afin de s'assurer que les bulletins étaient correctement comptés. Enfin, les électeurs étaient libres de voter.

Cependant, l'élection a été loin d'être équitable.

Tout d'abord, un rival potentiel dans la course, le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, a été condamné en décembre dernier à plus de deux ans de prison pour « insulte à des personnalités publiques ».

En réalité, le populaire Imamoglu avait surtout eu le tort d'infliger au parti d'Erdogan une rare défaite aux élections municipales de 2019 à Istanbul. Les sondages avaient montré que s'il s'était porté candidat à la présidentielle, il aurait pu gagner contre Erdogan avec une marge confortable. Certains soutiennent que la condamnation d'Imamoglu était motivée par des considérations politiques. Quoi qu'il en soit, Imamoglu étant hors jeu, l'opposition a dû se rallier à Kiliçdaroglu, le plus faible de tous les candidats à forte notoriété.

Erdogan exerce également une emprise sur les médias turcs pratiquement généralisée, par l'intermédiaire de Fahrettin Altun, responsable des médias et de la communication au palais présidentiel.

Les médias turcs sont soit directement détenus par des proches d'Erdogan, comme le journal populaire Sabah, dirigé par Sedat Albayrak, soit contrôlés par des rédacteurs en chef nommés et surveillés par Altun. Certains sites d'information indépendants sur Internet, comme T24, pratiquent l'autocensure pour rester opérationnels.

Grâce à ce contrôle massif des médias, Erdogan et ses proches s'étaient assurés d'avoir un temps d'antenne à la télévision bien supérieur à celui de l'opposition. Le président réélu avait été dépeint dans les médias comme un leader mondial faisant progresser la Turquie en construisant des aéroports, des routes et des ponts. Il s'était présenté devant des dizaines de journalistes à la télévision, mais toutes les questions étaient préparées à l'avance et Erdogan a simplement lu ses réponses à l'aide d'un prompteur.

Altun avait également orchestré une vaste campagne de diffamation contre Kiliçdaroglu. Le leader de l'opposition avait bénéficié d'un temps d'antenne minimal, et lorsqu'il apparaissait dans les médias, il était dépeint comme un dirigeant inapte à gouverner le pays.

 

Altun contrôlait non seulement les chaînes de télévision et la presse écrite traditionnelles, mais aussi les réseaux sociaux. Sur Twitter, une plate-forme très influente en Turquie, Altun utilise depuis longtemps des robots et une armée de trolls et d'influenceurs rémunérés pour tenter de contrôler les débats.

Et cela a fonctionné. Un nombre suffisant d'électeurs ont été influencés par la confusion et la peur que le pays serait dans un bien pire état si Kiliçdaroglu venait à être élu.

Enfin, il y avait un risque de fraude en raison de l'opacité du traitement des résultats des élections. Une fois chaque urne dépouillée, le bulletin de vote et la feuille de résultats sont transportés par la police (dans les villes) et par l'armée (dans les régions) jusqu'aux bureaux de la commission électorale. La police et l'armée sont toutes deux sous le contrôle étroit d'Erdogan.

Ajoutons que les résultats sont rapportés uniquement par l'agence publique Anadolu, alors qu'auparavant ils étaient rapportés par de multiples agences indépendantes.

Même si aucune preuve incontestable de fraude n'est révélée, le spectre de la manipulation pourrait remettre en question l'intégrité de l'ensemble du processus électoral.

Le soutien massif des électeurs religieux

Deux autres facteurs ont joué un rôle décisif dans les élections.

Le premier est l'appel à voter en faveur d'Erdogan lancé par Sinan Ogan, qui était arrivé en troisième position au premier tour de l'élection présidentielle il y a deux semaines, avec 5,2 % des suffrages. Erdogan a persuadé Ogan de lui apporter son soutien.

Le deuxième facteur, le plus important, est la perception quasi surnaturelle qu'ont les électeurs conservateurs et religieux d'Erdogan. Pour eux, le président sortant est un héros religieux et un sauveur.

La population religieuse de Turquie a longtemps souffert de persécutions au nom de la laïcité. Pour eux, Kiliçdaroglu et son Parti républicain du peuple symbolisent cette persécution. Bien que Kiliçdaroglu ait abandonné les politiques laïques strictes du parti, ces électeurs ne lui ont jamais pardonné d'avoir empêché les femmes musulmanes de porter le foulard dans les établissements d'enseignement et les institutions publiques, et d'avoir tenu la religion à l'écart de la vie publique et de la politique pendant des décennies.

La droite conservatrice et religieuse turque voit en Erdogan un leader mondial et un héros qui a lutté contre des forces mal intentionnées, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, pour rendre à la Turquie sa grandeur.

Que va-t-il se passer en Turquie après les élections ?

La Turquie avait désespérément besoin d'un changement de gouvernement et d'une bouffée d'air frais. Aujourd'hui, l'asphyxie sociale, politique et économique risque de s'aggraver.

Il y a quelques années, Erdogan avait promis une renaissance de la Turquie d'ici à 2023, date du centième anniversaire de la fondation de la République. La Turquie était censée entrer dans le top 10 des économies mondiales d'ici là. Cependant, la Turquie se situe à peine dans le top 20.

L'économie a connu un ralentissement important au cours des trois dernières années. La valeur de la livre turque a chuté, ce qui a conduit à une économie basée sur le dollar.

Mais les dollars sont difficiles à trouver. La Banque centrale turque a maintenu l'économie à flot en vidant ses réserves au cours des derniers mois en vue des élections. Le déficit du compte courant a été de 8 à 10 milliards de dollars chaque mois, et les réserves sont tombées dans le négatif la semaine dernière pour la première fois depuis 2002.

Erdogan doit maintenant trouver de l'argent. Il aura recours à des prêts étrangers à des taux d'intérêt élevés et se lancera dans une tournée diplomatique des pays musulmans riches en pétrole pour attirer une partie de leurs fonds vers la Turquie. L'incertitude qui entoure le succès de ces initiatives risque de plonger l'économie turque dans la récession.

Pour la population turque, cela pourrait se traduire par un chômage massif et une hausse du coût de la vie. Le taux d'inflation a atteint son plus haut niveau en 24 ans, 85,5 % l'année dernière, et pourrait encore augmenter, car le gouvernement, à court d'argent, continue d'imprimer de la monnaie numérique pour payer son importante main-d'œuvre bureaucratique.

En matière de politique étrangère, Erdogan continuera d'essayer de faire de la Turquie une puissance régionale indépendante de l'OTAN, de l'Union européenne et des États-Unis. Il continuera probablement à renforcer les liens de la Turquie] avec le président russe Vladimir Poutine, ce qui inquiète les alliés occidentaux du pays.

Que nous réserve l'avenir ?

Il s'agit du dernier mandat d'Erdogan, conformément à la Constitution turque, et il est possible qu'il soit écourté.

Le président, âgé de 69 ans, a de nombreux problèmes de santé. Il est de plus en plus fragile physiquement, il a du mal à marcher et ses discours sont souvent saccadés. Dans les années à venir, son état de santé pourrait se dégrader et il pourrait être contraint de céder sa place à un homme de confiance.

L'autre possibilité est que des dirigeants potentiels de son parti décident de commettre un coup d'État pour renverser Erdogan avant la fin de son mandat, afin d'obtenir le soutien de l'opinion publique en vue de l'élection présidentielle de 2028.

Bien que la Turquie postélectorale connaisse pour l'instant une certaine stabilité politique, le pays sera en proie à des troubles économiques, sociaux et politiques dans un avenir prévisible.

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Par Mehmet Ozalp, Associate Professor in Islamic Studies, Director of The Centre for Islamic Studies and Civilisation and Executive Member of Public and Contextual Theology, Charles Sturt University

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Le mobilier des présidents français est dévoilé pour la première fois

Publié le 13 Mai 2023 par Magazine Sabaton, par Thijs Demeulmeester

Depuis quatre siècles, le Mobilier national crée des meubles pour les ambassades, résidences officielles et ministères français. Pour la première fois, l’institution parisienne présente des éditions de ses 140.000 pièces de collection, dont le bureau bleu et rose de Pierre Paulin pour le président Mitterrand.

Savez-vous qui a conçu le bureau du Premier ministre belge Alexander De Croo? Il y a fort à parier que non. Par contre, en ce qui concerne la Première ministre française Élisabeth Borne ou le président Emmanuel Macron, l’information est connue. C’est même une affaire d’État. Dans le Salon doré du palais de l’Élysée, le président travaille sur une pièce unique, un bureau de l’architecte d’intérieur français Thierry Lemaire.

Nous savons également où se trouve tout le mobilier présidentiel, impérial et royal qui l’a précédé : au Mobilier national.

Depuis le XVIIe siècle, cette institution crée, gère et conserve les meubles et objets d’art des dirigeants français. C’est elle aussi qui a chargé Pierre Paulin de concevoir un bureau pour le président François Mitterrand en 1984. La première édition de cette pièce unique, le bureau bleu et rose conservé au Mobilier national, sera présentée cette semaine.

Le Mobilier national est l’institution qui gère et conserve depuis le XVIIe siècle le mobilier des souverains français, qu’il s’agisse de meubles ou d’objets d’art. ©François Halard

Patrimoine de demain

N’hésitons pas à parler de véritable révolution française, car le Mobilier National ne fait pas de production en série: il ne commande que des pièces uniques. Promoteur des arts décoratifs et du savoir-faire français, il fait appel à des ateliers prestigieux: les manufactures des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie pour les tapisseries, les ateliers du Puy-en-Velay et d’Alençon pour les dentelles. «Cela peut sembler désuet, mais ce n’est pas le cas. Depuis près de 400 ans, ces ateliers réalisent des créations d’artistes contemporains», explique Loïc Turpin, directeur de la communication du Mobilier national.

"Les artistes et les dirigeants vont et viennent, mais notre savoir-faire n'a jamais bougé."

Dans une vie antérieure, il a été chef de cabinet de trois ministres différents, et son environnement de travail est constitué de pièces du Mobilier national. «Même quand le roi Louis XIV commandait une tapisserie à un cartonnier, il choisissait les artistes les plus en vue de l’époque. Au XXe siècle, des designers comme Andrée Putman, Olivier Mourgue ou Alain Richard ont créé des meubles pour les bâtiments gouvernementaux français. Et aujourd’hui, nous travaillons avec la jeune génération de designers français, dont Hugo Toro. N’oubliez pas que la création contemporaine d’hier est le patrimoine de demain. Les artistes et les dirigeants se succèdent, mais notre savoir-faire reste. Ce patrimoine immatériel imprègne les acquisitions du Mobilier National depuis quatre siècles.»

Vincent Darré, il a créé la scénographie surréaliste de l’exposition «Le Chic» avec des pièces de collection datant des années 1930 à 1960. ©Justine Rossignol

Le garde-meuble des dirigeants

Le Mobilier National pourrait être qualifié de «ministère du design», ou encore de «dépôt de meubles du pouvoir», mais l’histoire nous apprend que ces deux appellations seraient trop réductrices. En réalité, le Mobilier National est issu du Garde-Meuble de la Couronne. Au Moyen-Âge et à la Renaissance, quand les rois de France se déplaçaient de château en château, ils emportaient leur mobilier et leurs objets. Le Garde-Meuble était donc chargé de déplacer, de réparer et d’installer les intérieurs royaux. À partir de 1608, le roi de France dispose de ses propres ateliers de fabrication pour les objets d’art commandés par la maison royale. Louis XIV et son ministre Jean-Baptiste Colbert font du Garde-Meuble un organisme officiel. Celui-ci gère la collection existante et passe aussi de prestigieuses commandes de meubles, objets d’art ou tapisseries.

Le Mobilier National a survécu presque 400 ans et a servi la monarchie, l’empire et la république. «En tant qu’institution, c’est unique. Comme l’État français y investit énormément, le monde entier nous regarde avec des yeux émerveillés», explique Turpin. «C’est pourquoi les Français en sont si fiers.» Preuve en est la longueur de la file d’attente lors des Journées du patrimoine de septembre 2018, lorsque le Mobilier National a ouvert ses portes pour la première fois au grand public. «Il n’y avait qu’un seul endroit où les files d’attente étaient encore plus longues: le palais de l’Élysée. Nous avons quelque 140.000 pièces dans nos dépôts à Paris et en banlieue. C’est une collection qui appartient à tous les Français.»

Le Mobilier National est chargé de déplacer, réparer et installer les intérieurs des dirigeants français. ©Thibaut Chapotot

Le Mobilier National, dont le siège est situé dans le 13e arrondissement, emploie aujourd’hui 340 personnes qui disposent de sept ateliers de restauration pour le bois, le métal et le textile. Les designers invités à réaliser une création contemporaine travaillent avec son Atelier de recherche et de création hyper moderne, l’ARC.

Pour les designers et les artistes français, avoir un meuble ou un objet d’art dans la collection du Mobilier National est un honneur, doublé d’une petite frustration sous-jacente, car chaque création doit (en principe) être une pièce unique, alors que le design est, par définition, une production industrielle évolutive. Il est vrai que certains designers ont enfreint cette règle en collaborant avec un producteur pour leur prétendu «one-off Mobilier national», comme Robert Tallon, avec son célèbre tabouret chez Sentou. Ou encore à Olivier Mourgue, avec son fauteuil «Montréal», édité chez Airborne.

La chaise«Orria» de Patrick Jouin, conçue pour la Bibliothèque nationale en 2021, est produite par Alki, un éditeur du Pays basque. ©Thomas Duval

Bureau de Mitterrand

Aujourd’hui, c’est le Mobilier National lui-même qui ouvre la porte aux éditions «officielles». Pour la première fois, il sera possible d’avoir chez soi un meuble du Mobilier National. En collaboration avec des manufactures et des distributeurs français sélectionnés, on fera produire quelques pièces uniques en édition limitée, comme le bureau de Mitterrand, en concertation avec les héritiers de Pierre Paulin. La chaise «Orria» de Patrick Jouin, conçue pour la Bibliothèque nationale en 2021, sera produite par Alki, un éditeur du Pays basque français. Le bureau de bibliothèque «Eidos XXI» de Benjamin Graindorge est le fruit d’une collaboration avec le studio Ymer&Malta.

La première édition du bureau conçu par Pierre Paulin pour Mitterrand. ©Adrien Dirant

«Ainsi, nous soutenons également les petites PME françaises», convient Turpin. «D’ailleurs, ce magnifique bureau de bibliothèque de Graindorge n’a jamais été créé pour une ambassade ou un cabinet ministériel en particulier. Il nous arrive aussi de commander des pièces qui n’ont d’autre destination que la collection du Mobilier National. Les décorateurs et les ensembliers (une autre tradition française) ont pour mission de créer des intérieurs intéressants avec les pièces de collection du Mobilier National, dans lesquels créations contemporaines et pièces anciennes se complètent.»

Mobilier International

Certains auront peut-être remarqué que le bureau de bibliothèque de Graindorge était exposé à la Tefaf Maastricht en mars dernier, parmi des pièces historiques du Mobilier National. En avril, le meuble est apparu au salon du meuble de Milan, et plus précisément à Alcova, la section réservée aux marques de design les plus innovantes.

Il s’agit là aussi d’une révolution : Le Mobilier National s’internationalise. L’institution sort de son isolement français, ouvre (littéralement) ses portes et initie des collaborations avec des acteurs de premier plan dans le monde international du design et de l’architecture, comme la galerie de design new-yorkaise Demisch Danant.

Le bureau de Macron est une pièce unique de Thierry Lemaire. ©Mobilier national

En effet, jusqu’au 27 mai, elle présente une exposition consacrée aux commandes de l’État français à Pierre Paulin, dont le bureau de Mitterrand et le siège qui l’accompagne. L’architecte d’intérieur parisienne India Mahdavi vient d’aménager la Villa Médicis à Rome avec un mélange passionnant de créations propres et de pièces de la collection du Mobilier National. Quant à Vincent Darré, il a créé la scénographie surréaliste de l’exposition «Le Chic» avec des pièces de collection datant des années 1930 à 1960. «On vient d’annoncer que cette exposition se rendra bientôt à Shanghai.» Le Mobilier National au service de la diplomatie culturelle : une façon de sauver le design et l’art du mobilier à la française ?

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Impôts sur la fortune : les Norvégiens fortunés fuient leur pays

Publié le 19 Décembre 2022 par Dominique Dewitte - Business AM

Un impôt sur la fortune nette introduit par le gouvernement norvégien de centre-gauche s’est retourné contre lui. Plus de 30 des Norvégiens les plus riches ont fui en Suisse et dans d’autres pays cette année.

Les impôts sur la fortune fonctionnent rarement.

Lorsque l’ex-président français François « Je n’aime pas les riches » Hollande s’est ouvertement retourné contre les riches au début de son mandat en 2012 avec une supertaxe - abrogée par la suite - sur les grosses fortunes, 10.000 millionnaires français ont fui le pays.

Les riches partent ou se tournent vers les avocats fiscalistes

L’essentiel : Selon les chiffres du registre de la population, au moins 30 milliardaires et millionnaires norvégiens ont quitté le pays en 2022. Plus de 800 personnes riches ont été incitées à se tourner vers des avocats fiscalistes.

L’un d’eux est Kjell Inge Røkke, qui a fait fortune dans la pêche et était encore le Norvégien le plus riche en 2018. Il réside désormais à Lugano, en Suisse. Sa fortune est aujourd’hui estimée à 4,7 milliards de dollars par le magazine économique Forbes.

Selon Ole-Andreas Elvik Næss, de la Norwegian School of Economics, en déménageant, M. Røkke a économisé 10 milliards de couronnes norvégiennes (soit 950 millions d’euros) d’impôt sur les plus-values potentielles liées à la croissance de son patrimoine.

Suisse, Chypre, Italie

Les conséquences :  Les riches Norvégiens qui partent ont tendance à se diriger vers la Suisse, mais Chypre, l’Italie et le Canada sont également des destinations privilégiées.

Le groupe de Norvégiens fortunés qui a quitté le pays pour la Suisse cette année disposait d’une fortune cumulée de 29 milliards de couronnes norvégiennes (2,7 milliards d’euros) et a payé 550 millions de couronnes norvégiennes (52 millions d’euros) d’impôts, selon les déclarations fiscales accessibles du pays.

Cet « exode des riches » devrait se poursuivre, selon les Norvégiens fortunés et les conseillers fiscaux, car tous s’inquiètent des impôts qui, selon eux, nuisent à la compétitivité du pays.

Sur tout patrimoine supérieur à 162.500 euros

Quel est le problème ? L’impôt norvégien sur la fortune est prélevé sur toute fortune nette supérieure à 162.500 €. Cela à un taux de 1,1 % pour les très riches.

Comme l’État norvégien calcule l’impôt sur la valeur du bilan des entreprises, il oblige les propriétaires à verser des dividendes importants, voire à vendre une partie de l’entreprise.

C’est le cas de Fredrik Haga, dont la fortune, estimée à 1 milliard de dollars, repose en grande partie sur sa société de données de cryptomonnaies, Dune. Selon le Financial Times, lui aussi fait enregistrer son déménagement de Norvège en Suisse. « Il ne s’agit pas de ne pas payer d’impôts. Il s’agit de payer des impôts sur de l’argent que je n’ai pas », déclare Haga.

La classe moyenne finit par en payer le prix

Et ensuite ? Les politiciens ont généralement peu ou pas de contacts avec le monde des affaires. En revanche, ils excellent dans l’élaboration de règlements et la création de nouvelles taxes. Les conséquences ne sont visibles que plus tard. Les politiques de gauche sont également très demandées chez nous. Mais plus les riches quittent un pays, plus la classe moyenne doit contribuer pour compenser les sommes qui sont parties à l’étranger.

Selon un expert fiscal du groupe de réflexion norvégien Civita, « le système oblige les propriétaires à demander à leur entreprise des dividendes, qui sont parfois plus importants que les bénéfices. Cela réduit considérablement la volonté d’investir dans les entreprises. »

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Discours du Président de la République à la tribune de l'ONU

Publié le 21 Septembre 2022 par Philippe LE ROUX - ancien Délégué de la Circonscription dans International

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Monsieur le Président de l'Assemblée générale,

Madame la Secrétaire générale adjointe des Nations unies,

Mesdames et messieurs les chefs d'État et de Gouvernement,

Mesdames et messieurs les ministres,

Mesdames et messieurs les ambassadeurs,

C'est un honneur pour moi de prendre la parole devant cette Assemblée pour y porter la voix de la France. Et à cet instant, je pense à ceux qui se sont battus dans mon pays mais également partout dans le monde pour que, précisément, la France soit libre. A ceux aussi qui ont estimé que le destin de l'Europe ne pouvait leur être indifférent en d'autres temps, et celles-là, et ceux-là, qu'ils viennent d'Afrique, d'Asie, d'Océanie ou d'Amérique parce qu'une part de leur liberté comme de l'avenir du monde s'y jouait. Je pense à ceux qui ont écrit notre Charte et bâti les murs de cette organisation pour conjurer le pire une fois celui-ci advenu à deux reprises au XX siècle, infligeant à l'humanité tout entière d'indicibles souffrances.

N'oublions jamais cette dette. Elle sert les intérêts de tous nos pays et nous montre le chemin de la paix. Elle nous rappelle qu'il n'est d'autre centre de pouvoir légitime et durable que celui que les Nations décident souverainement en s'unissant. Elle nous dit que l'universalité de notre organisation n'est au service d'aucune hégémonie, d'aucune oligarchie géopolitique. Or, cet héritage, notre organisation, tout comme d'ailleurs nos choix en tant que Nations, sont aujourd'hui confrontés à une alternative.

Nous avons aujourd'hui à faire un choix simple, au fond : celui de la guerre ou de la paix. Le 24 février dernier, la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, a rompu par un acte d'agression, d'invasion et d'annexion, notre sécurité collective. Elle a délibérément violé la Charte des Nations unies et le principe d'égalité souveraine des Etats. Dès le 16 mars, la Cour internationale de justice a déclaré l'agression russe illégale et a exigé le retrait de la Russie. La Russie a décidé, ce faisant, d'ouvrir la voie à d'autres guerres d'annexion aujourd'hui en Europe, mais peut-être demain en Asie, en Afrique ou en Amérique latine.

On peut dire tout ce qu'on veut aujourd'hui, j'entends nombre de débats, j'ai entendu nombre de prises de parole. Il est une chose sûre et certaine : au moment où je vous parle, il y a des troupes russes en Ukraine et à ma connaissance, il n'y a pas de troupes ukrainiennes en Russie. C'est un état de fait et nous devons tous le regarder. Plus cette guerre dure, plus elle devient menaçante pour la paix en Europe, mais aussi pour celle du monde. Elle nous conduit vers une conflictualité élargie, permanente, où la souveraineté et la sécurité de chacun ne dépendent plus que de rapports de forces, de taille des armées, de la solidité des alliances ou des intentions des groupes armés et des milices. Où ceux qui se considèrent comme forts cherchent à soumettre par tous les moyens ceux qu'ils considèrent comme faibles.

Ce à quoi nous assistons depuis le 24 février dernier est un retour à l'âge des impérialismes et des colonies. La France le refuse et recherchera obstinément la paix. Là-dessus, notre position est claire et c'est au service de cette position que j'assume le dialogue conduit avec la Russie dès avant le déclenchement de la guerre, tout au long des derniers mois, et que je continuerai de l'assumer car c'est ainsi qu'ensemble, nous rechercherons la paix, la recherche de la paix par les initiatives prises au cours des années et des mois qui ont précédé le conflit pour l'éviter.

La recherche de la paix depuis le 24 février par le soutien humanitaire, économique et militaire que nous apportons au peuple ukrainien pour exercer son droit de légitime défense et préserver sa liberté, la recherche de la paix par notre condamnation de l'invasion d'un État souverain, de la violation des principes de notre sécurité collective, des crimes de guerre commis par la Russie sur le sol ukrainien et par notre refus de l'impunité. La justice internationale devra établir les crimes et juger les coupables.

La recherche de la paix, enfin, par notre volonté d'endiguer l'extension géographique et l'intensité de la guerre. Il nous incombe à cet égard de soutenir les efforts de l'Agence internationale de l'énergie atomique pour prévenir les conséquences de la guerre sur la sûreté et la sécurité nucléaire, comme nous le ferons demain aux côtés des Ukrainiens dont la souveraineté sur leurs centrales ne saurait être discutée. Nous avons obtenu qu'une mission de l'Agence se rende sur le terrain et établisse un rapport de façon indépendante. Nous travaillons ensemble pour prévenir le risque d'un accident dont les conséquences seraient dévastatrices.

Nous savons tous ici que seul un accord respectant le droit international permettra de rétablir la paix. Une négociation ne sera possible que si souverainement, l'Ukraine le veut et la Russie l'accepte de bonne foi. Nous savons tous aussi qu'une négociation n'aboutira que si la souveraineté de l'Ukraine est respectée, son territoire libéré, sa sécurité protégée. La Russie doit maintenant entendre qu'elle ne saurait imposer quelque volonté par des moyens militaires, même en y adjoignant avec cynisme des simulacres de référendum dans des territoires bombardés et désormais occupés. Il incombe aux membres du Conseil de sécurité de le dire haut et clair et aux membres de cette assemblée de nous soutenir sur ce chemin de la paix.

J'appelle à cette tribune les membres des Nations unies à agir pour que la Russie renonce au choix de la guerre, en mesure le coût pour elle-même et pour nous tous et mette un terme à son agression. Il ne s'agit pas ici de choisir un camp entre l'Est et l'Ouest, ni entre le Nord et le Sud. Il s'agit de la responsabilité de tous ceux qui sont attachés au respect de la Charte et à notre bien le plus précieux, la paix, car au-delà de la guerre, c'est un risque de division du monde qui se joue en raison des conséquences directes et indirectes du conflit.

Je sais qu'ici, dans cette assemblée, beaucoup nourrissent un sentiment d'injustice face aux conséquences énergétiques, alimentaires, économiques dramatiques de la guerre menée par la Russie. Je sais aussi que certains pays ici représentés sont restés dans une forme de neutralité à l'égard de cette guerre, mais je veux vous le dire avec la plus grande des nettetés aujourd'hui : qui voudrait mimer le combat des non-alignés en refusant de s'exprimer clairement se trompe et prend une responsabilité historique. Le combat des non-alignés, c'était un combat pour la paix. Le combat des non-alignés, c'était un combat au service de la souveraineté des États pour l'intégrité territoriale de chacun. Le combat des non-alignés, c'est cela. Ceux qui se taisent aujourd'hui servent malgré eux ou secrètement avec une certaine complicité la cause d'un nouvel impérialisme, d'un cynisme contemporain qui désagrège notre ordre international sans lequel la paix n'est possible.

La Russie s'emploie à installer l'idée aujourd'hui d'un double standard, mais la guerre en Ukraine ne doit être un conflit indifférent pour personne. Elle est proche pour les Européens qui ont choisi de soutenir l'Ukraine sans entrer en guerre avec la Russie. Elle est plus lointaine pour beaucoup d'entre vous, mais nous en avons tous les conséquences directes et nous avons tous un rôle à jouer pour y mettre un terme car nous en payons tous le prix. Par ses fondements même, cette guerre lancée par la Russie bafoue les principes au cœur de notre organisation, bafoue les principes du seul ordre international possible, le seul à pouvoir garantir la paix, c'est-à-dire le respect de la souveraineté nationale et de l'intangibilité des frontières.

À cet égard, ne confondant pas causes et conséquences, qui peut ici défendre l'idée que l'invasion de l'Ukraine ne justifiait aucune sanction ? Lequel d'entre vous pourrait considérer que le jour où quelque chose de semblable fait par un voisin plus puissant lui arrivait, le silence de la région et du monde serait la meilleure des réponses ? Qui peut le soutenir ? Qui peut croire qu'il suffirait que la Russie remporte cette guerre pour que nous passions à autre chose ? Personne. L'impérialisme contemporain n'est pas européen ou occidental. Il prend la forme d'une invasion territoriale adossée à une guerre hybride mondialisée qui utilise le prix de l'énergie, la sécurité alimentaire, la sûreté nucléaire, l'accès à l'information et les mouvements de population comme des armes de division et de destruction. C'est en cela que cette guerre porte atteinte à nos souverainetés à tous.

Aussi, la France se tiendra aux côtés des peuples libres des Nations unies pour faire face aux conséquences du conflit comme à toutes les inégalités qu'il accroît en récusant les logiques de blocs ou d'alliances exclusives car au-delà des conséquences directes de la guerre, le risque qui est aujourd'hui le nôtre est celui d'une nouvelle partition du monde. Certains voudraient nous faire croire qu'il y aurait d'un côté l'Ouest qui défendrait des valeurs dépassées au service de ses intérêts et de l'autre côté, le reste du monde qui a tant souffert et cherche à coopérer en soutenant la guerre ou en détournant le regard. Je récuse cette division pour au moins deux raisons.

La première par principe, et je viens de l'évoquer. Notre organisation porte des valeurs universelles, ne laissons pas s'installer l'idée sourde qu'il y aurait dans les valeurs de la charte quelque chose de régional, d'adaptable. Notre organisation a bien des valeurs universelles et la division face à la guerre en Ukraine est simple : êtes-vous pour ou contre la loi du plus fort, le non-respect de l'intégrité territoriale des pays et de la souveraineté nationale ? Êtes-vous pour ou contre l'impunité ? Je ne conçois aucun ordre international ni paix durable qui ne puisse être fondé sur le respect des peuples et le principe de responsabilité. Donc, oui, nos valeurs sont universelles et c'est pour cela qu'elles ne doivent jamais être au service d'une puissance qui viole ces principes. Et quand, ces dernières années, nous avons pris des libertés avec ces mêmes valeurs, nous avons eu tort, mais cela ne saurait aucunement justifier de fouler aux pieds ce que nous avons collectivement bâti après la Seconde Guerre mondiale.

Quand j'entends la Russie se dire prête à œuvrer à des coopérations nouvelles, à un ordre international nouveau, sans hégémonie, la belle affaire, mais sur quels principes ? L'invasion du voisin ? Le non-respect des frontières de celui qui ne me plaît pas ? Quel est cet ordre qui est hégémonique aujourd'hui, si ce n'est la Russie ? Que nous propose-t-on ? Que nous vend-on ? Quel rêve vend-on sur la bonne foi de certaines et certains ici ? Rien qui ne tienne longtemps. Ne cédons pas au cynisme qui désagrège l'ordre qui nous a construit et permet seul de tenir la stabilité internationale car ces valeurs qui sont les nôtres, le respect de la souveraineté nationale, de l'intégrité des frontières, je le dis, nous avons eu tort à chaque fois que nous avons pris des licences avec elles mais ce sont les valeurs que nous avons bâties après la Seconde Guerre mondiale, après les colonialismes. Refusons de faire bégayer l'histoire sous prétexte que ce sont aujourd'hui d'autres géographies qui sont touchées et ne cédons pas.

La deuxième raison de mon opposition à cette tentative de partition du monde est pragmatique. En fait, derrière les divisions naissantes, il y a une tentative de partition du monde qui renforce la tension entre les Etats-Unis et la Chine, et c'est à mes yeux une erreur funeste pour nous tous car ce ne serait pas une nouvelle guerre froide. Plusieurs puissances de désordre et de déséquilibre jouent de cette période pour multiplier les conflits régionaux, reprendre le chemin de la prolifération nucléaire et faire reculer la sécurité collective. Je pense donc que nous devons tout faire pour que cette nouvelle division ne vienne pas, car nos défis sont de plus en plus nombreux et urgents et nécessitent de nouvelles coopérations.

Regardons le Pakistan : un tiers du pays sous les eaux, plus de 1 400 morts, 1 300 blessés, des millions de personnes en situation d'urgence. Regardons la Corne de l'Afrique, la pire sécheresse depuis 40 ans et une saison des pluies qui sera sans doute pire encore. La moitié de l'humanité vit désormais dans la zone de danger climatique. Nos écosystèmes atteignent les points de non-retour. Regardons en Somalie, au Yémen, au Soudan du Sud, en Afghanistan : la famine revient. La crise alimentaire frappe partout et plus durement les plus fragiles. 345 millions de personnes dans le monde sont en situation de faim aiguë, dont 153 millions d'enfants. 55 guerres civiles sont en cours sur notre planète. 100 millions de personnes sont déplacées. Alors qu'entre 1990 et 2015, 137 000 personnes échappaient chaque jour à l'extrême pauvreté, 345 millions pourraient y tomber d'ici 2030 dans les pays touchés par les conflits.

Face aux crises, au dérèglement climatique, à la pandémie, à la montée des prix de l'alimentation, les plus vulnérables sont toujours les plus touchés. Les menaces sont toujours là en plus de tout cela, le terrorisme qui touche entre autres le Sahel comme le Moyen-Orient, la prolifération nucléaire en Iran comme en Corée du Nord, que nous n'avons pas réussi à endiguer. Telles sont nos urgences. Et à la cavalcade, la description que je viens d'en faire n'est pas exhaustive, mais elles sont à chaque fois ou le résultat des défaillances profondes de notre système international qui a su accompagner les bénéfices de la mondialisation mais n'a pas su endiguer ses fractures, ses menaces, ses déséquilibres, ou la conséquence de nos divisions entre nous.

Notre responsabilité commune est plutôt d'œuvrer pour aider les plus fragiles, les plus touchés à faire face à tous ces défis. Narendra MODI, le Premier ministre de l'Inde, a eu raison de le dire : l'heure n'est pas à la guerre. Elle n'est ni à la revanche contre l'Occident, ni à l'opposition de l'Ouest contre le reste. Elle est au sursaut collectif de nos pays souverains et égaux face aux défis contemporains. C'est pourquoi il est urgent de bâtir un nouveau contrat entre le Nord et le Sud, un contrat efficace et respectueux pour l'alimentation, pour le climat et la biodiversité, pour l'éducation. Le temps n'est plus aux logiques de blocs, mais à la construction de coalitions d'actions concrètes permettant de concilier intérêt légitime et bien commun.

Face à la crise alimentaire mondiale, la France a d'ores et déjà doublé ses financements au Programme alimentaire mondial. Nous avons bâti avec l'Union européenne les « corridors de solidarité » qui ont permis d'évacuer plus de 10 millions de tonnes de céréales par la voie terrestre depuis le printemps dernier. Ceci a été utilement complété par l'accord du 22 juillet dernier, permis grâce au travail du secrétaire général des Nations unies et qui a permis d'évacuer 2,4 millions de tonnes par la mer Noire, et qui se poursuit. Nous avons porté l'initiative FARM (Food and Agriculture Resilience Initiative), qui permet d'approvisionner les pays vulnérables à bas prix sans condition politique et d'investir dans la production agricole des pays qui souhaitent sortir de la dépendance.

Je vous annonce également que la France financera l'évacuation du blé ukrainien à destination de la Somalie en lien avec le partenariat alimentaire mondial. Nous le ferons avec solidarité, efficacité et exigence de pleine transparence.

Demain, nous réunirons l'Union africaine, les agences des Nations unies, l'Organisation mondiale du commerce, le FMI, les banques de développement et la Commission européenne pour bâtir un mécanisme viable d'accès aux engrais pour l'Afrique, en complément, là encore, des initiatives du secrétaire général sur ce point.

Sur le climat et la biodiversité, dans quelques semaines, nous nous retrouverons à la COP 27 en Égypte. Soyons clairs là aussi sur ce que signifie la transition juste. Notre premier combat collectif est l'éradication du charbon. La crise ne doit pas nous faire perdre le cap. Si nous n'en sortons pas, nous dépasserons plus encore que les prédictions ne le disent les deux degrés Celsius. Je suis prêt à investir dans les coalitions de financement JET (Just Energy Transition), comme nous l'avons par exemple fait avec l'Afrique du Sud il y a quelques mois, et nous devons poursuivre cette logique.

Mais la Chine et les grands émergents doivent prendre une décision claire à la COP. C'est impérieux. Nous devons bâtir à cet égard, autour des grands émergents, des coalitions d'acteurs étatiques avec nos grandes institutions financières internationales pour bâtir des solutions complètes de production d'énergie et de changement des modèles de production industrielle, qui seuls permettront ces transitions.

Ensuite, le G7 doit mener l'exemple. Les pays les plus riches doivent accélérer leurs programmes de neutralité carbone, mais aussi faire l'effort de sobriété et partager les technologies vertes. Vous savez, en la matière, pouvoir compter sur l'Union européenne. Je crois aussi qu'il nous faut reconnaître qu'il existe, pour les pays les plus pauvres, une difficulté à agir en même temps pour la lutte contre la grande pauvreté et l'accélération de la transition. Nous ne pouvons pas demander la même chose à l'Afrique subsaharienne, aux 600 millions de personnes qui n'ont toujours pas accès à l'électricité et aux grands émetteurs. C'est pourquoi la solidarité financière, la solidarité technologique des plus riches doit être renforcée sur le plan climatique à l'égard des pays les plus pauvres. Apporter des financements, apporter des solutions et accélérer cet agenda comme nous avons su le faire au moment de la pandémie, mais de manière encore plus forte, plus efficace, plus résolue.

Nous devons aussi, dans ce contexte, protéger ensemble nos puits de carbone et nos trésors de biodiversité. La France accueillera avec le Costa Rica la Conférence des Nations unies pour les océans en 2025. Faisons-en la COP21 des océans.

Sur la santé, nous devons apprendre de la pandémie de Covid-19. À cet égard, nous devons reconnaître que notre première ligne de défense, ce sont les systèmes et les personnels de santé dans les pays les plus fragiles. J'insisterai sur ce point crucial lors de la reconstitution du Fonds mondial pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, dont la France restera l'un des tout premiers contributeurs. Nous devons aussi nous assurer que l'OMS mette bien en place les systèmes d'alerte précoce dont nous avons besoin pour prévenir la propagation d'autres virus et nous devons traiter ensemble santé humaine et animale. C'est le sens même de l’initiative “Une seule santé” que la France porte avec plusieurs autres.

Comme nous le faisons avec le Partenariat mondial pour l’éducation, poursuivons nos efforts pour que les enfants aillent à l’école après une pandémie qui les en a privés. C’est lutter à la source contre toutes les inégalités et travailler pour notre avenir à tous.

Vous le voyez, sur tous ces sujets, c’est plus de coopération, ce sont des partenariats d’acteurs, entre l’Ouest le Sud, entre le Nord et le Sud, qu’il faut développer. C’est plus d’engagement dans nos grandes institutions. Tout cela, c’est l’inverse d’une division qu’on veut installer. Qui pendant la pandémie était là ? Qui propose des financements face à la transition climatique ? Pas ceux qui aujourd’hui vous proposent un nouvel ordre international et qui n’avaient pas de vaccin qui marche et qui ont été peu solidaires, et qui n’apportent rien face au climat.

Face à tous ces défis, qui sont les nôtres collectivement, nous devons être plus solidaires, coopérer davantage, mais en aucun cas céder à des sirènes qui ne mènent nul part. Pour y arriver, nous devons aussi être lucides sur la situation des pays les plus pauvres et des pays à revenus intermédiaires qu’ils soient en Afrique, sur le continent sud-américain, en Asie ou dans le Pacifique. La pandémie a encore accru les inégalités, la guerre et ses conséquences accroissent les difficultés pour nombre de ces pays. Le G20 doit donc impérativement tenir l'objectif qu'il s'est donné l'an dernier de mobiliser 100 milliards de dollars à partir des droits de tirage spéciaux.

Mais nous devons aller plus loin et plus fort. D'abord sur la base de ces émissions de droits de tirage spéciaux du FMI, nous devons mettre en œuvre ce à quoi nous nous sommes engagés. Tant de pays, en particulier en Afrique, n'ont pas encore vu cet argent et nous ne pouvons plus leur expliquer que tel parlement bloque, que telle règle l'empêche. C'est impossible ! Nous arriverons trop tard. Mais nous devons aller plus loin car la difficulté est encore plus grande. Il nous faut donc passer à 30% de réallocation de nos droits de tirage au profit des pays africains les plus exposés et des pays les plus pauvres partout sur la planète.

Et nous devons, avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, réengager nos dispositifs qui ne sont plus adaptés au contexte actuel. Les règles que nous appliquons aujourd'hui sont les règles des années 80. La situation de notre planète post-Covid 19, avec une accélération du dérèglement climatique et d'un effondrement de la biodiversité, et en raison des déséquilibres créés par la guerre, accroît nos exigences de solidarité. Il nous faut un nouveau pacte financier avec le Sud. Voilà notre vraie ligne de front, celle qui doit nous rassembler non pas contre un ennemi commun, non pas contre des histoires fausses ou des révisions historiques, mais pour la planète que nous habitons tous et pour l'égalité des chances à l'échelle de l'humanité.

Ce combat, c'est le nôtre, c'est celui qui nous réunit tous. Il suppose simplement de faire un peu plus d'efforts, de tenir nos accords, d'être exigeant et respectueux les uns avec les autres. Mais ce combat, qui est le vrai, si nous ne sommes pas capables de le mener ensemble, sera la source de toutes les fractures et des conflits à venir. J'invite tous ceux qui veulent bâtir avec nous ce nouveau contrat à venir au Forum de Paris sur la Paix le 11 novembre prochain pour préparer le G20 de Bali et avancer ensemble, sans jamais renoncer aux valeurs qui nous sont communes et aux principes qui nous guident.

Allons à l'essentiel, ne nous résignons pas à la fragmentation du monde et à la montée des menaces à la paix, ne permettons pas que les crises s'additionnent, que les conflits sans solutions se multiplient et que prolifèrent les armes de destruction massive. Ce sont autant de risques que nous ne pourrons plus maîtriser à l'avenir sans associer les puissances régionales les plus directement concernées. C'est précisément ce travail d'association des puissances régionales que nous voulons faire au Moyen-Orient en assurant le suivi de la Conférence de Bagdad que nous avons tenue en 2021, pour la stabilité de l'Irak, pour celle du Liban et de toute la région.

Les membres du P5 ne sont plus les seuls à avoir leur mot à dire. Et s'ils l'ont, et ils l'ont incontestablement, cela ne peut désormais fonctionner que si nous sommes capables d'œuvrer plus largement au consensus international nécessaire à la paix. C'est pourquoi je souhaite que nous engagions enfin la réforme du Conseil de sécurité afin qu'il soit plus représentatif, accueille de nouveaux membres permanents et reste capable de jouer tout son rôle en limitant le recours au droit de veto en cas de crimes de masse. Ce qu'il nous faut faire ensemble, c'est bâtir la paix et l'ordre international contemporain au service des objectifs de notre Charte. Sur ce chemin, les Nations unies pourront indéfectiblement compter sur la France. Sur ce chemin, chaque pays ici présent pourra indéfectiblement compter sur la France.

Je vous remercie.

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Harcèlement scolaire et cyberharcèlement : comment protéger ses enfants ?

Publié le 20 Septembre 2022 par Dossier de La Banque Postale dans Edito

Le harcèlement scolaire est un phénomène dramatique qui touche de plus en plus d’élèves chaque année, d’autant plus qu’il est prolongé aujourd’hui hors de l’école, en ligne, par le cyberharcèlement. Comment faire face à ces dangers, protéger ses enfants et y mettre fin. Voici quelques conseils pour vous guider.

Harcèlement scolaire : comment le reconnaître et agir ?

Le harcèlement scolaire est une violence répétée et continue, qui peut être verbale, physique ou psychologique, perpétrée par un ou plusieurs élèves à l’encontre d’un autre camarade.

Le harcèlement scolaire touche chaque année 700 000 enfants(1) dont 12 % des primaires (surtout CE2, CM1 et CM2), 10 % des collégiens et 4 % des lycéens(2).

Le harcèlement scolaire se fonde sur le rejet de la différence et la stigmatisation de certaines caractéristiques telles que :

  • un trouble de la communication (bégaiement, timidité excessive)
  • l’appartenance à un groupe social
  • des centres d’intérêt différents
  • L’apparence physique (taille, poids, …)
  • le sexe (identité de genre)
  • un handicap

     

Qu'est-ce qui différencie le harcèlement scolaire d'une simple chamaillerie d'enfants ?

Pour qu’on parle de harcèlement scolaire, il faut que 3 caractéristiques soient réunies : La violence, la répétition et l’isolement.

Découvrir l'interview de Laurent Boyet sur le harcèlement scolaire

Quels signes doivent alerter ?

En tant que parent, il n’est pas toujours évident d’identifier une situation de harcèlement scolaire chez son enfant. Selon son caractère et son âge les signes peuvent être très différents. Il n’y a pas de liste exhaustive de signaux d’alerte.

Selon Laurent Boyet, président de l’Association Les Papillons, «les parents doivent avant tout être attentifs et s’interroger à tout changement brutal dans le comportement de leurs enfants, dans leurs attitudes, leurs résultats scolaires… Des sentiments tels que l’angoisse et la honte, la perte de confiance en soi, le refus de changer de vêtements, de se laver ou à l'inverse la propreté compulsive, sont également des signaux d’alertes. Le rapport au corps est très souvent un message. Tous les comportements pour attirer l'attention doivent vraiment… attirer l'attention.»

Découvrir le témoignage de Manon, victime de harcèlement scolaire

Que faire si mon enfant est victime de harcèlement scolaire ?

Ne tentez pas de gérer vous-même le problème, ni de contacter l’auteur des faits : cela pourrait aggraver la situation. Il faut avant tout en parler pour trouver de l’aide et des solutions pour y mettre fin.

 

Découvrir l'interview de Charlotte sur le harcèlement scolaire

 

- Adressez-vous à l’enseignant et/ou la direction de l’établissement scolaire de votre enfant

Exposez en détail ce qu’il subit. Vous pouvez vous aider de la fiche de repérage pour noter ce que vous avez constaté. N’hésitez pas à demander quelles sont les actions qui seront menées, les mesures prises pour protéger votre enfant et les réponses proposées pour prendre en charge le problème. Si la situation est avérée, l’établissement scolaire mettra en œuvre, avec vous, les solutions adaptées pour que votre enfant ne subisse plus cette violence. 

- Appelez le 3020, plateforme d’écoute et de prise en charge au service des familles et des victimes

Le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse met à la disposition des élèves, des familles et des professionnels un numéro pour signaler les situations de harcèlement entre élèves. Ce dispositif téléphonique, gratuit depuis tous les postes, propose écoute, conseil et orientation aux appelants. 

Lorsque les situations de harcèlement sont repérées au cours de l’entretien téléphonique et avec l’accord des personnes concernées, elles sont alors transmises aux référents harcèlement de l’Éducation nationale grâce à un outil sécurisé fourni par l’administration.

Le 3020 est joignable du lundi au vendredi, sauf jours fériés, de 9h à 20h du lundi au vendredi et de 9h à 18h le samedi.

30 20Numéro gratuit

- Contactez le référent « harcèlement » de votre académie

337 référents "harcèlement" sont répartis sur tout le territoire pour sensibiliser, accompagner et former. Ils supervisent et coordonnent les actions pour résoudre les situations de harcèlement signalées, grâce à la plateforme du 3020 ou grâce aux relais locaux ils accompagnent et facilitent le dénouement en étant un interlocuteur privilégié des familles.

Trouver le référent harcèlement de votre académie

- Si la situation le nécessite, déposez plainte pour harcèlement

Le harcèlement scolaire est désormais reconnu comme un délit pénal qui pourra être puni jusqu'à 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende dans les cas les plus graves.

 

 

Le cyberharcèlement : comment y faire face et s'en protéger ?

Le cyberharcèlement est une forme de harcèlement né avec internet et le développement des nouvelles technologies numériques. C’est un acte agressif et intentionnel perpétré par un ou plusieurs individus à l’encontre d’une victime via les réseaux sociaux, les téléphones portables, les forums, les jeux en ligne, etc.

Il touche 20 % des enfants entre le primaire et le lycée et dans 45 % des cas, le cyberharcèlement débute par jalousie ou volonté de vengeance.(4)

51 % des victimes sont des jeunes filles âgées en moyenne de 13 ans. Elles sont 3 fois plus exposées à des cyber violences à caractère sexuel (sexting, contraction de « sex » et « texting »).(4)

 

Le cyberharcèlement peut prendre plusieurs formes :

  • Les propos intimidants, insultes, moqueries ou menaces en ligne
  • la propagation de rumeurs
  • le piratage de comptes et l’usurpation d’identité numérique
  • le lancement d’une discussion, d’un groupe ou d’une page sur un réseau social à l’encontre d’un camarade de classe
  • la publication d’une photo ou d’une vidéo de la victime en mauvaise posture
  • le sexting 

 

Découvrir l'interview de Laurent Boyet sur le cyberharcèlement

 

Comment préserver mon enfant du cyberharcèlement ?

Les enfants accèdent de plus en plus jeunes aux outils et ressources numériques : internet, portable, réseaux sociaux, jeux en lignes… On oublie souvent qu’ils n’en connaissent pas toujours les usages ni les risques. En tant que parent, vous pouvez jouer un rôle dans la prévention et la protection de votre enfant face au cyberharcèlement.

  • Expliquez-lui le phénomène du cyberharcèlement pour éviter de le banaliser et libérer la parole. Victime ou témoin, il doit se confier à un adulte et le dénoncer. 
  • Familiarisez-le au savoir-vivre numérique : respect du droit à l’image pour moi comme pour les autres, les limites de la liberté d’expression, savoir ce qui peut ou pas être partagé/liké, sécuriser son profil, être vigilant face aux «amis» virtuels que j’accepte.
  • Sensibilisez-le sur l’impact que peuvent avoir des propos tenus sur internet et leurs conséquences réelles sur la victime ou pour lui d’un point de vue pénal.
  • Installez le contrôle parental sur les appareils numériques de votre enfant, et contrôlez régulièrement ses comptes sur les réseaux sociaux et les messageries afin de créer un espace sécurisé pour l’accompagner dans son apprentissage numérique.

Quels signes doivent alerter ?

Comme pour le harcèlement scolaire, tout changement de comportement doit vous alerter. De même que des messages suspects sur sa messagerie ou ses réseaux sociaux.

Que faire si mon enfant est victime de cyberharcèlement ?

Ne tentez pas de régler le problème vous-même. Nous vous conseillons de vous adresser à des structures dédiées à la lutte contre le cyberharcèlement.

- Appelez le 3018, le numéro national pour jeunes victimes de violence numérique et leurs parents

Le 3018 est un numéro gratuit, anonyme et confidentiel accessible par téléphone 6 jours sur 7, de 9 heures à 20 heure. Son équipe, composée de psychologues, juristes et spécialistes des outils numériques, est formée à la protection des mineurs sur Internet et à l’accompagnement des parents dans leur rôle d’éducation : cyberharcèlement, revenge porn, chantage à la webcam, surexposition aux écrans, jeux vidéo, exposition à des contenus violents & pornographiques, contrôle parental, paramétrage de compte sur les réseaux sociaux ou encore piratage de compte, usurpation d’identité.

Tiers de confiance auprès des réseaux sociaux, le 3018 dispose d’une capacité d’intervention unique en France via une procédure de signalement accélérée pour obtenir la suppression de contenus ou comptes préjudiciables en quelques heures.

30 18Numéro gratuit

- PHAROS, portail officiel de signalement des contenus illicites de l’Internet

Site web développé par le gouvernement français pour signaler des contenus et comportements en ligne illicites tels que des faits de pédophilie/pornographie, expression du racisme/antisémitisme/xénophobie, incitation à la haine raciale/ethnique/religieuse, terrorisme et apologie du terrorisme, escroquerie et arnaque financières utilisant internet.

Les signalements peuvent être réalisés par n'importe quel citoyen sur le site Internet de la plateforme. Une équipe de 50 agents de police et de gendarmerie analysent les signalements, et peuvent alerter les services compétents telle que la police nationale, la gendarmerie nationale, les douanes, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes en France et à l’étranger (en passant par Interpol).  

- Dépôt de plainte pour cyberharcèlement

Selon l’article 222-33-2 du Code pénal, le cyberharcèlement est une circonstance aggravante du harcèlement moral, « lorsque les faits ont été commis par l’utilisation d’un service de communication au public en ligne ou par le biais d’un support numérique ou électronique ».  C’est un délit punissable et les sanctions peuvent aller jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 € d’amende si l’auteur est majeur et que la victime a moins de 15 ans. 

Les boîtes aux lettres de l'Association Les Papillons

En accord avec les villes, les écoles, les clubs sportifs, l’Association Les Papillons installe des boites aux lettres au plus près des enfants pour leur permettre de dénoncer, à leur rythme et en toute discrétion, les violences ou les maltraitances dont ils sont témoins ou victimes.

L’association a également développé des boites aux lettres virtuelles qui permettent aux enfants comme aux adultes de dénoncer des faits de violence ou de harcèlement.

Dénoncer des faits de violence ou de harcèlement

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Coupe du monde 2022. Le documentaire accablant d’Amnesty International sur les exploités du Qatar

Publié le 18 Septembre 2022 par Julien Defresne - Ouest France

À deux mois du coup d’envoi de la Coupe du monde au Qatar, Amnesty International France sort un documentaire réalisé par Arnaud Constant et Nicolas Thomas. Ce documentaire fait le point sur une situation dramatique où 95 % de la main-d’œuvre du pays est formée de travailleurs migrants, surexploités et réduits à l’état de quasi-servitude

Cliquer pour regarder le reportage sur Youtube (12min58)

À l’heure où les stars du monde sportif ou les influenceurs du web rémunérés vantent tous les atouts du Qatar, Amnesty International France a décidé de dévoiler la face sombre du pays du Moyen-Orient.

Arnaud Constant et Nicolas Thomas ont réalisé un documentaire (disponible sur Youtube) pour montrer que rien ou presque rien n’a évolué à Doha et cela malgré la mise en place de réformes depuis 2018. La main-d’œuvre qui se compte en millions de personnes venues notamment d’Asie du Sud Est, travaille et vit dans des conditions de quasi-servitude.

Amnesty International souhaite que la FIFA (qui devrait générer 6 milliards de bénéfices) agisse notamment en reversant 400 millions de dollars pour initier un programme d’indemnisation des victimes depuis 2010.

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Coupe du monde 2022. « Une aberration, une mascarade » : Cantona va boycotter le Mondial au Qatar

Publié le 14 Septembre 2022 par Philippe LE ROUX - ancien Délégué de la Circonscription

L’ancien footballeur Éric Cantona a annoncé, dans une lettre diffusée sur les réseaux sociaux, qu’il ne regarderait « pas un seul match » de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Pour lui, ce Mondial est une « aberration » ainsi qu’une « grande mascarade ».

Une lettre qui fait parler sur les réseaux sociaux : celle de l’ancien footballeur Éric Cantona, annonçant qu’il allait boycotter la Coupe du monde 2022 au Qatar (21 novembre au 18 décembre). Dans son écrit, l’ancien joueur des Bleus juge que l’organisation de ce Mondial est une « aberration » ainsi qu’une « grande mascarade ». 

copie de la lettre d'Eric Cantona

« Depuis que je suis gosse, c’est un événement que j’adore […], écrit Éric Cantona. Parfois dans la vie, il faut prendre des décisions, même si ça nous coûte. » Il a donc pris la décision de ne « pas regarder un seul match » de la compétition ainsi que de ne pas se soucier du sort de l’équipe de France. « Que la France gagne ou perde, rien à carrer ! », peut-on lire.

Les appels au boycott de la Coupe du monde 2022 au Qatar s’intensifient à l’approche de la compétition, qui doit se jouer en novembre prochain. Un média français, Le Quotidien de la Réunion, a d’ailleurs annoncé qu’il ne couvrirait pas l’événement.

Plusieurs griefs sont faits aux organisateurs : le non-respect des droits humains, le non-sens climatique ou encore le manque de liberté d’expression.

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Les documents gardés par Donald Trump étaient si confidentiels que même la sécurité nationale de Joe Biden n'étaient pas autorisés à les consulter

Publié le 9 Septembre 2022 par plusieurs agences de presse dans International

Les documents récupérés dans la maison de l'ancien président Donald Trump à Mar-a-Lago étaient si secrets que certains hauts responsables de la sécurité nationale de l'administration actuelle de Joe Biden n'ont pas eu l'autorisation de les consulter, a rapporté le Washington Post.

Les documents récupérés dans la maison de l'ancien président Donald Trump à Mar-a-Lago étaient si secrets que certains hauts responsables de la sécurité nationale de l'administration actuelle de Joe Biden n'ont pas eu l'autorisation de les consulter, a rapporté le Washington Post.

Le 8 août, le FBI a exécuté un mandat de perquisition à Mar-a-Lago et confisqué 10000 documents gouvernementaux, y compris 11 séries de documents classifiés, d'après des documents judiciaires. Selon le mandat publié, le FBI enquête si plusieurs lois ont été enfreintes, y compris la loi sur l’espionnage, qui interdit le transfert d’informations susceptibles de nuire aux États-Unis.

Le nouveau rapport, citant plusieurs sources anonymes proches de l’enquête Mar-a-Lago, ajoute à la préoccupation croissante quant à la sensibilité des documents que Trump a conservés à son domicile de Palm Beach, en Floride, sans en savoir plus sur la sécurité de l’endroit où ils étaient détenus.

Selon une source proche de l'enquête, lorsque les enquêteurs ont commencé à examiner les documents saisis, ils ont été "alarmés" par la confidentialité de certains documents. Selon le Post, la plupart des hauts responsables de la sécurité nationale ignorent certains de ces documents. Les seules personnes habilitées à autoriser ces documents sensibles étaient le président, quelques membres du cabinet du président ou des responsables proches du cabinet, a déclaré une source anonyme.

Selon des sources, les documents contenaient des informations sur les capacités de défense nucléaire des pays étrangers. En outre, 100 documents classifiés et 48 documents vides portant la mention "CLASSIFIED" ont été récupérés lors du raid du 8 août à Mar-a-Lago, selon l'inventaire de ce qui a été saisi, publié vendredi.

Les représentants du ministère de la Justice, de la Maison-Blanche, du Bureau du directeur du renseignement national et de M. Trump n'ont pas répondu immédiatement à la demande de commentaires d'Insider. Le FBI a refusé d'émettre un commentaire.

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L'UE renforce son aide militaire au Mozambique après des attaques jihadistes

Publié le 9 Septembre 2022 par AFP dans International

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a réaffirmé jeudi le soutien de l'UE au Mozambique en annonçant une nouvelle aide militaire pour aider le pays face au "terrorisme", après plusieurs attaques sanglantes attribuées aux jihadistes dans le nord.

Arrivé en provenance d'Afrique du Sud pour une visite de deux jours au Mozambique, M. Borrell s'est entretenu dans la capitale Maputo avec le président Filipe Nyusi et sa ministre des Affaires étrangères Veronica Macamo, où il a lors d'une conférence de presse "exprimé l'engagement et la solidarité de l'UE avec le Mozambique dans son combat contre le terrorisme".

Il a ajouté que l'UE avait approuvé jeudi une aide militaire supplémentaire de 15 millions d'euros pour soutenir le Mozambique dans l'instable province du Cabo Delgado (nord), régulièrement ensanglantée par des attaques attribuées aux jihadistes.

Ces fonds permettront de fournir à Maputo des équipements et des véhicules notamment, et s'ajoutent aux 89 millions d'euros déjà prévus pour soutenir les forces armées mozambicaines, a précisé l'UE dans un communiqué.

Mme Macamo a décrit la relation euro-mozambicaine comme "excellente", et M. Nyusi a salué le soutient de l'UE, qui inclut la création d'une base militaire d'entraînement des forces mozambicaines, que M. Borrell doit visiter vendredi.

La visite de M. Borrell intervient au lendemain du meurtre d'une religieuse italienne dans une attaque contre le siège de sa congrégation dans la province de Nampula (nord-est), revendiquée par le groupe État Islamique.

Cette attaque est "un sombre rappel que le combat contre le terrorisme n'est pas fini, et que malheureusement il s'étend hors de la région de Cabo Delgado", a souligné M. Borrell.

Mercredi, le président Nyusi avait indiqué que six personnes avaient été décapitées, trois kidnappées et des dizaines de maisons incendiées dans des attaques à Nampula et dans d'autres villes depuis le 27 août.

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Quels sont les effets des sodas «light» ou «zéro» sur la santé?

Publié le 9 Septembre 2022 par AFP dans Infos

En réalité, dans les sodas « light » et « zéro », le sucre est remplacé par des édulcorants artificiels (comme l’aspartame, le sucralose, l’acésulfame K, la saccharine…).

On retrouve ces édulcorants dans des milliers de boissons mais aussi d’aliments, car ils permettent de réduire la quantité de sucre et les calories associées tout en conservant un goût sucré. Mais l’innocuité de ces additifs alimentaires fait débat.

Risque de maladies cardiovasculaires…

En effet, les édulcorants pourraient être associés à des risques accrus de maladies cardiovasculaires, selon une étude française publiée jeudi dans le British Medical Journal.

Les personnes consommant le plus d’édulcorants, notamment d’aspartame et d’acésulfame-K, ont un risque plus élevé de cancer, concluait une étude observationnelle française, publiée en mars par des chercheurs de différents instituts (Inserm, Inrae, université Sorbonne Paris Nord, Cnam).

Pour explorer cette fois les risques cardiovasculaires associés, les chercheurs ont utilisé la même méthodologie sur les données de santé et de consommation d’édulcorants de 103.388 Français et Françaises adultes participant à l’étude de cohorte NutriNet-Santé.

Entre autres renseignements, les volontaires ont détaillé leurs consommations alimentaires.

37 % des participants ont consommé des édulcorants, en moyenne 42,46 mg/jour, soit l’équivalent d’un sachet individuel d’édulcorant de table ou de 100 ml de soda light.

… Mais pas que

Après avoir recueilli des informations sur le diagnostic de maladies cardiovasculaires au fil du suivi (2009-2021), des analyses statistiques ont étudié les associations entre consommation d’édulcorants et risque de telles maladies.

Selon l’étude, les édulcorants artificiels, notamment aspartame, acésulfame-K et sucralose, sont associés à des risques accrus de maladies cardiovasculaires, cérébrovasculaires et coronariennes.

Sur neuf ans de suivi, 1.502 événements cardiovasculaires sont survenus (crises cardiaques, angines de poitrine, angioplasties, accidents vasculaires cérébraux…).

Jusqu’alors, des études avaient suggéré une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires associé à la consommation de boissons édulcorées. Aucune ne s’était penchée sur l’exposition aux édulcorants dans leur ensemble, selon les auteurs.

« Pas une alternative sûre »

« Ces résultats, en accord avec le dernier rapport de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) publié cette année, ne soutiennent pas l’utilisation d’édulcorants en tant qu’alternatives sûres au sucre », conclut le Dr Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm et coordinatrice de l’étude.

Celle-ci comporte cependant des limites.

Cette « étude observationnelle ne peut répondre à la question posée » en raison de « différences majeures dans de nombreuses caractéristiques des personnes consommant des édulcorants artificiels par rapport à ceux qui n’en consomment pas », a notamment jugé, auprès du Science Media Center, Naveed Sattar, professeur de médecine des maladies métaboliques à l’université de Glasgow.

À ses yeux, elle « suggère beaucoup trop fortement un lien de causalité entre les édulcorants et les maladies cardiovasculaires » avec une méthodologie pas assez solide, et il faudrait des « essais randomisés à plus long terme et de plus grande envergure ».

D’autres recherches seront nécessaires pour reproduire et éventuellement confirmer ces résultats.

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Mort de la reine Elizabeth II : après soixante-dix ans d’un règne hors du commun, la souveraine laisse une empreinte durable sur la monarchie

Publié le 8 Septembre 2022 par Marc Roche - Le Monde dans International

La reine, qui avait accédé au trône en 1952 à l’âge de 25 ans, est morte le 8 septembre à 96 ans. Monarque impassible, vénérée par le peuple britannique, cheffe des armées, gouverneure suprême de l’Église anglicane, elle a été l’interlocutrice de quinze premiers ministres britanniques.

C’était en 1991 à Harare, capitale du Zimbabwe, à l’issue d’un sommet du Commonwealth. Quand Elizabeth II a fait son apparition sous la marquise dressée sur la pelouse du Haut-Commissariat britannique, l’invité s’est figé. La souveraine est plus petite qu’on ne l’imagine. Sa poignée de main est molle. Sa voix nasillarde, ses fins de phrase pratiquement inaudibles. Cette femme qui dégage une autorité naturelle toise son interlocuteur d’un sourire à peine esquissé. Le dialogue se limite à deux questions banales. Un court silence s’installe. La reine disparaît. La monarque excelle dans cette double nécessité de paraître à la fois accessible et inaccessible. C’est une vraie reine, comme l’avait déclaré, admiratif, le président Mitterrand.

On avait toujours l’impression d’avoir vu Elizabeth II, morte le 8 septembre, à l’âge de 96 ans, dans un musée de cire, comme chez Madame Tussauds à Londres. C’est que cette page vivante d’histoire avait été l’interlocutrice de quinze premiers ministres britanniques, de quatorze présidents américains, de l’ensemble des chefs d’Etat de la Ve République. N’avait-elle pas eu pour interlocuteurs toutes les personnalités politiques de la planète, de Churchill à de Gaulle en passant par Kennedy et par Nehru ?

C’était en même temps un symbole. Sous son règne, le Royaume-Uni avait connu toutes les joies du succès et les affres de la défaite, démontrant ainsi qu’une nation prise entre un équilibre ancien déjà rompu et un équilibre nouveau qui reste à inventer peut, à travers la monarchie, se refaire.

Courtoise, imperturbable

Monarque la plus photographiée et peinte du globe, Elizabeth II était, de surcroît, un ordinateur vivant. Si elle n’avait pas été reine, murée dans son silence et dans une dignité qui siéent non seulement à un chef d’État et d’un Empire, aujourd’hui devenu Commonwealth, mais encore au chef des armées et au gouverneur suprême de l’Église anglicane, quelle mémorialiste elle aurait pu être ! On peut toutefois se demander si secrètement cette femme petite, timide, à l’éducation sommaire, n’a pas détesté cette charge sa vie durant.

Peu embarrassée de préoccupations littéraires ou artistiques, Elizabeth II était le prototype même de cette « gentry terrienne » anglaise toute dévouée au culte des animaux. En dehors de ses visites officielles, elle était toujours entourée de ses chers corgis assurés d’un soin particulier. Personne n’avait jamais rien pu lire sur ce visage lourd de secrets qu’elle emporte dans sa tombe.

C’était toujours la même impassibilité dans les situations les plus dramatiques, la même maîtrise devant des événements éprouvants. L’image la montrant seule, sur une stalle de la chapelle du château de Windsor, toute vêtue de noir face au cercueil de son époux le prince Philip, lors des obsèques de ce dernier, le 17 avril 2021, résume son stoïcisme. Courtoise, imperturbable, elle n’avait jamais sourcillé face aux attaques cruelles de la presse tabloïde contre sa famille, en particulier lors de la crise provoquée par la mort de la princesse Diana, dans un accident de la circulation, à Paris, le 31 août 1997. La reine, probablement affectée par la rupture, en 2020, de son petit-fils Harry et de son épouse Meghan Markle avec les Windsor n’en a rien laissé paraître, tentant seulement, par un communiqué, d’apaiser les tensions. Elle n’a rien exprimé lorsque son fils Andrew a été accusé d’agression sexuelle sur une mineure, mais lui a retiré, en janvier 2022, ses titres militaires et ses parrainages d’associations. Même à ses rares amis, Elizabeth II ne se livrait guère.

Lorsqu’elle naît à Londres, dans l’élégant quartier de Mayfair, le 21 avril 1926, rien ne prédestine Elizabeth Mary Windsor au trône. Elle est le premier enfant du duc et de la duchesse d’York. Le duc est le second fils du roi George V, auquel a succédé tout naturellement, le 20 janvier 1936, le prince de Galles, Edward. Nièce du futur roi, elle est promise à devenir un membre mineur de la famille royale.

Le cheval, la passion de sa vie

Son enfance est idyllique. Mais le 10 décembre 1936, à la suite de l’abdication de son oncle, Edward VIII, son père monte sur le trône sous le nom de George VI. Devenue princesse héritière à 10 ans, Elizabeth se retrouve avec ses parents et sa jeune sœur, Margaret, propulsée, du jour au lendemain, sous les projecteurs de l’actualité.

Très vite, elle fait l’apprentissage des charges qui seront les siennes. Tandis que Margaret se distingue par sa fantaisie, Elizabeth se caractérise par son sérieux et son application. Sa gouvernante, la vicomtesse Marie-Antoinette de Bellaigue, lui enseigne le français. La princesse, alors âgée de 13 ans, prononce son premier discours officiel dans notre langue à l’occasion de la visite d’État à Londres du président Lebrun en 1939.

Elizabeth n’a jamais fréquenté aucune école. Des tuteurs privés l’initient également à l’allemand, langue dans laquelle elle a rapidement pu tenir une conversation, mais aussi à l’histoire et aux rudiments des affaires de l’État. La princesse apprend à monter à cheval, sport qui restera sa grande passion, de même que les courses et son écurie à ses couleurs. La vie de famille est calme, équilibrée, un peu guindée sous l’effet d’un protocole rigoureux.

Père adoré, George VI est un homme timide, foncièrement bienveillant, mais frappé d’un terrible bégaiement. De plus, il est tourmenté par une charge qu’il n’a ni cherchée ni souhaitée. Lors du déclenchement de la seconde guerre mondiale, en septembre 1939, le roi veut envoyer son épouse et ses deux filles au Canada, comme le suggère Winston Churchill, le premier ministre du Royaume-Uni.

Face au refus de la reine de le quitter, les princesses restent au château de Windsor, en dehors de Londres, plutôt qu’à Buckingham Palace, jugé trop vulnérable. Pour remonter le moral de la nation, « Lilibet », son surnom, princesse héritière, multiplie les apparitions publiques, en uniforme de grenadier de la garde ou en ambulancière alors qu’elle apprend à conduire au camp militaire d’Aldershot. Fin 1944, munie de son permis, Elizabeth, matricule 230873, rejoint l’armée de réserve, comme conductrice de camion. A plusieurs reprises, elle s’adresse à la radio à ses futurs sujets.

Reine à 25 ans

La paix revenue, Elizabeth accompagne ses parents dans leurs voyages, en province comme dans le Commonwealth, et prononce ses premiers discours. Son mariage, le 20 novembre 1947, avec un cousin éloigné, Philip Mountbatten, membre de la famille royale grecque et ancien écuyer du roi, est l’un des premiers reportages télévisés retransmis à travers l’Europe occidentale. De ce mariage d’amour apportant bonheur et équilibre nécessaires à l’exécution des tâches de souveraine naîtront quatre enfants : Charles (1948), Anne (1950), Andrew (1960) et Edward (1964). Ils donneront à Elizabeth et à Philip huit petits-enfants. Mais la santé de son père, atteint d’un cancer, épuisé par la lourdeur de la Couronne, chancelle.

En ce début 1952, aux côtés de Philip, la princesse effectue une visite officielle au Kenya, première étape d’une tournée qui doit l’emmener dans le sous-continent indien et en Australie. Le 6 février, le roi George VI meurt pendant son sommeil au château de Sandringham. Sa fille aînée, alors âgée de 25 ans, lui succède.

A l’aéroport d’Heathrow, le 7 février, les hommes politiques alignés derrière le chef du gouvernement, Winston Churchill, en pardessus noir, accueillent une fine et frêle silhouette qui descendait de la passerelle de l’avion en provenance d’Entebbe. Dans l’enveloppe contenant le document d’accession, le grand chambellan doit écrire le nom choisi par la nouvelle monarque. Elle aurait pu choisir Mary III plutôt que de risquer une éventuelle confusion avec sa mère, la reine Elizabeth. Elle opte en faveur de son premier prénom.

Le 8 février 1952, à 11 h 15, Elizabeth II est proclamée reine de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, cheffe du Commonwealth, gouverneure suprême de l’Église d’Angleterre et commandante en chef des forces armées britanniques.

Une nouvelle ère « élizabéthaine »

« Dieu m’aide à remplir dignement cette lourde tâche qui m’échoit si tôt dans ma vie », déclare le 40e souverain britannique à régner depuis Guillaume le Conquérant d’une voix un tantinet stridente mais assurée. Une photo mémorable montre les trois reines réunies – Elizabeth, sa mère et sa grand-mère Mary – autour du catafalque à Westminster Hall, portant de longs voiles noirs.

Avec ce cliché, le pays se sent immortel. La jeune reine est un nouveau maillon de la chaîne nationale à travers les âges, d’Egbert de Wessex aux Saxe-Cobourg-Gotha rebaptisés Windsor. Seize mois plus tard, elle est couronnée dans l’abbaye de Westminster, une cérémonie qui sera l’une des premières fêtes cathodiques depuis l’avènement de la télévision.

Elizabeth II lors de son couronnement, le 2 juin 1953, dans l’abbaye de Westminster, à Londres.
Elizabeth II lors de son couronnement, le 2 juin 1953, dans l’abbaye de Westminster, à Londres. Cecil Beaton / Camerapress / Gamma

 

Winston Churchill évoque alors le début d’une nouvelle ère « élizabéthaine », en souvenir d’Elizabeth Ire (1558-1603), qui avait hérité d’un royaume désuni et faible et avait légué une nation riche et redoutée. Au début de son règne, la force d’Albion pouvait encore faire illusion.

Cette année-là, la Grande-Bretagne accédait au rang de puissance nucléaire. Mais le pays était épuisé économiquement par la victoire sur le nazisme chèrement acquise, la livre tombait, le produit intérieur brut chutait, les conflits sociaux se multipliaient, l’Empire craquait de toutes parts sous les effets de la décolonisation.

Elle s’appuie sur les mêmes piliers que la reine Victoria : le palais, l’armée, la religion et la noblesse

Dans les années qui suivent son couronnement, cette jeune femme apparemment effacée jouit d’un prestige personnel auquel personne ne s’attendait. Aucun doute, pour tenir la fonction, la reine possède un trait de caractère indispensable, que les uns appellent détermination, les autres autorité. Si elle n’a de la reine Victoria (1837-1901), sa trisaïeule montée sur le trône à l’âge de 17 ans, ni l’ironie cinglante ni le sévère chignon, le profil est le même, celui du contrôle de soi empreint de froideur.

Avec une habileté redoutable, elle contrecarre les manœuvres de son oncle, Lord Mountbatten, visant à restaurer la lignée éponyme remplacée par Windsor en 1917 en raison des sentiments anti-germaniques nourris par la population lors de la première guerre mondiale. Elle refuse ensuite le titre de consort à Philip et marginalise sa mère, dont l’influence demeurait grande au sein de la vieille garde du palais.

Elizabeth II et ses enfants le Prince Charles et la Princesse Anne, avec Winston Churchill, en 1953
Elizabeth II et ses enfants le Prince Charles et la Princesse Anne, avec Winston Churchill, en 1953. Central Press/ Getty Images

 

En 1955, elle oppose son veto au projet de mariage de sa sœur, Margaret, et du « group captain » Peter Townsend, directeur adjoint de la maison royale. De vingt ans son aîné, il est de surcroît divorcé, ce qui le rend inacceptable aux yeux de l’Église d’Angleterre. Peu à peu, les courtisans nommés sous le règne précédent sont écartés au profit de personnalités moins conservatrices, bien que sorties du même moule, rejetons de grandes familles et soldats de carrière. Elle s’appuie alors sur les mêmes piliers que la reine Victoria : le palais, l’armée, la religion et la noblesse.

Le glamour de Lady Diana

En 1981, elle donne son aval à l’union entre son fils aîné et Lady Diana, qui apporte à la monarchie britannique le glamour qui lui manquait. Mais quand les scandales entourant le couple princier menacent de déstabiliser la dynastie, la reine s’oppose vivement à son ex-bru, après son divorce en 1996. La souveraine était une femme traditionnelle. Longtemps, les divorcés avaient été bannis de sa cour, comble d’hypocrisie à la lumière des frasques matrimoniales de sa sœur et de trois de ses enfants.

Le recrutement des membres de la maison royale était entaché de sexisme. La reine, en fait, préférait travailler avec les hommes. Colonelle en chef de centaines de régiments, la reine était étroitement associée aux forces armées, avec lesquelles elle partageait le sens de la hiérarchie, mais elle n’a jamais eu d’écuyère. Il faudra attendre les années 1990 et une campagne du prince Charles pour que des Antillais puissent intégrer les régiments des grenadiers de sa garde.

Elizabeth lors du Salut aux couleurs (« Trooping the Colour »), en juin 2008. Cette cérémonie célèbre officiellement chaque année l’anniversaire du monarque britannique.
Elizabeth lors du Salut aux couleurs (« Trooping the Colour »), en juin 2008. Cette cérémonie célèbre officiellement chaque année l’anniversaire du monarque britannique. Stillwell John / PA photos /ABACA

Sur le plan politique, la reine a toujours scrupuleusement veillé à ne pas s’ingérer dans les affaires du gouvernement en faisant connaître sa position. Personne n’a jamais su ce qu’elle pensait du Brexit. Pas question pour la monarque de mélanger ses convictions personnelles avec les devoirs de sa charge. Elle n’avait d’ailleurs jamais donné d’interviews aux médias. La tonalité de son message de Noël, le seul discours qu’elle rédige sans contreseing ministériel, était toujours consensuelle. Rien n’a jamais transpiré de la teneur de l’audience privée hebdomadaire entre la cheffe de l’Etat et les locataires du 10 Downing Street.

L’incarnation du sacré

Selon la formule officielle, la reine est autorisée à « formuler des avertissements, donner des encouragements et des conseils ». Le souverain incarne le sacré sans détenir les leviers du pouvoir, assurant à la démocratie un équilibre inégalé. S’il dispose des dossiers les plus secrets dans ses fameuses boîtes rouges et d’un « conseil privé » composé des plus hautes personnalités du royaume, le chef de l’État joue en pratique un rôle de notaire contresignant des décisions prises par d’autres. Par exemple, le « discours du trône » qu’elle prononce chaque année est rédigé par son gouvernement.

Reste que malgré ces limites à son action, Elizabeth II n’avait vraiment rien d’un chef d’État potiche. La reine doit d’abord nommer le premier ministre. Le système électoral uninominal à un tour lui facilite, certes, cette tâche en dégageant une majorité à la Chambre des communes. Confrontée en 1974 à une assemblée introuvable, elle avait choisi le travailliste Harold Wilson, son premier ministre préféré, qui à ses yeux était mieux à même de former une équipe ministérielle soutenue par les libéraux que le conservateur Edward Heath. Même Margaret Thatcher, qui n’en faisait qu’à sa tête, avait reconnu l’intérêt de pouvoir s’entretenir avec une personnalité au courant des affaires du royaume mais au-dessus de la mêlée politique.

Une sensibilité centriste

Des témoignages de dignitaires, britanniques et étrangers, se dessinait le profil d’une monarque peu intéressée par les joutes parlementaires de Westminster. Elizabeth II était partisane d’une droite modérée. Son antipathie pour l’autoritaire Margaret Thatcher, les rumeurs faisant état de ses inquiétudes devant la dégradation du tissu social sous les tories, entre 1979 et 1997 et les risques d’éclatement du Commonwealth provoqués par le problème des sanctions contre l’Afrique du Sud de l’apartheid indiquent une sensibilité centriste. D’où sa bonne entente avec ses premiers ministres conservateurs de la vieille école, en particulier son mentor, Winston Churchill, les grands bourgeois Harold Macmillan et Anthony Eden ou l’aristocrate Lord Home.

Ses relations avec les chefs de gouvernement de droite issus de milieux populaires, comme Edward Heath, Margaret Thatcher ou John Major, avaient été plus difficiles dans la mesure où leur activisme, que ce soit en matière de privatisations ou au sujet de l’Europe, avait mis à mal l’unité du pays. Comme il n’y a pas plus monarchiste qu’un dirigeant travailliste, ses rapports avec Harold Wilson, James Callaghan et Tony Blair avaient été marqués d’une grande cordialité.

En 1979 avec Margaret Thatcher.
En 1979 avec Margaret Thatcher. Popperfotto /Getty Images

En général, les interventions personnelles de cette anglicane très croyante s’étaient limitées aux nominations des évêques du palais. Pour faire connaître publiquement son point de vue, la souveraine, toutefois, n’avait pas hésité à faire appel aux autres membres de la famille royale (le duc d’Edimbourg ou le prince Charles), qui ne s’étaient jamais privés de critiquer ouvertement la politique gouvernementale.

Une démarche fédératrice

Sa deuxième réussite avait été de fédérer les divers peuples du royaume. Le chef de l’État est garant de l’unité de la nation face à la multiplication des forces centrifuges aux marches du pays, en particulier en Ecosse.

Enfin, malgré l’adhésion, en 1973, du Royaume-Uni au Marché commun devenu Union européenne, la reine était parvenue à maintenir le lien avec le Commonwealth, la grande famille d’outre-mer vis-à-vis de laquelle elle avait une affection toute particulière. Son autorité morale à la tête de cette association regroupant les anciennes colonies lui avait permis de désamorcer trois crises constitutionnelles : l’Australie (1975), la Grenade (1983) et Fidji (1987).

 

La reine connaissait personnellement tous les chefs d’État du Commonwealth et de bon nombre d’autres pays. Elle avait été le premier souverain britannique à mettre les pieds en Russie (1994) et en Chine (1986). En mai 2011, la souveraine avait effectué l’un de ses plus délicats voyages officiels, une visite d’État en République d’Irlande qui fut un triomphe, malgré les blessures des deux côtés d’une guerre civile de trente ans dans l’Ulster toujours sous l’égide de la Couronne d’Angleterre.

Cédant aux pressions de son mari d’abord, du prince Charles ensuite, Elizabeth II avait accepté petit à petit de donner à l’opinion une image moins solennelle de la monarchie

Enfin, la monarque se considérait comme la cheffe de la « firme royale », comme avait baptisée son père la Royal House of Windsor. À elle, les grandes affaires du royaume, aux autres un créneau particulier : l’écologie et les minorités raciales (Charles), le sport (Philip), la santé (Anne), le commerce extérieur (Andrew)…

Cédant aux pressions de son mari d’abord, du prince Charles ensuite, Elizabeth II avait accepté petit à petit de donner à l’opinion une image moins solennelle de la monarchie. Le fameux reportage de la BBC, diffusé en 1969, montrant la reine et sa famille en train de faire cuire des saucisses lors d’un pique-nique en Ecosse avait ouvert la voie de la médiatisation.

La Reine à bord de HMY Britannia en mars 1972.
La Reine à bord de HMY Britannia en mars 1972. Lichfield /Getty Images

 

Après l’annus horribilis de 1992, lorsque Charles et Andrew avaient vu leurs couples respectifs exploser et que son château de Windsor, sa résidence favorite, avait été la proie des flammes, elle avait multiplié les gestes de communication avec ses sujets en sortant des sentiers battus et rebattus du protocole : visite à un pub, à un McDonald’s, à une HLM, gel de la liste royale pendant une décennie, utilisation d’avions charters pour les déplacements, vente du yacht Britannia. La plupart des vieilles barrières avaient été abattues.

Toujours réservée, souvent distante

Elizabeth II n’était toutefois pas du genre à convier à sa table des éboueurs, ni même à faire ses courses à bicyclette. D’ailleurs, peu de Britanniques souhaitent une telle popularisation d’une institution de nature à traverser les siècles, donc immuable. Comme disait l’essayiste Walter Bagehot (1826-1877), « on peut avoir une cour splendide ou pas de cour du tout, mais rien ne saurait justifier une cour médiocre ».

Il aura fallu attendre le désarmement, en décembre 1997, du yacht « Britannia » pour la voir verser quelques larmes en public

Destinée très jeune à monter sur le trône, Elizabeth était toujours réservée, souvent distante. Il aura fallu attendre le désarmement, en décembre 1997, du yacht Britannia pour la voir verser quelques larmes en public. Deux mois plus tôt, à la mort de Diana, elle avait été incapable de manifester la moindre émotion alors que le pays était en pleurs. Certains, à gauche, critiquaient le coût de la monarchie, mettant en cause ses châteaux, ses écuries ou sa fortune personnelle. Sa personnalité passéiste vénérant les usages établis et se méfiant du changement était contestée dans les milieux républicains, toutefois minoritaires. Les coutumes désuètes de la cour étaient souvent critiquées par les chroniqueurs royaux.

Si elle avait toujours cultivé les bonnes vieilles valeurs traditionnelles de sa caste et était très attachée aux fastes de la royauté, Elizabeth II avait multiplié les concessions à l’époque moderne. L’allégement du protocole lors du mariage, le 29 avril 2011, de son petit-fils, le prince William, avec une roturière, Catherine Middleton, sa présence au concert rock de Buckingham Palace lors de son jubilé de diamant en juin 2012 et son intervention dans un court-métrage au côté de Daniel Craig, l’interprète de James Bond, diffusé à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, le 28 juillet 2012, témoignaient de sa formidable capacité d’adaptation.

 

Personne n’avait jamais mis en doute le sens du devoir, la bonne volonté et le professionnalisme d’Elizabeth II. Par sa dignité tranquille, son dévouement total à sa fonction et l’intelligence de son rôle, cette souveraine, aristocrate de naissance mais petite bourgeoise par ses goûts, avait réussi à ancrer plus solidement que jamais l’une des institutions les plus anachroniques au monde : la monarchie britannique.

La Reine Elizabeth II de Grande-Bretagne se tient avec, le Prince Charles de Grande-Bretagne, Catherine de Grande-Bretagne, la Duchesse de Cambridge, le prince William, duc de Cambridge de Grande-Bretagne, et ses trois enfants pour assister à un défilé aérien spécial depuis le balcon du palais de Buckingham, le 2 juin 2022.
La Reine Elizabeth II de Grande-Bretagne se tient avec, le Prince Charles de Grande-Bretagne, Catherine de Grande-Bretagne, la Duchesse de Cambridge, le prince William, duc de Cambridge de Grande-Bretagne, et ses trois enfants pour assister à un défilé aérien spécial depuis le balcon du palais de Buckingham, le 2 juin 2022. Daniel Leal / AFP

 

Elizabeth II en plusieurs dates

21 avril 1926 Naissance à Londres

10 décembre 1936 Abdication de son oncle Edward VIII. Le père d’Elizabeth, George VI, monte sur le trône

20 novembre 1947 Epouse Philip Mountbatten

14 novembre 1948 Naissance de Charles, prince héritier

15 août 1950 Naissance d’Anne, princesse royale

6 février 1952 Mort du roi George VI

8 février 1952 Elizabeth II est proclamée reine de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, cheffe du Commonwealth, gouverneure suprême de l’Eglise d’Angleterre et commandante en chef des forces armées britanniques

2 juin 1953 Cérémonie du couronnement dans l’abbaye de Westminster

Avril 1957 Première visite officielle en France

19 février 1960 Naissance d’Andrew, duc d’York

Novembre 1963 Les Beatles donnent un concert devant la famille royale. La reine leur remettra l’ordre de l’Empire britannique en octobre 1965

10 mars 1964 Naissance d’Edward, comte de Wessex

24 janvier 1965 Mort de Winston Churchill, premier premier ministre de la reine

1977 Vingt-cinq ans de règne (Jubilé d’argent)

29 juillet 1981 Le prince Charles épouse Lady Diana Spencer

21 juin 1982 Naissance du prince héritier William, fils de Charles et Diana

1992 La reine qualifie cette année d’ « annus horribilis » après les divorces de deux de ses enfants (Andrew et Anne) et l’incendie d’une partie du château de Windsor

Décembre 1992 Séparation du prince Charles et de Lady Diana

Mai 1994 Inauguration du tunnel sous la Manche en compagnie de François Mitterrand

1996 Divorce du prince Charles et de Lady Diana

31 août 1997 Mort de Lady Diana dans un accident de la circulation à Paris

5 septembre 1997 Allocution télévisée de la reine où elle exprime son admiration pour Diana

2002 Cinquante ans de règne (Jubilé d’or)

9 février 2002 Mort de Margaret, sœur de la reine

30 mars 2002 Mort d’Elizabeth, mère de la reine

29 avril 2011 Mariage du prince William, duc de Cambridge, petit-fils de la reine, et de Catherine Middleton

Mai 2011 Première visite en Irlande depuis son indépendance en 1922

2012 Soixante ans de règne (Jubilé de diamant)

27 juillet 2012 La reine inaugure les Jeux olympiques de Londres

13 juillet 2016 Nomination de Theresa May, treizième premier ministre de la reine

19 mai 2018 Mariage du prince Harry, duc de Sussex, petit-fils de la reine, et de Meghan Markle

24 juillet 2019 Nomination de Boris Johnson, quatorzième premier ministre de la reine

9 avril 2021 Mot du prince Philip, duc d’Edimbourg, époux de la reine

8 septembre 2022 Mort à 96 ans

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