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Un Républicain de Guingamp

Site de Philippe LE ROUX, ancien Délégué de la quatrième circonscription des Cotes-d'Armor et Conseiller chargé des grands projets auprès de la Direction de l'UMP

Adhésion de la Turquie à l'Union européenne : où en est-on ?

Publié le 5 Avril 2021 par Valentin Ledroit - Toute l'Europe dans International

Candidate à l’adhésion depuis 1987, la Turquie entretient une relation complexe avec l’Union européenne. Toute l’Europe revient sur des années de négociations entre Bruxelles et Ankara et sur ce dialogue, révélateur de l’évolution des enjeux géopolitiques et des lignes de fracture diplomatiques qui se jouent depuis plus de 30 ans entre les deux puissances.

La Turquie est candidate depuis 1987 pour adhérer à l’Union européenne. Un statut officiellement reconnu par les Européens en 1999. Depuis, la perspective de son entrée dans l’Union européenne a suscité de vifs débats liés à la taille et à la position géographique du pays, au poids de la religion musulmane dans sa société ou encore à sa position sur la question chypriote.

Avec le durcissement du régime de Recep Tayyip Erdoğan ces dernières années, la perspective d’une adhésion turque à l’UE s’est éloignée. Premières étapes vers ce refroidissement des relations entre les deux puissances : le blocage des négociations par la France et l’Allemagne en 2007, l’aggravation du conflit avec les Kurdes depuis le début des années 2010 et la répression des manifestations de la place Taksim en 2013.

La dynamique s’est encore accélérée ces cinq dernières années. Purges et emprisonnements arbitraires après la tentative manquée de coup d’État en juillet 2016, extension des pouvoirs de Recep Tayyip Erdoğan, insultes vis-à-vis des autorités allemandes, néerlandaises ou encore françaises, interventions militaires en Syrie et instrumentalisation politique des flux migratoires…, le pays s’est considérablement éloigné de ses partenaires européens, au point que le Conseil de l’UE estimait que les négociations étaient “au point mort” avec Ankara en octobre 2020. La visite de Charles Michel et Ursula von der Leyen, présidents du Conseil européen et de la Commission, le 6 avril 2021, intervient dans un contexte de reprise du dialogue entre Bruxelles et Ankara. Lors du Conseil européen du 22 mars dernier, les 27 chefs d’État et de gouvernement s’étaient même félicités de la ‘récente désescalade’ d’Ankara.

L’adhésion de la Turquie, une question politique

Après la reconnaissance officielle de la candidature turque en 1999 lors du Conseil d’Helsinki, l’ouverture des négociations avec le pays en 2005 correspond à un tournant historique pour le projet européen. En effet, si l’élargissement aux États de l’ex-Union soviétique ne s’est pas fait sans douleur, leur adhésion n’a pas suscité les vives réactions qui entourent la candidature turque.

Pourquoi ? Les enjeux liés à l’entrée de la Turquie soulèvent des questions à la fois historiquesdémographiquesreligieuses et géopolitiques. De quoi susciter des débats récurrents depuis plus de 20 ans.

La situation géographique de la Turquie

En bleu foncé : Union européenne. En bleu clair : Turquie

Au-delà des préoccupations purement géographiques, soulevant la question des frontières du continent européen (97% du territoire turc est situé sur le continent asiatique à l’Est du Bosphore), c’est également la nature du projet européen qui est questionnée avec la perspective d’une adhésion turque. Sur quelle histoire commune et quelle proximité géographique doit se fonder la construction européenne ? Le projet est-il à vocation universaliste, avec pour objectif de rapprocher les peuples autour de valeurs et d’institutions ?

Le poids de l’islam en Turquie

La Turquie est un état laïc depuis les réformes menées par le président Mustafa Kemal Atatürk dans les années 1920. Une laïcité qui ne signifie pas la séparation de l’Église et de l’État, mais le contrôle de la religion dominante, l’islam, par l’État. Depuis son arrivée au pouvoir, l’AKP a ébranlé cette conception laïque de la société. En 2016, le président du Parlement turc Ismaïl Kahraman affirmait notamment : “Nous sommes un pays musulman. Par conséquent, il faudrait faire une Constitution religieuse.” Bien que cette religion ne constitue pas une nouveauté sur le territoire européen, son poids augmenterait fortement.

La question est revenue sur le devant de la scène en octobre 2020 lorsque le président turc a mis en doute la “santé mentale” d’Emmanuel Macron et appelé au boycott des produits français. Des paroles outrancières faisant suite aux déclarations du président français, qui avait annoncé ne pas vouloir renoncer à la publication des caricatures de Mahomet suite à l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine. Les propos ont été unanimement condamnés par les dirigeants européens mais l’incident témoigne de la sensibilité attachée à la question de l’islam dans les relations entre la Turquie et les Européens.

Au mois de mars 2021, la question du “soft power” turc et du financement de l’organisation turque Milli Görüs, initiatrice d’un grand projet de mosquée à Strasbourg, occupe la scène médiatique française. Une association “qui se bat contre les valeurs de la République”, a indiqué à l’occasion le porte-parole du gouvernement français pour désigner les activités de celle-ci. Pour l’historien Samim Akgönül, si l’État turc et Milli Görüs partagent “certaines valeurs communes comme le nationalisme et des idées religieuses conservatrices, telles que le port du voile et l’opposition au mariage pour tous”, le lien entre l’AKP, le parti au pouvoir, et l’association, “est rompu depuis plusieurs années”.

Le poids démographique et l’impact sur les institutions européennes

Quel serait le poids politique de la Turquie dans les institutions et donc les décisions européennes ? Avec 83,1 millions d’habitants en 2020, la Turquie serait le deuxième pays le plus peuplé de l’UE derrière l’Allemagne (83,2) ce qui lui donnerait une place importante dans les institutions européennes où le poids démographique des États est pris en compte dans les méthodes de prise de décision. Ainsi, en termes de représentativité, la Turquie jouerait dans la cour des grands au sein du Parlement européen avec l’Allemagne (96 eurodéputés), la France (79) ou encore l’Italie (76).

Entre 2009 et 2019, sa population a d’ailleurs augmenté de 14,7 % selon Eurostat, contre seulement 1,5 % en moyenne dans les 27 États membres de l’UE sur la même période. Une dynamique qui explique la jeunesse de sa population. En 2019, 23,6 % des Turcs étaient âgés de moins de 15 ans, contre à peine plus de 15 % dans l’UE.

Une question géopolitique

La candidature turque interroge donc l’Union européenne sur la nature de son projet politique. Elle la questionne également sur un plan géopolitique, la Turquie étant à la fois un partenaire stratégique au Levant, membre de l’OTAN comme nombre de pays européens, mais aussi une puissance aux intérêts qui divergent parfois considérablement de ceux de l’UE, comme en Syrie, en Libye ou plus récemment, dans le Haut-Karabakh.

Voici les principaux dossiers internationaux sur lesquels Bruxelles et Ankara sont en désaccord.

La question chypriote

Si aux yeux du droit international, Chypre est un pays uni, depuis 1974, l’île est divisée entre une partie sud, hellénophone et orthodoxe, et une partie nord, turcophone et musulmane, la République turque de Chypre du Nord (RTCN). La communauté internationale ne reconnaît pas cette dernière, mais la Turquie, elle, la reconnaît et la soutient militairement. À ce titre, l’élection le 18 octobre 2020 à la tête de la RTCN du nationaliste turc Ersin Tatar, favorable à une solution à deux États au détriment d’une réunification avec le reste de l’île, renforce l’influence de la Turquie dans la région. Un contexte diplomatique qui complique largement les relations d’Ankara avec l’Union européenne, d’autant plus depuis l’adhésion de Chypre à l’UE en 2004.

Cette situation pousse la Turquie à refuser d’appliquer à Chypre le protocole dit d’Ankara. Conclu en 2005 lors de l’ouverture des pourparlers avec l’Union européenne, il prévoit l’extension de l’union douanière Turquie-UE aux dix nouveaux États membres. La Turquie, exigeant au préalable la fin de l’isolement et de l’embargo qui touche la République turque de Chypre du Nord, interdisait encore récemment aux navires et avions chypriotes grecs l’accès à ses ports et aéroports.

En janvier 2017, des pourparlers ont eu lieu à Genève sous l’égide des Nations unies afin d’abattre cette frontière qui traverse de part en part Nicosie, la dernière qui divise encore une capitale européenne. Mais le président turc Recep Tayyip Erdoğan a coupé court aux discussions en affirmant qu’il n’ordonnerait pas le retrait des soldats turcs au nord de Chypre. Début 2018, les tensions se sont à nouveau accrues entre l’île européenne et la Turquie. Celle-ci a en effet bloqué un navire italien dans les eaux chypriotes, une violation du droit international selon Nicosie. A l’été 2019, malgré les menaces de l’UE de réduire les aides de pré-adhésion et les prêts de la Banque européenne d’investissement à la Turquie en 2020, la Turquie a pénétré illégalement dans la zone économique exclusive de Chypre qui contient des gisements gaziers.

La question migratoire

La crise migratoire a fait apparaître une nouvelle dimension à la relation UE-Turquie. La situation inédite en mer Méditerranée a poussé les Etats membres de l’UE, et en premier lieu l’Allemagne, à passer un accord controversé avec Ankara le 18 mars 2016.

Selon ses termes, tous les migrants irréguliers (qui ne demandent pas l’asile ou dont la demande d’asile a été jugée infondée ou irrecevable) qui ont traversé la Turquie vers les îles grecques depuis le 20 mars 2016 sont renvoyés en Turquie. Et pour chaque Syrien renvoyé vers la Turquie au départ des îles grecques, un autre Syrien - fondé à demander l’asile en Europe - est réinstallé de la Turquie vers l’Union européenne, dans la limite de 72 000 personnes maximum.

Un an après cet accord, le nombre d’arrivées de migrants sur les îles grecques avait considérablement reculé, diminuant de 98 %. Cependant, plusieurs voix s’élevaient déjà pour dénoncer les conditions de vie des réfugiés. “Leur accès aux services de base est en croissance mais reste limité”, observait encore la Commission européenne en août 2019. En mars 2018, Bruxelles a néanmoins donné son accord pour débloquer la deuxième tranche d’aide de trois milliards d’euros promis à la Turquie en contrepartie de cet accord.

Un nouveau chapitre de négociations sur les questions budgétaires avait également été ouvert en juin 2016. Mais depuis, la relance du processus d’adhésion a été largement freinée par la situation politique en Turquie (lire ci-dessous). De même, le processus de libéralisation des visas européens pour les Turcs semble avoir été stoppé.

En février 2020, après avoir subi un revers militaire en Syrie et essuyé les critiques de l’Union européenne qui refuse de soutenir ses actions dans le pays, la Turquie a réagi en favorisant un afflux de migrants à la frontière grecque. Recep Tayyip Erdoğan a promis que “3,6 millions” de réfugiés allaient s’introduire sur le territoire européen. Un “chantage” dénoncé par le Conseil des ministres de l’Intérieur de l’Union européenne et qui témoigne du niveau de tension élevé des relations turco-européennes. Le sommet entre le président du Conseil européen Charles Michel, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen et le président turc Recep Tayyip Erdoğan qui s’est tenu à Bruxelles le 9 mars 2020 n’a pas débloqué la situation.

Le sujet reste une préoccupation des dirigeants européens comme en témoigne les déclarations d’Emmanuel Macron le 22 mars 2021 dans un reportage diffusé sur France 5.  “Si vous dites du jour au lendemain : nous ne pouvons plus travailler avec vous, plus de discussions, ils ouvrent les portes et vous avez 3 millions de réfugiés syriens qui arrivent en Europe”, avait déclaré à cette occasion le président de la République.

La question syrienne

Corrélé à la question migratoire, le dossier syrien fait également partie des points de friction entre la Turquie et l’UE. Depuis 2011 et les premières manifestations à Damas contre le régime de Bachar el-Assad, le pays est en proie aux divisions. Les mouvements de contestation du régime, réprimés par ce dernier se sont militarisés, donnant lieu à des affrontements armés et les populations kurdes se sont soulevées en vue d’obtenir leur indépendance. L’État islamique, lui, fait son entrée dans le conflit dès 2013.

Dans ce conflit, la Turquie en a profité pour se déployer dans le nord de la Syrie majoritairement occupé par les rebelles kurdes. Si l’objectif déclaré du gouvernement turc est de contrer la présence de l’État islamique, les opérations successives lancées par Ankara semblent davantage viser les forces kurdes. La Turquie réclame un soutien des Européens à son intervention en Syrie. Mais l’Union européenne cherche davantage à favoriser une transition politique par la voie diplomatique que par un engagement militaire.

La question libyenne

Turcs et Européens s’opposent également sur la situation en Libye. En 2011, la vague révolutionnaire a chassé du pouvoir Mouammar Kadhafi mais la succession du dictateur ne s’est pas faite sans heurts. En 2014, un gouvernement de transition issu de la révolution émerge sans parvenir à mettre fin aux tensions dans le pays. Plusieurs milices ont mis en place des fiefs locaux, profitant du vide politique et du développement du trafic d’armes.

Dans le même temps, le maréchal Haftar, un ancien officier de Kadhafi passé dans l’opposition, a constitué un gouvernement rival installé à Tobrouk et qui contrôle l’est du pays. Signés entre les deux parties, les accords de Skhirat de décembre 2015 prévoient la formation d’un gouvernement d’union, basé à Tripoli et dirigé par Fayez el Sarraj. Le gouvernement n’est finalement pas reconnu par le parlement de Tobrouk. Envoyé spécial de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé en a alors appelé à de nouvelles élections dans le pays, qui n’ont pu se tenir en raison des conflits. Le 23 octobre 2020, les deux parties annoncent un cessez-le-feu permanent. Une mesure fragile mais jusqu’ici respectée, conduisant à la réouverture de l’ambassade française à Tripoli le 29 mars 2021, fermée depuis 7 ans.

Dans ce dossier, alors que la communauté internationale a décidé d’un embargo sur les armes à destination de la Libye, les Européens accusent la Turquie de violer cet embargo en livrant des armes au gouvernement de Tripoli et de faire ainsi preuve d’ingérence.

La question du Haut-Karabakh

Le dégel du conflit dans le Haut-Karabakh à la fin du mois de septembre 2020 contribue également à alimenter les tensions entre l’UE et la Turquie. Majoritairement peuplée d’Arméniens, la région a été rattachée à l’Azerbaïdjan pendant la période soviétique. Depuis la chute de l’URSS, la province lutte pour son indépendance ou son rattachement à l’Arménie, ce à quoi s’oppose l’Azerbaïdjan. Des combats éclatent et une trêve est négociée en 1994 mais les tensions persistent.

En septembre 2020, de nouveaux affrontements ont lieu et le gouvernement turc fait immédiatement savoir qu’il apportera son soutien aux forces azéries. Cela se traduit par un envoi de mercenaires syriens, bien que ce fait soit démenti par la Turquie. L’Union européenne de son côté, appelle à la fin des combats et à une reprise des pourparlers dans le cadre du Groupe de Minsk, chargé d’aboutir à une résolution pacifique du conflit.

En Syrie, comme en Libye ou au Haut-Karabagh, les Européens ont demandé des “gestes crédibles” et des “efforts durables” de la part d’Ankara. Ils ont également agité la menace de sanctions et l’ont placé sous surveillance jusqu’au mois de juin 2021.

Une question de normes

Plus concrètement encore, la candidature turque à l’adhésion à l’UE bloque car la Turquie ne satisfait pas aux exigences européennes. Ces critères d’adhésion ou “critères de Copenhague” ont été définis en 1993 et renforcés en 1995. Au nombre de trois (politique, économie et mise en œuvre de l’acquis communautaire), ils définissent les conditions pour qu’un pays puisse devenir membre de l’Union européenne et illustrent bien l’écart grandissant entre la Turquie et les normes européennes.

Les critères politiques : des blocages persistants

Les critères politiques à satisfaire sont les suivants : des institutions stables garantissant la démocratie, l’État de droit, les droits de l’homme et le respect des minorités et leur protection. Autant d’exigences que la Turquie est encore loin de satisfaire.

La question du respect et de la protection de la minorité kurde

Malgré une amélioration de la situation entre 2013 et 2014 saluée par la Commission européenne dans un rapport (signature d’un cessez-le-feu en 2013 et proposition de loi en juin 2014 permettant d’étendre la diffusion de la langue kurde, en l’autorisant dans les écoles et les institutions), la répression contre les Kurdes n’a pas cessé.

Depuis son entrée en guerre “contre le terrorisme” en 2015, le gouvernement turc continue à bombarder les positions des forces armées kurdes liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré en tant qu’organisation terroriste par la Turquie et l’Union européenne et qui combat Daech. Des membres du parti kurde HDP sont en outre détenus aujourd’hui, soupçonnés d’avoir des liens avec le PKK. Ils représentent pourtant plus de 10 % du Parlement turc, avec 54 sièges en 2015 puis 67 sièges depuis les élections de juin 2018. A cet égard, l’Union européenne et les dirigeants européens condamnent régulièrement les frappes turques ainsi que les arrestations des députés et journalistes kurdes.

En octobre 2019, une nouvelle offensive turque contre les forces kurdes au nord de la Syrie (YPG) relance les critiques européennes à l’encontre d’Ankara. Lors du Conseil européen des 17 et 18 octobre 2019, l’Union européenne décide de mesures de représailles. Sans infléchir pour autant la position de la Turquie, ce qui a poussé le vice-président du Parlement européen Dimítrios Papadimoúlis à appeler “à des mesures plus strictes” contre le pays le 5 mars 2020.

La question du respect de l’Etat de droit

Un tag pendant les émeutes de Gezi en mai 2013

En mai 2013, un mouvement de protestation d’une ampleur inédite a émergé à Istanbul. Opposé dans un premier temps, notamment pour des motifs écologiques, à la destruction du parc Gezi au profit de la construction d’un centre commercial, il s’est rapidement transformé en un vaste mouvement de protestation contre le régime en place. Les répressions policières ont été massives, utilisant notamment des gaz lacrymogènes et des jets d’eau. Ces évènements ont marqué un tournant pour le gouvernement d’Erdoğan : la Commission a condamné “tout usage excessif et disproportionné de la force”, tandis que le Parlement européen a adopté une résolution en 2013 qui condamnait l’usage de mesures de répression contre des manifestants pacifiques et rappelait que les violences policières devaient être poursuivies par la justice.

Par la suite, le gouvernement turc a engagé en janvier 2014 une réforme judiciaire controversée : celle-ci a élargi la composition du Haut-conseil des magistrats (HSKY) en y renforçant le poids du gouvernement et accordé au ministre de la Justice le dernier mot concernant les nominations de magistrats à des institutions judiciaires clé comme la Cour constitutionnelle. L’Union européenne a critiqué ces mesures, faisant part de son inquiétude quant à l’indépendance de la justice et à la séparation des pouvoirs en Turquie.

La question de la stabilité de la démocratie

L’instabilité politique liée à la tentative de coup d’Etat par l’armée turque en juillet 2016 a accéléré la dérive autoritaire du régime du président Erdoğan. En réaction, la Turquie a déclaré le 21 juillet qu’elle “dérogerait temporairement” à la Convention européenne des droits de l’Homme pendant la durée de l’état d’urgence, qui a pris fin le 18 juillet 2018, mais qui est cependant en partie entré dans le droit commun depuis.

Le gouvernement a procédé à de larges arrestations, suspensions et licenciements, sous couvert de l’implication du mouvement de l’opposant Fethullah Gülen dans le putsch. Le coup de filet a été étendu aux pro-kurdes ainsi qu’aux voix d’opposition. Dans son rapport sur la Turquie de 2018, la Commission européenne rappelait que pendant cette période, plus de 150 000 personnes avaient été placées en détention et 78 000 autres arrêtées. Dans le même temps, selon les autorités turques, 40 000 fonctionnaires auraient été réintégrés, dont 3 600 par décret.

L’ONG Reporters Sans Frontières qualifiait, en janvier 2017, la Turquie de “plus grande prison du monde pour les professionnels des médias”. Elle dénonçait les emprisonnements des journalistes et de leurs collaborateurs, la censure d’Internet et des réseaux sociaux ainsi que le blocage des outils de contournement de la censure tels que les VPN ou le réseau Tor.

Le président Recep Tayyip Erdoğan a vu son rôle déjà central renforcé depuis le coup d’Etat. Ce rôle s’est traduit dans la constitution grâce à la victoire du “oui” au référendum constitutionnel du 16 avril 2017. Le texte a permis de remplacer le système parlementaire par un régime présidentiel fort.

Critiques et inquiétudes de l’Union européenne

L’Etat de droit serait d’autant plus mis à mal que le président turc s’est déclaré favorable à la peine de mort en 2017. La réponse européenne à cette déclaration ne s’est pas fait attendre, le président de la Commission européenne de l’époque Jean-Claude Juncker (2014-2019) ayant répondu que “si la peine de mort est réintroduite en Turquie, cela entraînera la fin des négociations”.

Dans son rapport annuel sur la candidature turque rendu en mai 2019 sur, la Commission européenne assure que “la Turquie reste un partenaire clé de l’Union européenne”. Si elle salue un “dialogue de haut niveau” sur certains dossiers (transports, économie, labellisation de produits), l’exécutif européen a surtout rappelé que “les graves préoccupations de l’UE quant à la dégradation de l’Etat de droit, des droits fondamentaux et du pouvoir judiciaire n’ont pas été prises en compte”.

La Commission européenne a encore marqué sa froideur vis-à-vis de l’évolution de l’Etat turc en affirmant : “Le pays continue de s’éloigner toujours plus de l’Union européenne, avec un sérieux recul dans les domaines de l’Etat de droit et des droits fondamentaux et un affaiblissement des contre-pouvoirs au sein du système politique résultant de l’entrée en vigueur de la réforme constitutionnelle”.

Cette froideur est encore plus marquée dans la dernière édition du rapport annuel publié en octobre 2020. Celui-ci insiste sur la dégradation des relations UE-Turquie “en raison de l’évolution de la situation en Syrie et en Libye” et rappelle ses inquiétudes face à “la détérioration continue de la démocratie, de l’État de droit, des droits fondamentaux et de l’indépendance du pouvoir judiciaire”.  Le rapport déplore également “de nouveaux reculs dans de nombreux domaines”.

Enfin, en mars 2021, l’exécutif turc décide de se retirer de la convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, dite convention d’Istanbul. Ankara justifie sa décision par l’atteinte au modèle de la “famille traditionnelle”.

Les critères économiques : une croissance au ralenti

Selon les critères de Copenhague, le pays candidat à l’adhésion doit être doté d’une économie de marché viable et être capable de faire face aux forces du marché et à la pression concurrentielle à l’intérieur de l’Union.

Après des années de croissance stable (entre 5 et 8 % du PIB à l’exception de la récession de 2009), l’économie turque traverse de fortes zones de turbulence. En cause, la crise de la livre turque, largement dévaluée depuis 2015. La croissance est en berne depuis 2015 : 3 % cette année-là, puis 2,9 % en 2016, un rebond à 7,4 % en 2017, puis 2,6 % en 2018 et seulement 0,2 % en 2019, selon le FMI. En dépit de la pandémie de Covid-19, le PIB a augmenté de 1,8 % durant l’année 2020. Cependant, malgré les investissements massifs de la banque centrale turque, le taux de change a continué à s’envoler au détriment de la monnaie turque, avec environ 8 livres turques pour un dollar. De quoi creuser la balance commerciale et les déficits.

Autre enjeu sur lequel la Turquie doit encore progresser pour satisfaire aux exigences du processus d’adhésion, le taux d’accès à l’emploi pour les femmes. Il reste le plus faible des pays de l’OCDE, avec 29,6 % en 2020.

L’acquis communautaire : un pays “modérément” préparé

Le critère de l’acquis communautaire désigne l’aptitude à assumer les obligations découlant de l’adhésion à l’Union européenne. Celles-ci concernent notamment la capacité à mettre en œuvre avec efficacité les règles, les normes et les politiques qui forment le corpus législatif de l’UE (l’acquis) et à souscrire aux objectifs de l’union politique, économique et monétaire.

Concernant l’adéquation de ses politiques avec celles de l’Union européenne, la Turquie a continué de s’aligner sur l’acquis, bien qu’à un rythme limité, selon le rapport de la Commission de 2020. Plusieurs exemples de recul sont cependant à noter, dans des domaines essentiels (libre circulation des capitaux, concurrence, politique économique et monétaire, relations extérieures…). En revanche, la Turquie a notamment progressé dans les domaines de la libre circulation des marchandises, du droit de la propriété intellectuelle, des services financiers et de la consommation.

Des négociations “au point mort

L’acquis communautaire est composé de 35 chapitres. Avant le début des négociations avec un pays tiers qui souhaite adhérer à l’Union, la Commission publie un rapport d’examen de ces chapitres et recommande d’entamer les négociations pour certains d’entre eux. Le Conseil décide ensuite à l’unanimité d’ouvrir ou non un chapitre de négociation. Lorsque le Conseil estime que suffisamment de progrès ont été réalisés par le pays, il décide à l’unanimité de clore provisoirement le chapitre.

Aujourd’hui, sur un total de 35 chapitres de négociations avec la Turquie, 16 ont été ouverts dont les deux derniers en 2015 et 2016 (le premier concerne la politique économique et monétaire et l’autre les dispositions financières et budgétaires). Seul le chapitre concernant la science et la recherche a été clôturé.

La Commission européenne et la Turquie avaient adopté un “agenda positif” en mai 2012, avant les événements de la place Taksim. Celui-ci prévoyait notamment une concertation accrue sur les grands sujets de politique étrangère, une meilleure coopération dans le domaine de l’énergie, ainsi que des discussions directes entre la Commission et Ankara pour permettre un alignement progressif des normes turques sur les normes européennes.

Mais depuis l’été 2016, les négociations ne progressent plus. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a même estimé en novembre 2016 que “tout ce que font les autorités turques aujourd’hui me fait croire que finalement la Turquie ne veut pas” respecter les conditions requises pour la poursuite des négociations. Le 25 mars 2017, le président turc a mis un nouveau coup de frein à la poursuite des discussions, en déclarant vouloir organiser un référendum sur la poursuite des négociations d’adhésion à l’Union européenne.

Un processus d’adhésion maintenu mais à l’arrêt

Le 24 septembre 2017, la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré lors d’un débat télévisé à l’occasion des élections législatives “que la Turquie ne doit pas devenir un membre de l’Union européenne”. Une déclaration ferme, suivie par Emmanuel Macron, qui a estimé en janvier 2018, à l’occasion de la visite du président turc en France, qu’il fallait “sortir d’une hypocrisie qui consisterait à penser qu’une progression naturelle vers l’ouverture de nouveaux chapitres est possible, ça n’est pas vrai.” Pour le président français, l’adhésion ne serait plus à l’ordre du jour et une forme de “partenariat” serait préférable. Une position réaffirmée près de trois ans plus tard par son secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Clément Beaune qui, le 1er octobre 2020 a déclaré lors d’une interview télévisée que : “La Turquie n’a pas vocation à rentrer dans l’UE” et qualifie la perspective d’adhésion à l’UE de “fictive” .

Si une réunion du Conseil d’association UE-Turquie avait été organisée à Bruxelles en mars 2019 après plusieurs années d’interruption, Federica Mogherini, la cheffe de la diplomatie européenne de l’époque, n’avait pas manqué d’exprimer ses “vives préoccupations” pour l’État de droit en Turquie. Une position partagée par le Parlement européen qui avait, une nouvelle fois le 13 mars 2019, souhaité la suspension des négociations avec Ankara.

En juin 2019, le Conseil de l’UE note ainsi “que la Turquie continue de s’éloigner un peu plus encore de l’Union européenne”. “Les négociations d’adhésion avec la Turquie sont par conséquent au point mort”.

Et une autre réforme en cours ne devrait pas faciliter les négociations pour l’adhésion de la Turquie à l’UE, celle portant sur le processus d’adhésionproposée par la Commission européenne le 5 février 2020. Elle suggère ainsi de donner la “priorité absolue” à un élargissement dans les Balkans et de mettre “davantage encore l’accent sur les réformes fondamentales, à commencer par l’État de droit”.

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Recettes fiscales, impôt sur les sociétés, TVA : quelle taxation dans les pays de l'Union européenne ?

Publié le 4 Mars 2021 par Philippe LE ROUX - ancien Délégué de la Circonscription dans International

En Europe, le pouvoir en matière fiscale relève très largement des États. Par conséquent, les règles nationales en matière d’impôts varient fortement d’un pays à l’autre.

Comme dans beaucoup d’autres domaines, l’Union européenne se caractérise par d’importantes disparités sur le plan fiscal. Des différences qui tendent à se pérenniser, l’Union européenne ayant peu de compétences en la matière.

À l’échelle européenne, l’adoption d’une législation fiscale requiert l’unanimité des voix au Conseil. Chaque gouvernement dispose donc d’un droit de véto sur les projets visant à harmoniser le fonctionnement de la fiscalité dans tous les États membres.

Dans les pays de l’UE, trois grands types de prélèvements existent : les impôts directs (impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés…), les impôts indirects (TVA, droits d’accise…) et les cotisations sociales.

Les recettes fiscales perçues par les États

L’ampleur des recettes fiscales totales est par exemple très variable d’un pays à l’autre. Selon Eurostat, ces dernières dépassaient en 2019 les 40 % du PIB dans 10 États, dont la France, le Danemark, la Belgique, la Suède ou encore l’Italie. Elles étaient en revanche inférieures à 30 % du PIB en Roumanie et en Irlande.

Impôt sur les sociétés : des disparités marquées

En termes d’impôt sur les sociétés, la France applique le taux maximal le plus élevé (32,02 % en 2020) des 37 Etats de l’OCDE. Seul le Portugal a fixé un taux maximum similaire, de 30 %. De l’autre côté, l’Irlande (12,5 %) et la Hongrie (9 %) appliquent les taux plus bas de l’OCDE, étant seulement suivies par la Suisse (8,5 %).

Le projet d’assiette commune consolidée pour l’impôt sur les sociétés (ACCIS) vise à harmoniser les taux d’imposition des sociétés en Europe. Cette mesure, qui se heurte depuis longtemps à l’opposition de certains Etats membres dont l’Irlande, permettrait de limiter le “dumping fiscal” pratiqué par certains.

Elle a cependant connu une impulsion nouvelle après les révélations de scandales d’évasion fiscale au cours des années 2010 (LuxLeaks, Panama Papers, Paradise Papers…) ou, plus récemment, comme potentielle ressource budgétaire pour l’Union.

Taxe sur la valeur ajoutée : des taux encadrés

Pour éviter trop d’écarts dans les taux de TVA, qui pourraient fausser la concurrence sur le marché intérieur, un seuil minimal de 15 % pour le taux normal a été fixé en 2006. Au-delà, les Etats membres sont libres de fixer le taux de leur choix, et peuvent également prévoir des taux réduits pour certaines activités, produits et services.

La France a par exemple opté pour un taux de TVA normal à 20 % et pratique plusieurs taux réduits : 10 % pour les entrées dans les musées ou la restauration, 5,5 % pour les produits alimentaires, les livres ou encore les billets de cinéma, 2,1 % pour les médicaments remboursables ou la presse.

En juin 2016, une directive relative à l’évasion fiscale a été adoptée. Elle vise à empêcher les entreprises de profiter des écarts de législation entre pays (membres ou tiers) pour réduire leurs charges fiscales. Ces règles sont appliquées par les États membres depuis le 1er janvier 2019.

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Football. Coupe du Monde 2022 : 6 500 ouvriers seraient morts dans les chantiers au Qatar

Publié le 23 Février 2021 par Tom Bertin, Ouest-France dans International

Depuis l’attribution de la Coupe du Monde 2022 au Qatar en 2010, plus de 6 500 travailleurs migrants seraient morts sur les chantiers. La faute à une chaleur trop intense, des chutes et des insuffisances cardiaques, et autres. Ce nombre de décès fait contraste avec le chiffre officiel donné par le Qatar, bien moins élevé.

6 500. C’est le nombre de travailleurs migrants qui seraient morts dans les chantiers de construction des stades au Qatar depuis 2010, soit l’année de l’attribution de la Coupe du Monde 2022 au pays du Golfe. Ces chiffres, révélés ce mardi 23 février par The Guardian, ont été récoltés auprès des gouvernements du Sri Lanka, du Pakistan, d’Inde, du Bangladesh et du Népal. En moyenne, depuis 2010, douze ouvriers auraient perdu la vie chaque semaine.

Les causes principales des décès sont les fortes chaleurs, les chutes et les insuffisances cardiaques. Ces chiffres effrayants le sont d’autant plus par leur non-exhaustivité. Ils n’incluent pas les chiffres de plusieurs pays qui envoient un grand nombre de travailleurs au Qatar, comme les Philippines et le Kenya. Les décès survenus depuis les derniers mois de 2020 ne sont également pas comptabilisés.

Lussaïl Iconic Stadium (photo 2015)
Le Lussaïl Iconic Stadium et ses 80 000 places (ici, en 2015) accueillera le match d’ouverture et la finale de la Coupe du monde 2022. | DR

Une proportion très importante des travailleurs migrants décédés depuis 2011 n’était dans le pays que parce que le Qatar a gagné le droit d’accueillir la Coupe du monde », affirme Nick McGeehan, l’un des dirigeants de FairSquare Projects, organisme juridique spécialisé dans les droits du travail dans le Golfe. Pourtant, selon les données fournies par le Qatar, seuls 37 décès de migrants sont liés aux chantiers de construction des sept nouveaux stades construits à l’occasion de la compétition. Et parmi eux, seuls trois travailleurs immigrés sont morts à cause d’un accident de travail.

« Un manque de transparence » du Qatar

Il y a donc un grand écart, voire un gouffre, entre les chiffres officiels et le nombre réel de décès de travailleurs immigrés. Au vu des très grandes ambitions qataries, ces décès ternissent un peu plus l’image du pays. Alors, certains accusent le Qatar de minimiser son bilan. C’est le cas de May Romanos, chercheuse du Golfe pour Amnesty International. « Il y a un réel manque de clarté et de transparence autour de ces décès ».

Le Qatar, de son côté, dément formellement ces accusations. « Le taux de mortalité dans ces communautés se situe dans la fourchette prévue en fonction de la taille et des caractéristiques démographiques de la population. Cependant, chaque vie perdue est une tragédie et aucun effort n’est épargné pour essayer d’éviter chaque mort dans notre pays », se défend un porte-parole du gouvernement.

Un scandale suffisamment gros pour remettre en question l’attribution de la plus grande des compétitions internationales ? Pas pour la Fifa, qui maintient sa confiance envers le pays du Golfe. « Avec les mesures de santé et de sécurité très strictes sur le site, la fréquence des accidents sur les chantiers de la Coupe du monde de la Fifa a été faible par rapport à d’autres grands projets de construction dans le monde », déclare un porte-parole de l’institution. Pour rappel, la compétition se déroulera du 21 novembre au 18 décembre 2022.

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Fiscalité : quelles sont les règles communes dans l'Union européenne ?

Publié le 24 Décembre 2020 par Philippe LE ROUX - ancien Délégué de la Circonscription dans International

Si la politique fiscale est une compétence qui appartient largement aux États membres, il existe néanmoins des règles communes au niveau européen.

À l’échelle européenne, l’adoption d’une législation fiscale requiert l’unanimité des voix au Conseil. Chaque gouvernement dispose donc d’un droit de véto sur tout projet visant à harmoniser le fonctionnement de la fiscalité dans l’ensemble des États membres.

Actuellement, la politique fiscale européenne concerne principalement la fiscalité indirecte, car cette dernière peut avoir une incidence sur le fonctionnement du marché unique européen.

Ainsi, pour éviter de trop importantes différences dans les taux de TVA, qui pourraient fausser les échanges intracommunautaires, un seuil minimal de 15 % pour le taux normal existe depuis le 1er janvier 1993. Au-delà de ce niveau, les États membres sont libres de fixer le taux de TVA de leur choix, et ont également la possibilité de prévoir des taux réduits pour certaines activités ou certains produits et services. La directive TVA liste les produits ou activités sur lesquels les États membres peuvent appliquer un taux réduit. (cliquer ici et consulter l’annexe III du texte sur la TVA)

La France a par exemple opté pour un taux de TVA normal à 20 % et pratique plusieurs taux réduits : 10 % pour les entrées dans les musées ou la restauration, 5,5 % pour les produits alimentaires, les livres ou encore les billets de cinéma, 2,1 % pour les médicaments remboursables ou la presse.

Autre point majeur en termes de fiscalité indirecte au niveau européen : les droits d’accise. L’accise consiste en une taxe prélevée sur certains produits en fonction de la quantité vendue ou utilisée. Comme pour la TVA, l’Union européenne a fixé des taux minimaux pour les droits d’accise appliqués par les États membres, également afin d’éviter que les échanges intracommunautaires ne soient faussés.

Les pays de l’UE sont par ailleurs tenus de prélever des droits d’accise sur les mêmes produits et doivent nécessairement les appliquer, notamment concernant l’alcool, les tabacs manufacturés et les produits énergétiques. En France, ils sont perçus par la douane, de même que l'octroi de mer dans les départements d'outre-mer.

Quelle politique européenne en matière de fiscalité directe ?

S’agissant de cette dernière, l’UE est également habilitée à légiférer pour garantir le fonctionnement du marché unique et des libertés de circulation qu’il implique.

La jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a en effet admis qu’une harmonisation en matière de fiscalité directe était possible sur la base de l’article 115 TFUE. Celui-ci dispose que “le Conseil, statuant à l’unanimité conformément à une procédure législative spéciale, et après consultation du Parlement européen et du Comité économique et social, arrête des directives pour le rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives des États membres qui ont une incidence directe sur l’établissement ou le fonctionnement du marché intérieur”. Des règles européennes existent ainsi pour éviter la double imposition des sociétés, harmoniser la fiscalité de l’épargne ou encore lutter contre la fraude fiscale.

Par exemple, en juin 2016, une directive relative à l’évasion fiscale a été adoptée. Elle vise à empêcher les entreprises de développer des dispositifs hybrides leur permettant de diminuer leurs charges fiscales en profitant des écarts de législation entre les pays (membres ou tiers). Selon ce texte européen, les revenus transférés par les entreprises dans des pays caractérisés par leurs faibles taux d’imposition où elles n’exercent pas d’activité économique réelle doivent être taxés par les États membres. Ces règles sont appliquées par les pays de l’UE depuis le 1er janvier 2019.

En février 2021, une majorité d’États membres se sont déclarés favorables à un “rapport public pays par pays” proposé par la Commission européenne en 2016. Celui-ci aurait pour effet de rendre obligatoire, pour les entreprises réalisant plus de 750 millions d’euros de chiffre d’affaires par an, la publication de leurs revenus, de leurs bénéfices, de leurs effectifs et de leurs impôts payés dans chaque pays où elles sont présentes.

Le projet permettrait d’accroître la transparence fiscale de ces sociétés et d’établir plus clairement si les impôts qu’elles paient dans un État correspondent à l’activité économique qu’elles y exercent. De quoi renforcer la pression de l’opinion publique sur les mauvais élèves, tels que les GAFA, régulièrement épinglés pour leurs pratiques fiscales en Europe.

Enjeux et perspectives

Plusieurs grands chantiers relatifs à la fiscalité sont actuellement discutés au niveau européen, certains depuis plusieurs années.

C’est le cas tout d’abord du projet d’assiette commune consolidée pour l’impôt sur les sociétés (ACCIS), qui vise à harmoniser les taux d’imposition des sociétés en Europe. Ce système permettrait aux entreprises de recourir à un guichet unique en Europe pour leurs déclarations fiscales et de pouvoir compenser leurs pertes et profits à l’échelle de l’Union.

L’ACCIS, qui tarde à se concrétiser, a connu une impulsion nouvelle ces dernières années à la faveur des scandales LuxLeaks, des Panama Papers ou encore des Paradise Papers. Les révélations relatives aux pratiques d’évitement fiscal de multinationales, par le biais d’accords fiscaux avantageux (“rescrits fiscaux”) passés avec des pays tels que le Luxembourg, l’Irlande, ou encore les Pays-Bas, ont mis en lumière l’existence d’une importante concurrence fiscale entre les pays de l’UE. À cet égard, l’ACCIS permettrait de réduire ces écarts entre les systèmes fiscaux, aboutissant à une situation que certains qualifient de dumping.

La Commission s’est d’ailleurs d’ores et déjà attaquée à ces pratiques, sous l’angle de la concurrence (notamment en infligeant des amendes de parfois plusieurs milliards d’euros à des géants du numérique américain), estimant qu’elles pouvaient être vues comme des aides d’État déguisées, interdites par le droit européen.

En attendant que l’ACCIS voie le jour, une taxe spécifique aux géants du numérique (surnommée taxe GAFA) est également envisagée. Celle-ci est motivée par les comportements d’optimisation fiscale adoptés par ces entreprises, d’autant plus agressifs que leur activité économique dans un pays ne requiert pas nécessairement leur présence physique.

Cependant, face aux réticences, voire l’opposition de plusieurs États membres qui proposent des dispositifs fiscaux avantageux comme l’Irlande, ou encore de l’Allemagne, du Danemark, de la Suède et de la Finlande qui craignaient des représailles américaines, l’UE vise en priorité un accord international dans le cadre de l’OCDE, où des travaux sont menés en vue d’une solution consensuelle d’ici mi-2021. Pour prévenir un éventuel échec de cette voie internationale, l’Europe entend néanmoins préparer sa propre taxe. En attendant qu’une taxation internationale ou européenne soit mise en place, certains États membres en ont mis une en place au niveau national, à l’instar de la France en juillet 2019.

Plus généralement, la Commission européenne cherche à intensifier son action commune de lutte contre l’optimisation et l’évasion fiscales des entreprises et des particuliers. Pour ce faire, une liste européenne des paradis fiscaux a été élaborée en décembre 2017. Imparfaite et critiquée pour sa faible ambition, cette liste n’en demeure pas moins une première pour l’UE dans ce domaine.

Dans le contexte de la mise en place du budget 2021-2027 de l’UE, la création de taxes européennes dans plusieurs domaines pour augmenter les ressources propres de l’Union, lesquelles serviraient en partie à financer le plan de relance de 750 milliards d’euros, sont en débat. Le principe d’une taxe sur le plastique non recyclé est déjà acté. Celle-ci est entrée en vigueur le 1er janvier 2021 et correspond à des sommes versées par les États membres pour chaque kilogramme de plastique non recyclé (80 centimes/kilogramme).

Outre la taxe Gafa, une extension du marché du carbone aux secteurs aérien et maritime, une taxe carbone aux frontières de l’UE, une autre sur les transactions financières (TTF) et la mise en place de l’ACCIS font parties des pistes, toutes vieilles d’au moins plusieurs années, évoquées. Pour les deux premières, des propositions de la Commission européenne sont attendues d’ici juin 2021 et pour juin 2024 au plus tard en ce qui concerne les deux dernières.

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Union européenne - Turquie : chronologie d'une relation mouvementée

Publié le 30 Octobre 2020 par Philippe LE ROUX - in "Toute l'Europe" dans International

La récente escalade diplomatique entre Ankara et Paris s’ajoute aux tensions grandissantes entre Turcs et Européens. Toute l’Europe vous propose de revenir sur 70 ans d’une relation ambigüe à l’aide d’une chronologie.

Les premiers contacts entre l’UE et la Turquie ne datent pas d’hier. Dès 1959, Ankara formule sa première demande d’association avec la Communauté économique européenne (CEE). Quatre ans plus tard, un accord d’association est signé. Il faudra attendre près de 25 ans pour que la Turquie dépose formellement sa candidature pour l’adhésion à la CEE.

10 ans et un refus européen seront nécessaires à l’obtention du statut de candidat à la CEE, entretemps devenue Union européenne, en 1999. Dès 1996, une union douanière est cependant scellée entre l’UE et la Turquie. En 2005, les négociations d’adhésion débutent officiellement. Mais celles-ci ne se déroulent pas sans accroc, notamment à cause de la question de la souveraineté de Chypre sur son territoire, contestée par Ankara. Les discussions sont par exemple bloquées plusieurs mois en 2006-2007 pour cette raison.

Mars 2016 constitue une date clé dans la relation UE-Turquie, avec la signature du pacte migratoire. Mais quelques mois plus tard, une tentative de coup d’État militaire a lieu à l’encontre du président turc Recep Tayyip Erdoğan, favorisant un tour de vis autoritaire du régime. Les négociations patinent depuis, en raison de la question du respect de l’état de droit, tandis qu’Ankara se sert plusieurs fois de l’accord migratoire pour faire pression sur les Européens. Le président et le gouvernement turcs menacent à plusieurs reprises de le suspendre. Cette menace est concrètement mise à exécution en février 2020, lorsque la Turquie ouvre sa frontière avec l’UE aux migrants. À cela s’ajoute la problématique des incursions turques dans les eaux territoriales grecques, vivement condamnées par l’UE.

15-16 octobre 2020 Menace de sanctions de la part du Conseil européen à l'encontre de la Turquie si elle ne met pas fin à ses incursions dans les eaux territoriales grecques

28 février 2020 Ouverture par la Turquie de sa frontière avec l'UE aux migrants

22 juillet 2019 Annonce de la suspension du pacte migratoire UE-Turquie par le ministre des Affaires étrangères turc Mevlüt Cavusoglu

15 mars 2019 Les négociations d'adhésion avec la Turquie "au point mort", selon le Conseil de l'UE

26 mars 2018 Rencontre en Bulgarie entre Recep Tayyip Erdoğan et les dirigeants de l'UE pour renouer le dialoguesans "aucune avancée concrète" (Donald Tusk, président du Conseil européen)

25 mars 2017 Déclaration d'Erdoğan relative à l'organisation d'un référendum sur la poursuite de la candidature de la Turquie à l'UE.

16 juillet 2016 Tentative de coup d'État en Turquie

18 mars 2016 Pacte migratoire UE - Turquie

1er juillet 2012 Début de la présidence chypriote. Gel par la Turquie de ses relations avec la présidence tournante et refus de participer à toute réunion présidée par Chypre

29 mars 2007 Reprise des négociations avec l'ouverture du dossier "politique d’entreprise et politique industrielle". Ouverture de 11 autres jusqu'en 2010.

11 décembre 2006 Gel des négociations par l'UE, la Turquie refusant d’appliquer à Chypre le protocole dit d’Ankara.

3 octobre 2005 Début effectif des négociations d'adhésion à l'UE

10-11 décembre 1999 Obtention du statut de candidat par la Turquie au Conseil européen d'Helsinki

13 décembre 1997 La Turquie considérée comme candidate potentielle à l’Union au Conseil européen de Luxembourg

1er janvier 1996 Début d'une union douanière UE-Turquie

18 décembre 1989 Refus de la candidature turque par la CEE en raison de son économie, des relations avec la Grèce et de la crise chypriote

14 avril 1987 Dépôt formel de candidature pour une adhésion à la CEE.

12 juillet 1963 Signature d'un accord d’association entre la CEE et la Turquie

31 juillet 1959 Première demande d’association de la Turquie avec la Communauté économique européenne (CEE)

18 février 1952 Entrée de la Turquie dans l'Otan

13 avril 1950 Entrée de la Turquie au Conseil de l’Europe

 

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Maurice Berger: «La montée des violences en France est trop importante pour se contenter de déclarations indignées»

Publié le 26 Août 2020 par entretien avec Aziliz Le Corre - Le Figaro dans Edito

«Dans toutes les situations de violence, la question fondamentale est la même: qu’est-ce qui aurait pu ou pourrait empêcher des agresseurs de frapper voire de tuer?»

Le pédopsychiatre et psychanalyste Maurice Berger analyse l’origine de la montée des violences en France et propose des mesures fortes pour endiguer ce phénomène.

Maurice Berger est pédopsychiatre, psychanalyste, ex-professeur associé de psychologie de l’enfant. Il travaille en Centre Éducatif Renforcé et enseigne à l’École Nationale de la Magistrature. Il a publié, Sur la violence gratuite en France. Adolescents, hyperviolents, témoignages et analyses (L’Artilleur, 2019).

Depuis le début de l’été, l’actualité est émaillée d’agressions d’une extrême violence. À cette violence physique et verbale s’ajoute la violence matérielle, en témoigne les saccages dans certaines rues de Paris, après la finale de la Ligue des Champions. Selon vous, ces violences participent-elles d’un seul et même mouvement ?

Maurice Berger - Je considère que ces faits ont des causes multiples, même si le résultat est la destruction du corps d’êtres humains ou de biens. Leur point commun est l’aspect souvent groupal et le sentiment d’impunité totale.

J’observe une «nouvelle» forme de violence de plus en plus fréquente: des individus sortent seuls ou en groupe, parfois armés d’un couteau, avec l’envie de se battre et vont chercher n’importe quel prétexte pour le faire, comme un refus prévisible de cigarette. Dans les centres de jeunes délinquants où j’ai travaillé, on m’a rapporté fréquemment une méthode consistant à ennuyer une jeune fille en l’insultant et en commençant à la toucher, si bien que son compagnon ou un témoin est obligé de s’interposer, ce qui donne un «motif» pour le frapper, comme si c’est lui qui avait commencé. Une autre remarque est que pour les personnes originaires de nombreuses régions du monde, l’espace est genré comme l’indique la sociologue Nassima Driss. Par exemple, à propos de la mort dramatique d’Axelle Dorier à Lyon dont la justice précisera les circonstances exactes, concernant l’auteur on peut proposer une hypothèse qui ne sera probablement pas explorée lors du procès. Le conducteur d’origine maghrébine est confronté à une jeune femme, d’origine européenne de surcroît, qui se met en travers de la route pour le faire s’arrêter, c’est-à-dire se «soumettre». Dans la culture d’Afrique du Nord, l’espace public est masculin alors que la place de la femme se situe au sein du foyer. Il y a là une différence anthropologique de représentation de l’espace. Pour cette jeune femme, on devait agir en être responsable et donc discuter. Pour l’auteur, cela a peut-être été impensable car c’est l’homme qui commande. Toute société imprégnée de machisme ne peut que générer de la violence sur les femmes…ou sur les autres hommes plus faibles.

Pour le jeune homme bordelais, la question est celle de l’impulsivité, c’est-à-dire de la capacité de contenir une tension en soi sans la décharger sur autrui. Camus écrivait : «Un homme, ça s’empêche.» On peut naître avec un tempérament plus ou moins impulsif, mais il n’y a pas de fatalité, la question est celle de la manière dont l’éducation familiale et groupale valorise cette impulsivité ou se donne comme tâche principale d’aider l’enfant à la contenir. Si ce travail éducatif et affectif n’est pas réalisé dans la petite enfance, il faut savoir que nous n’avons ensuite que peu de moyens réellement efficaces d’aider un sujet à contrôler son impulsivité.

On peut naître avec un tempérament plus ou moins impulsif, mais il n’y a pas de fatalité, la question est celle de la manière dont l’éducation familiale et groupale valorise cette impulsivité ou se donne comme tâche principale d’aider l’enfant à la contenir.

Quant aux destructions préméditées des rues de Paris suite à la finale de la Ligue des Champions avec agressions de policiers, les saccages auraient eu lieu de la même manière si le PSG avait gagné au lieu d’avoir perdu. Un événement sert de prétexte à se réunir et à «jouer» dans une atmosphère d’excitation collective au jeu, le moins élaboré qui puisse exister, le plaisir jubilatoire de détruire et de frapper chez des sujets incapables de construire. Et ce jeu rend inefficace les coûteuses politiques de la ville dont les constructions peuvent être brûlées, comme à Chanteloup-Les-Vignes. Mais il faut y ajouter les cris scandés en chœur «Français ! Français ! On t’encule !», qui soulignent l’aspect clanique de cette violence, les destructions consistant alors à «niquer» la France.

Car effectivement, dans tous ces exemples, l’agresseur n’était pas seul : à Bordeaux, le frère de l’agresseur était dans sa voiture, c’est un groupe qui a frappé un individu qui demandait à un homme de mettre un masque dans une laverie, etc. Il y a donc fréquemment une dimension groupale, familiale ou culturelle, dans ces actes.

Nathalie Birminta, infirmière fondatrice de l’association «Les mères combattantes», dont le fils a été tué lors d’une rixe, décrit une logique dans laquelle le clan est transposé au territoire, un fonctionnement en termes de frontière invisible. Un jeune d’un arrondissement qui franchit la rue donnant sur un autre arrondissement peut être lynché par un réseau qui se concentre en quelques secondes grâce au GPS. Un ou deux chefs de groupe prennent la décision dans la répartition des protagonistes en présence : «Si tu n’es pas avec nous, tu es contre nous.», et elle indique que ce fonctionnement en meute est plus en lien avec des jeunes originaires de familles où règne la polygamie. On peut dire que c’est un fonctionnement quasiment tribal qui repose sur une aire géographique, laquelle détermine qui est ami ou ennemi. On est obligé de déscolariser certains mineurs dont le lycée se trouve en territoire «ennemi». Les éducateurs qui travaillent famille par famille ne peuvent rien sur ces processus de groupe et ne parviennent pas à désamorcer ces attaques. Nathalie Birminta a créé un réseau de mères qui communiquent entre elles par Snapchat ; dès qu’elles sont informées qu’une bagarre groupale risque de se produire, elles accourent alors toute affaire cessante pour empêcher qu’il y ait un mort de plus. Il y en a déjà eu neuf à Paris dans ce contexte.

Dans toutes ces situations, la question fondamentale est la même : qu’est-ce qui aurait pu ou pourrait empêcher des agresseurs de frapper voire de tuer ? Car toutes les théories du monde ne doivent pas faire oublier que les conséquences sont des morts, des familles endeuillées, des personnes gravement blessées et handicapées à vie.

En tant que psychiatre, parleriez-vous d’«ensauvagement» de la société?

Il y a effectivement de plus en plus d’individus extrêmement violents. Je préfère cette formule à celle d’ensauvagement de la société qui est trop globale. Et plus personne n’est à l’abri d’une mauvaise rencontre. L’étude d’Alain Bauer et Christophe Soullez,Le grand retour de l’homicide?, publiée cette année, montre une augmentation du nombre des homicides en France après une baisse de 60 % entre les années 1994 et 2014. Les chiffres de 2018 sont de 845. Ceux de 2019, autour de 950, donc une augmentation de 8,5 % en un an. Ce chiffre de 2019 est supérieur à celui de 2015 (872, incluant les 130 morts de l’attentat du Bataclan) et à celui de 2016 (892, incluant les 86 morts de l’attentat de Nice). Les auteurs concluent : «En tout état de cause, un profond mouvement de retour à la violence physique semble se produire en Occident, ignoré, volontairement ou involontairement, ou sous-estimé (…), ce qui remet en cause un acquis fondateur: le droit de vivre.» Le crime est donc devenu un mode de traitement des litiges.

Certains considèrent que l’origine sociale et la détresse dans laquelle ces individus violents peuvent se trouver expliqueraient leur comportement. Partagez-vous cette analyse psychosociale ?

Je suis totalement opposé à cette théorie qui est une spécificité de ce que je nomme la «dénisphère», laquelle désigne les agresseurs comme des victimes de notre vilaine société, et nomme «fascistes» les personnes qui se situent dans la sphère de la réalité. Cette culpabilisation a interdit de diffuser du savoir et de prendre les mesures nécessaires pendant de nombreuses années et elle est ainsi en grande partie à l’origine de la situation actuelle : l’INSEE comptabilisait une violence gratuite toutes les 44 secondes en 2018, alors que certains sociologues parlaient de «sentiment d’insécurité».

On naît dans une famille avant de naître dans un quartier. Un auteur comme Boussad Boucenna montre dans son livre, Ces enfants d’immigrés qui réussissent, comment le projet parental a une importance majeure pour la construction du destin d’un enfant et comment des parents qui investissent la scolarité de leur enfant et qui surveillent ses fréquentations lui donnent les moyens de s’intégrer dans notre société, même si c’est au prix d’un effort particulier. Je travaille dans un Centre Éducatif Renforcé dont environ 80 % des professionnels sont d’origine maghrébine et qui sont porteurs de valeurs de respect de l’autre et d’empathie. Même dans les fonctionnements claniques, la question est celle de la dette à l’égard de la société d’accueil. Ainsi une femme m’explique que son père maghrébin, patriarche très traditionnaliste en particulier concernant l’éducation des filles, a toujours dit à ses nombreux enfants : «Vous êtes des invités, vous n’ouvrez pas le frigo et vous ne mettez pas du mouton à la place du cochon.», «Vous devez être propres (légalement) et apporter quelque chose au pays qui nous accueille.» D’autres clans familiaux ont en revanche un fonctionnement incompatible avec la société occidentale. D’une manière générale, il faut remettre la honte à sa place, c’est-à-dire du côté de ceux qui ne respectent pas une société.

La violence n’est pas due à la ghettoïsation, ni à la stigmatisation sociale. Elle est d’abord liée à une histoire individuelle, celle du délinquant et celle de ses parents et à l’incapacité psychologique qu’ont de nombreux jeunes de s’éloigner de leur famille.

Par ailleurs, les professionnels sérieux savent bien que donner de l’argent aux familles dont je parle ici ne diminuera pas le nombre de violences gratuites car cela n’empêchera pas un homme de battre son épouse devant ses enfants et n’aidera pas une mère à mettre des limites éducatives cohérentes, deux causes importantes des comportements violents. La violence n’est pas non plus due à la ghettoïsation, ni à la stigmatisation sociale. Elle est d’abord liée à une histoire individuelle, celle du délinquant et celle de ses parents et à l’incapacité psychologique qu’ont de nombreux jeunes de s’éloigner de leur famille. Dans le clan, on pense tous de la même manière et chacun doit veiller à rester à proximité physique des autres. Le groupe a plus d’importance que l’individu, ce qui empêche l’ouverture sur la société d’accueil. Ceci est à rapprocher du mot arabe bid’â qui signifie à la fois «hérésie» et «nouveauté», et qui montre l’interdit de penser différemment de la tradition groupale. S’il y a un litige, c’est alors «forcément» de la faute des personnes extérieures au groupe.

Comment endiguer cette montée des violences, selon vous ?

Il est impossible de répondre à cette question en quelques lignes. On ne peut pas se contenter de mesures patchwork, il faut partir d’une clinique de terrain précise. Un plan «anti violence» doit être construit en envisageant toutes les étapes de la vie où se structure la violence d’un sujet et en repérant tous les points faibles dans la chaîne des intervenants. Maintenant que les politiciens ont laissé la situation dégénérer depuis des années, il est nécessaire de changer de paradigmes. Parmi les axes sur lesquels devraient se porter la réflexion, citons les suivants : un recentrage sur la victime ; des peines prévisibles, et pourquoi ne pas enseigner les grandes lignes du Code Pénal à l’école en instruction civique et en informer tout étranger pénétrant sur notre territoire ; des peines lourdes et effectives, donc dissuasives, d’autant plus si elles sont liées à une exemplarité publique (cf. infra) ; des peines qui incluent la famille lorsque c’est un mineur qui est en cause. En voici quelques exemples qui nécessiteraient chacun d’être plus développés.

Au niveau prévention, on pourrait mettre en place des actions de prévention avec des groupes de jeu «mère - petit enfant -professionnels», les mères recevant une prime de la Caisse d’Allocation Familiales pour leur assiduité. On n’a jamais joué avec ces mères lorsqu’elles étaient enfants, elles ne savent pas faire, or les jeux de faire semblant sont l’aliment de la croissance psychique, et ceci permettrait aux enfants de jouer autrement qu’en détruisant dans la réalité. Une France qui saurait jouer serait une France moins violente. Mais les familles à fonctionnement clanique souhaiteront-elles y participer ?

Au niveau pédagogique, une recherche financée en 2019 par la Direction Nationale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, la Direction Générale de la Santé, et la Direction Générale de la Cohésion Sociale, d’un coût de 60 000 euros, montre que 60 % des jeunes admis en Centre Educatif Fermé ont un niveau qui ne leur permet pas de suivre un circuit normal d’apprentissage. Sans préjuger de la cause et de la possibilité d’améliorer ce niveau, il est probable que ce facteur explique en grande partie le décrochage scolaire récurrent lors de l’entrée en sixième. Pour eux, le collège unique est une aberration. N’arrivant pas à suivre, ces jeunes s’ennuient en classe, provoquent, se battent, se font exclure et se tournent alors vers les fréquentations du quartier où règne la loi du plus fort et le trafic de drogue. Il est nécessaire de créer un cycle pédagogique différent, passant par un apprentissage concret, manuel.

 

La règle fondamentale et absolue « on ne porte pas atteinte au corps de l’autre » est actuellement prise avec trop de relativisme.

Au niveau légal, c’est la relation entre la loi et le respect de l’intégrité corporelle qui doit être repensée. La règle fondamentale et absolue : «on ne porte pas atteinte au corps de l’autre», est actuellement prise dans trop de relativisme. Ainsi si quelqu’un commet une violence entraînant une ITT égale ou inférieure à 8 jours, il ne risque pas de peine de prison car cette infraction est considérée comme une contravention de cinquième classe (article R625-1 du Code pénal). Or pour qu’une personne soit incapable de reprendre son travail pendant 8 jours, cela signifie qu’elle a été très fortement frappée. Il n’y a de peine d’emprisonnement que si la personne agressée avait moins de 15 ans, était une personne vulnérable, un policier, un enseignant, etc. (articles 222-13 et 14).

De même, la valeur de la prison comme butée à l’augmentation des actes violents chez un individu doit être repensée. Pour beaucoup d’agresseurs, un sursis est compris comme un effacement de l’agression commise, comme s’il ne s’était rien passé. Une magistrate m’a expliqué qu’il y a quelques années, elle avait décidé de «ne pas appliquer la loi» en cours et de prononcer des peines effectives de 15 jours de prison pour les mineurs délinquants. La plupart lui ont écrit pour la remercier de leur avoir montré ce qui les attendait dans la vie et ont modifié leur comportement. Lorsque la parole du magistrat ne suffit pas, seule une telle butée permet au sujet de réfléchir non pas sur ce qu’il a fait subir à autrui, c’est le plus souvent impossible, mais sur le fait que la société considère que ce qu’il a été fait est lourd de conséquences. La notion de peine plancher doit être mise en place dans certains contextes en dehors même de la notion de récidive, sinon la loi perd une de ses fonctions qui est de permettre à un individu d’anticiper les conséquences de ses actes. Quelle différence cela fait-il pour une victime d’avoir eu le cerveau abimé par un primo-délinquant ou par un multirécidiviste ? Il faut cependant savoir que les peines planchers ne garantissent pas l’automaticité d’une peine, elles peuvent être atténuées par un sursis, par une décision du juge d’application des peines, etc. Et on doit se demander jusqu’où le principe d’individualisation de la peine, reconnue comme un droit par le Conseil constitutionnel depuis juillet 2005 doit être nuancé. Le pénal doit se recentrer sur la victime.

Il faut aussi repenser l’exemplarité de la peine afin d’améliorer la possibilité d’anticiper les conséquences de ses actes. Les médias nationaux relatent de manière très visible des actes violents qui peuvent être ressentis comme des «exploits» par d’autres sujets violents, mais la même publicité n’a pas lieu concernant les peines prononcées ensuite contre les auteurs, ceci n’apparaît que dans la presse régionale. Il serait souhaitable que les peines prononcées soient publiées sur internet, département par département, par le Ministère de la Justice chaque fois qu’il y a eu atteinte à l’intégrité physique. Il s’agirait là-aussi de lutter contre le déni de la gravité de l’acte : name and shame.

La justice des mineurs devrait elle aussi être repensée en grande partie. Par exemple, il serait nécessaire que l’indemnisation d’une victime pour les dommages corporels subis ainsi que pour les dégâts matériels commis ne soient plus totalement prise en charge par l’assurance responsabilité civile scolaire du mineur, comme c’est le cas actuellement, même en cas de viol. Ceci est considéré par l’agresseur et sa famille comme un effacement de la gravité de l’acte. Une proportion à définir légalement devrait obligatoirement rester à la charge de groupe familial.

Pour beaucoup d’agresseurs, un sursis est compris comme un effacement de l’agression commise, comme s’il ne s’était rien passé.

Une modification en profondeur du Code pénal, doit donc être effectuée, inverse de celle proposée par le gouvernement actuel centrée sur des alternatives à l’incarcération. Et elle doit s’accompagner de la création de milliers de place de prison, certaines étant dédiées à des séjours courts, avec un encellulement individuel.

Mais ces mesures ne prendront de sens que si on essaye de freiner l’augmentation de la quantité de sujets violents. Le travail effectué actuellement par des professionnels comme moi donne le sentiment de vider la mer avec une petite cuillère. Notre capacité de prise en charge éducative, nos systèmes judiciaires et sanitaires sont débordés. Or une majorité des majeurs et mineurs délinquants et violents que j’ai pu observer dans mon travail sont issus de l’immigration. Il me semble qu’il n’y a pas d’autre solution que de se retirer temporairement de la Convention européenne des Droits de l’Homme sur un certain nombre de points, afin de mettre fin au regroupement familial. Une telle mesure aurait une dimension injuste pour des familles ayant une réelle volonté d’intégration, mais nous n’avons pas d’autre possibilité. Quant aux réactions au niveau européen de la part de personnes «protégées», je dirais que l’Europe ne peut pas se passer de la France alors que la France peut se passer de la CEDH, et qu’en tant que pays civilisé, elle peut avoir temporairement une Convention française des droits de l’Homme. Une telle mesure permettrait aussi de prononcer une obligation de quitter le territoire français (OQTF) des mineurs non accompagnés (dont beaucoup sont majeurs en réalité) auteurs d’agressions après qu’ils ont purgés leur peine. Les rapports officiels indiquent que certains établissements pénitentiaires pour mineurs reçoivent jusqu’à 58 % de mineurs non accompagnés (640 euros de prix de journée), et ils peuvent aussi constituer 40 % de l’effectif d’une Maison d’arrêt. Nous devons recentrer nos moyens limités sur une prise en charge suffisante de nos citoyens violents. Aucun étranger, majeur ou mineur, ne doit venir dans notre pays pour y commettre un délit ou un crime. Ce retrait de la CEDH est une mesure préalable fondamentale qui conditionne tout «plan violence». Toute action politique qui ne s’y engage pas signifie qu’on préfère des principes à la vie, et elle sera donc vouée à l’échec, y compris dans la mise en place des mesures indiquées précédemment.

Les éternelles déclarations indignées et les rodomontades des politiciens ne suffisent plus. Nous devons passer maintenant du logos au drasteos, de la parole à l’action efficace. Il s’agit d’un travail gigantesque, d’un déchirement par rapport à notre manière de penser antérieure, mais avons-nous un autre choix ?

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Déboulonnage de statues : «Notre civilisation se vide peu à peu de sa substance»

Publié le 2 Juillet 2020 par Le Figaro - Gaël Nofri dans Edito

Après le déboulonnage de nombreuses statues par des activistes indigénistes, Gaël Nofri s’inquiète de ce tribunal populaire. Selon l’historien, ces vandalismes à répétition sont le symptôme d’un affaiblissement de l’idée de civilisation.

Gaël Nofri est historien et conseiller municipal de la Ville de Nice. Il vient de publier Une histoire des révolutions en France (éd. du Cerf, juin 2018).

Le 26 juillet dernier, des associations indigénistes s’en sont prises aux statues de Joséphine de Beauharnais et de Pierre Belain d’Esnambuc. Ces actions militantes interviennent deux mois après le déboulonnage par les mêmes activistes, d’une autre statue, celle de Victor Schœlcher.

La haine indigéniste semble ne pas avoir de limite. Peu ou prou, tous les grands hommes de l’Histoire nationale se trouvent progressivement mis en accusation, trainés devant le tribunal de l’aseptisation moderne, de la refondation intellectuelle, de la réécriture identitaire. Pourtant, si un homme pouvait espérer éviter un tel procès, c’est bien Victor Schœlcher, le père de l’abolition de l’esclavage en France. Or il n’en fut rien, bien au contraire: le cas Schœlcher incarne aujourd’hui l’essor de ce mouvement qui s’en prend aux racines mêmes de notre civilisation, menaçant le sens de notre Histoire.

Car, que reproche-t-on à Victor Schœlcher? D’avoir mis un terme définitif à l’esclavage en France et dans ses colonies alors même qu’il était un blanc, alors même qu’il n’était ni esclave ni descendant d’esclaves. Sa faute originelle, son crime sans excuse, est, en quelque sorte, d’avoir par son geste masqué le combat passé des esclaves pour leur liberté... une forme de paternalisme intolérable. Accuser Schœlcher, c’est donc accuser un homme parce qu’il est blanc, c’est accuser un homme parce qu’il n’a pas été esclave ; c’est condamner l’acte d’un homme non pour ce que signifie cet acte fondateur mais parce que la réalité de celui-ci refuse de se fondre dans la lecture idéologique que l’on en espérait.

Accuser Schœlcher, c’est donc accuser un homme parce qu’il est blanc, c’est accuser un homme parce qu’il n’a pas été esclave.

Or, où est la noblesse de l’âme ? Dans l’esclave qui, très légitimement, se révolte contre son statut d’esclave ou dans le geste de celui qui, ayant eu la chance de naître du côté des hommes libres, condamne en son for intérieur l’esclavage, renonce à celui-ci, l’abolit… fait le choix de voir dans l’esclave un frère. À la vérité, le fait d’appartenir à une civilisation qui a subi l’esclavage, ce qui est le cas de toutes les civilisations, ne donne que peu de droits. En revanche, le fait d’appartenir à une civilisation qui, a comme toutes les autres, pratiqué l’esclavage, avant de choisir d’y renoncer, de vivre sans les facilités matérielles qu’il procurait, de le condamner en le proclamant contraire à ses valeurs, cela est porteur de sens. C’est justement le sens et l’honneur de l’Histoire de France, de la civilisation Française que d’avoir contribué à ouvrir cette voie nouvelle de l’Humanité.

À ce titre, le combat de Victor Schœlcher et son action dans l’Histoire témoignent d’une vision de l’homme, de la vie et de la liberté déterminante : «Si, comme le disent les colons, on ne peut cultiver les Antilles qu’avec des esclaves, il faut renoncer aux Antilles. La raison d’utilité de la servitude pour la conservation des colonies est de la politique de brigands. Une chose criminelle ne doit pas être nécessaire. Périssent les colonies plutôt qu’un principe», pouvait-il déclarer dès 1842.

On peut s’interroger sur le sens qu’il convient de donner à la remise en cause contemporaine d’un geste fondateur, historique et décisif pour notre conception de l’Homme au profit d’une vision stérile, racialiste et indigéniste des rapports sociaux. Cette situation doit nous interpeller sur l’état de notre société, sur sa capacité à porter, faire vivre et incarner cette civilisation française dont nous sommes les héritiers. Car l’indigénisme à l’œuvre dans cette affaire représente justement la faillite totale et absolue de l’idée de civilisation. Il proclame l’immédiateté, l’immuabilité, l’indépassabilité du phénomène identitaire. Une vision des choses dans laquelle il n’y a pas de place pour le temps long, pour l’idée de construction historique... En cela, ce combat entre en opposition totale avec la notion de civilisation qui est une forme de sédimentation de l’œuvre humaine, une justification de l’écoulement du temps et un ancrage durable du sens de l’effort.

L’illustration la plus significative de cette opposition entre compréhension du temps long et proclamation de l’immédiateté, entre civilisation et combat indigéniste se trouve dans un autre exemple actuel d’attaque de statue: Jean-Baptiste Colbert.

Passons rapidement sur le rôle essentiel, sur l’apport incontestable, sur la vie au service de la France, qui se confondait alors avec son Roi, de Colbert. Consacrons-nous plutôt à l’objet du délit. On reproche au Ministre de Louis XIV son rôle prépondérant dans la rédaction de l’édit royal connu sous le nom de «Code Noir» (qui ne sera en réalité finalisé qu’après sa mort). La simple lecture de ce Code Noir aujourd’hui est une épreuve, une épreuve douloureuse, pour l’âme quand on pense au sort de ces hommes, quand on pense aux sévices et à la privation de liberté que des êtres humains ont infligé à d’autres êtres humains. À ce titre, dire que le Code Noir a été une avancée quant au sort des esclaves parait pour le moins inadapté. Pourtant, il représente incontestablement une étape. Étape sur le difficile chemin de la prise en compte de l’esclave, de sa vie et de son sort. Certes, ce chemin sera encore long, très long, trop long ; mais avec Colbert, pour la première fois, l’esclave va disposer d’un cadre juridique. Un cadre juridique qui nie toujours son plein et entier statut d’être humain ; mais qui lui permet de passer de la non-existence légale, laissant au maitre un pouvoir absolu au sens étymologique du terme, c’est-à-dire délié de toute contrainte, à un pouvoir encadré. En effet, pour la première fois, un texte prévoit l’obligation du maître de nourrir et vêtir ses esclaves, lui interdisant notamment de les tuer ou de les mutiler «sans raison». Ainsi, l’époque parlera volontiers d’édit d’humanité pour qualifier ce texte incontestablement choquant. Pour entendre une telle qualification, il faut non seulement éviter de tomber dans l’anachronisme, mais il faut encore admettre l’idée du temps long, de travail du temps sur le temps et des hommes sur les hommes… l’idée de civilisation. «L’homme n’est pas entièrement coupable: il n’a pas commencé l’histoire ; ni tout à fait innocent puisqu’il la continue», pouvait écrire, en d’autres circonstances, Albert Camus dans "L’homme révolté".

Le problème essentiel n’est pas tant de savoir aujourd’hui si tel ou tel de nos grands hommes historiques fut coupable ou non de telle ou telle faute ; incontestablement la vérité de l’humain est moins manichéenne que ne le voudrait le roman national. Pourtant un roman, fusse-t-il national, s’il s’arrange de ses personnages et de leurs détails, n’en traduit pas moins une méditation sur l’existence, une quête de vrai. C’est cette quête qui est aujourd’hui remise en cause, attaquée et menacée par cette haine de soi à l’usage de tous que contient en lui le poison indigéniste.

Dans "La Liberté pour quoi faire ?", Georges Bernanos écrivait avec sa justesse coutumière : «Tout Français digne de ce nom sait très bien, que pour restaurer la France il importe de restaurer avec elle les valeurs spirituelles qui donnent leur signification historique au nom de France et au nom de Français.»

Et le même de nous avertir, prophétique : «Une civilisation ne s’écroule pas comme un édifice, on dirait, beaucoup plus exactement, qu’elle se vide peu à peu de sa substance jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que l’écorce.»

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Imagine un moment que tu sois né en 1900. 

Publié le 12 Juin 2020 par Anonyme dans Edito

Imagine un moment que tu serais né en 1900. 

Quand tu as 14 ans commence la Première Guerre Mondiale et celle-ci se termine quand tu as 18 ans avec un solde de 22 millions de morts. 

Peu de temps après, une pandémie mondiale, la grippe espagnole, tue 50 millions de personnes.  Tu en ressors vivant et indemne, tu as 20 ans. 

Puis à 29 ans, tu survis à la crise économique mondiale qui a commencé avec l'effondrement de la bourse de New York, provoquant l'inflation, le chômage et la famine. 

À 33 ans, les Nazis arrivent au pouvoir. 

Tu as 39 ans quand commence la Seconde Guerre Mondiale et elle se termine quand tu as 45 ans.  Pendant l'Holocauste, 6 millions de Juifs meurent.  Il y aura plus de 60 millions de morts au total.  

Quand tu as 52 ans commence la guerre de Corée. 

Quand tu as 64 ans, la guerre du Vietnam commence et se termine quand tu as 75 ans. 

 

Un enfant né en 1985 pense que ses grands-parents n'ont aucune idée à quel point la vie est difficile, mais ils ont survécu à plusieurs guerres et catastrophes. 

 

Un enfant né en 1995 et aujourd’hui âgé de 25 ans pense que c’est la fin du monde quand son colis Amazon prend plus de trois jours à arriver ou quand il n’obtient pas plus de 15 « likes » pour sa photo publiée sur Facebook ou Instagram ... 

 

En 2020, beaucoup d’entre nous vivons dans le confort, avons accès à plusieurs sources de divertissement à la maison, et pouvons grâce aux aides gouvernementales survivre paisiblement à une nouvelle pandémie. 

 

Mais les gens se plaignent parce que pendant plusieurs semaines ils doivent rester confinés chez eux. Ils ont pourtant de l'électricité, le téléphone, de la nourriture, de l'eau chaude et un toit sur la tête.  

 

Rien de tout cela n'existait autrefois.  Mais l'humanité a survécu à des circonstances beaucoup plus graves et n'a jamais perdu leur joie de vivre. 

 

Et depuis des jours, nous nous plaignons parce que nous devons porter des masques pour entrer dans les supermarchés, faire les boutiques, prendre le transport en commun ... 

 

Il serait peut-être temps d’être moins égoïste, d’arrêter de se plaindre et de chialer. 

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De la subtilité de l'expression

Publié le 12 Juin 2020 par Christophe Clavé. dans Edito

La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple, imparfait, formes composées du futur, participe-passé…) donne lieu à une pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le temps.

La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de l’expression.

Supprimer le mot « mademoiselle » est non seulement renoncer à l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une petite fille et une femme il n’y a rien.

Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à exprimer les émotions et moins de possibilité d’élaborer une pensée.

Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des mots sur les émotions.

Sans mot pour construire un raisonnement, la pensée complexe chère à Edgar Morin est entravée, rendue impossible.

Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe.

L’histoire est riche d’exemples et les écrits sont nombreux de Georges Orwell dans 1984 à Ray Bradbury dans Fahrenheit 451 qui ont relaté comment les dictatures de toutes obédiences entravaient la pensée en réduisant et tordant le nombre et le sens des mots.

Il n’y a pas de pensée critique sans pensée. Et il n’y a pas de pensée sans mots.

- Comment construire une pensée hypothético-déductive sans maîtrise du conditionnel ?

- Comment envisager l’avenir sans conjugaison au futur ?

- Comment appréhender une temporalité, une succession d’éléments dans le temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que leur durée relative, sans une langue qui fait la différence entre ce qui aurait pu être, ce qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que ce qui pourrait advenir soit advenu ?

Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd'hui, ce serait celui, adressé aux parents et aux enseignants : faites parler, lire et écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants.

Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, même si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée. Parce que dans cet effort se trouve la liberté. Ceux qui expliquent à longueur de temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses « défauts », abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit humain.

Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de beauté sans la pensée de la beauté.

 

Diplômé de Sciences-Po Paris, titulaire d’un MBA, coach professionnel, Christophe Clavé a passé 25 ans en entreprise, en tant que DRH puis Directeur Général. Il a également été chargé du cours Stratégie et Politiques d’Entreprise à HEC Paris pendant 5 ans. Actuellement Président d’une société d’investissement, et coach de dirigeants, il est également associé au sein du cabinet Alturion, dont il contribue au développement.

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Sociologie du complotisme

Publié le 12 Avril 2020 par Le Monde - Pierre Barthélémy dans Edito

Le complot… La ficelle est vieille et usée mais elle n’a jamais aussi bien marché. Donald Trump, président de la première puissance mondiale, a ainsi accusé son prédécesseur de l’avoir mis sur écoute et les médias de multiplier les fausses informations, par exemple sur la foule présente à sa cérémonie d’investiture. Dans un récent meeting, Marine Le Pen s’en est pris au pouvoir en place, soupçonné d’organiser contre ses opposants « des persécutions, des coups tordus, ou des cabales d’État ».

Ce ne sont que les derniers avatars du complotisme, un système de croyance qui a fait ses preuves depuis longtemps et qui décrit le monde comme une connivence généralisée – et secrète – entre les acteurs du pouvoir, déterminés à cacher la vérité au peuple. Les théories du complot n’ont pas manqué au cours des dernières décennies, des attentats du 11-Septembre à la mort de Lady Diana, et le monde scientifique n’est pas épargné : quand Donald Trump ne le prend pas pour un canular inventé par les Chinois pour faire baisser la compétitivité de l’industrie américaine, le réchauffement climatique est une invention des chercheurs pour obtenir des financements ; on n’a jamais marché sur la Lune et toutes les images des missions Apollo ont été prises en studio ; les traînées laissées par les avions dans le ciel sont en réalité des épandages cachés de produits chimiques destinés à contrôler le climat ou à affaiblir les défenses immunitaires des populations ; le virus du sida a été créé dans un laboratoire américain avant d’être inoculé à des humains…

A l’occasion d’un billet de 2012 ironiquement intitulé « Ben Laden et Lady Di sont morts-vivants », j’ai décrit la logique interne, très robuste, qui sous-tend ces représentations du monde. J’écrivais ainsi que « toute preuve censée infirmer la théorie va être retournée et se transformer en preuve supplémentaire de ladite théorie, le fait même de vouloir démolir la théorie entrant dans la catégorie « vous voyez bien qu’on nous ment et qu’on veut nous cacher la vérité » «L’étude dont je rendais compte à l’époque suggérait que les théories du complot, plus qu’un assemblage de thèses paranoïaques, constituaient une véritable idéologie.

Dans un article publié fin mars par la revue Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology, deux chercheurs britanniques se sont intéressés non pas à la logique complotiste mais aux caractéristiques psychologico-sociales des personnes qui y adhèrent. Afin de dessiner en quelque sorte le portrait-robot de ceux qui gobent le mieux ces histoires. Pour ce faire, David Freeman (université d’Oxford) et Richard Bentall (université de Liverpool) ont exploité une enquête à grande échelle sur la santé mentale aux Etats-Unis, réalisée entre 2001 et 2003. Tout l’intérêt de cette enquête tient au fait qu’elle comportait une proposition ainsi libellée : « Je suis convaincu(e) qu’il existe un complot derrière de nombreuses choses dans le monde. »

Sur les 5 692 personnes qui ont répondu au questionnaire, plus d’un quart (26,7 %) se sont déclarées en accord avec cette affirmation. On retrouve davantage d’hommes que de femmes mais l’âge n’était en revanche pas un facteur déterminant. Se dessine le profil d’individus en général non mariés, au niveau d’études peu élevé, souvent exclus du marché du travail. Leur niveau de revenus est très nettement inférieur à celui des non-complotistes et il leur est plus fréquemment arrivé de souffrir de la faim sans avoir les moyens de l’assouvir. Ils ont connu des histoires familiales difficiles (séparation des parents biologiques, séjours prolongés hors du foyer) et leur réseau personnel (famille, amis) est en moyenne moins développé. Plus grande solitude, moins d’espoir en l’avenir, auto-dépréciation, plus grande détresse psychologique, colère et manque de contrôle, moindre confiance… Le mécanisme d’adhésion au discours complotiste fait intervenir des facteurs de prédisposition (défiance envers l’autorité, faible capacité à accepter l’incertain, etc.), des déclencheurs (essentiellement des événements à fort pouvoir émotionnel) et des biais de raisonnement (sources d’informations sélectionnées, biais de confirmation, rigidité cognitive, confiance en ses intuitions).

Les auteurs pointent des similitudes avec les symptômes paranoïaques sans toutefois affirmer que le complotisme est une forme de paranoïa. Ils soulignent également que leur étude a ses limites, notamment parce que l’enquête sur laquelle elle s’appuie « a été menée il y a plus de dix ans dans un seul pays et [qu’]il est de toute évidence plausible de penser que la prévalence et la nature d’une telle vision du monde ont pu changer dans l’intervalle. » Quand on voit la propension récente de plusieurs responsables politiques à jouer sur la fibre complotiste, on peut se dire que les choses ont évolué, mais pas dans le sens de la raison. Daniel Freeman a, avec son frère Jason, publié sur le site du Guardian un article vulgarisant sa recherche. Le titre en est : « Sommes-nous en train d’entrer dans un âge d’or de la théorie du complot ? »

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Baisse du QI, appauvrissement du langage et ruine de la pensée

Publié le 15 Novembre 2019 par AGEFI - Christophe Clavé dans Edito

L’effet de Flynn du nom de son concepteur, a prévalu jusque dans les années 1960.

Son principe est que le Quotient Intellectuel (QI) moyen ne cesse d’augmenter dans la population. Or depuis les années 1980, les chercheurs en sciences cognitives semblent partager le constat d’une inversion de l’effet Flynn, et d’une baisse du QI moyen.

La thèse est encore discutée et de nombreuses études sont en cours depuis près de quarante ans sans parvenir à apaiser le débat. Il semble bien que le niveau d’intelligence mesuré par les tests de QI diminue dans les pays les plus développés, et qu’une multitude de facteurs puissent en être la cause.

À cette baisse même contestée du niveau moyen d’intelligence s’ajoute l’appauvrissement du langage. Les études sont nombreuses qui démontrent le rétrécissement du champ lexical et un appauvrissement de la langue. Il ne s’agit pas seulement de la diminution du vocabulaire utilisé, mais aussi des subtilités de la langue qui permettent d’élaborer et de formuler une pensée complexe.

La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple, imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le temps. La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de l’expression. Supprimer le mot «mademoiselle» est non seulement renoncer à l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une petite fille et une femme il n’y a rien.

Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à exprimer les émotions et moins de possibilité d’élaborer une pensée.

Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des mots sur les émotions.

Sans mots pour construire un raisonnement la pensée complexe chère à Edgar Morin est entravée, rendue impossible. Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe.

L’histoire est riche d’exemples et les écrits sont nombreux de Georges Orwell dans 1984 à Ray Bradbury dans Fahrenheit 451 qui ont relaté comment les dictatures de toutes obédiences entravaient la pensée en réduisant et tordant le nombre et le sens des mots. Il n’y a pas de pensée critique sans pensée. Et il n’y a pas de pensée sans mots. Comment construire une pensée hypothético-déductive sans maîtrise du conditionnel ? Comment envisager l’avenir sans conjugaison au futur ? Comment appréhender une temporalité, une succession d’éléments dans le temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que leur durée relative, sans une langue qui fait la différence entre ce qui aurait pu être, ce qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que ce qui pourrait advenir soit advenu ? Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd’hui, ce serait celui, adressé aux parents et aux enseignants : faites parler, lire et écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants.

Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, même si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée. Parce que dans cet effort se trouve la liberté. Ceux qui expliquent à longueur de temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses «défauts», abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit humain. Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de beauté sans la pensée de la beauté.

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Regarder le monde depuis l'Afrique : la nouvelle aspiration du Collège de France

Publié le 24 Octobre 2019 par National Geographics - Paul Chigioni dans Edito

La chaire d’Histoire et archéologie des mondes africains a fait son entrée début octobre au Collège de France, montrant une volonté de mettre en lumière une période faste de l’Afrique subsaharienne pourtant méconnue.

« Nous sommes dans la capitale d’un royaume prospère. Sur les marchés, on paye les grosses quantités en monnaie d’or, les petites en coquillages. » C’est ainsi que François-Xavier Fauvelle, spécialiste de l’Afrique médiévale, a commencé sa leçon inaugurale de la nouvelle chaire de l’Histoire et archéologie des mondes africains au Collège de France. C’est la première fois que ce domaine de recherche accède à une chaire permanente au sein de l’institution de pointe de l’enseignement supérieur français. Le Collège de France s’inscrit donc dans la continuité d’une de ses missions historiques établies sous François Ier en 1530, qui est d’enseigner des disciplines non encore admises à la faculté.

Bien que l’Histoire des mondes africains soit déjà enseignée dans quelques universités françaises comme à Paris I Panthéon Sorbonne, cette nouvelle chaire montre notamment qu’il existe un intérêt croissant de nos sociétés contemporaines pour cette histoire jusqu’à maintenant majoritairement méconnue ou mal connue.

Thomas Römer, titulaire de la chaire Milieux biblique au Collège de France, introduisant la leçon inaugurale de son désormais collègue François-Xavier Fauvelle, évoque une première raison de ce déni d’historicité : « L’histoire coloniale de la France y est, sans doute, pour quelque chose ».

Francois-Xavier Fauvelle, prenant le relais lors de son discours, mentionne quelques exemples visibles de cette méconnaissance. Il évoque notamment la folklorisation de la culture africaine faite par certains musées ou reportages. Elle peut être liée à une mentalité générale réduisant trop souvent l’Afrique au « continent des origines » en oubliant de considérer son histoire à la période médiévale et moderne.

Alors l’entrée de cette chaire au collège de France pourrait mettre un peu plus sous les projecteurs ce domaine de recherche qui est également en manque de subvention. François-Xavier Fauvelle l’avait déjà évoqué dans une interview pour National Geographic : « Malheureusement, très peu de financements sont alloués à la recherche archéologique en Afrique. Il y a un très grand retard dans le domaine archéologique. »

Pourtant, au Moyen-âge, le continent africain a connu un « âge d’or » qui n’attend que de briller aux yeux de tous d'après les historiens. Ils emploient surtout cette expression afin de marquer les esprits face à l’ombre qui plane encore sur l’Afrique et son histoire dans les mentalités générales.

Mais c’est un fait. À cette époque, le continent africain regorge de nombreux royaumes, tous très singuliers. On peut noter le royaume de Ghâna qui prend place du 10e au 12e siècle et le royaume du Mâli du 13e au 14e siècle. Il y a des royaumes chrétiens comme celui de Nubie qui ont duré jusqu’au 13e siècle et celui d’Éthiopie. Ce dernier étant en contact avec d’autres royaumes sur le territoire d’Éthiopie mais de confession musulmane.

C’est cette cohabitation culturelle qui crée cette diversité caractéristique des mondes africains médiévaux. Il y en effet une interaction entre les différents royaumes du continent à cette époque et également une ouverture au-delà des mers. Le nom de cette nouvelle chaire a d’ailleurs imposé l’usage du pluriel à « mondes » pour insister sur cette particularité.

Un exemple : la prospection de l’église Gabriel en Éthiopie, premier monument religieux fouillé sur son territoire pour l’époque médiévale. Les archéologues y ont découvert du mobilier qui témoigne des échanges de l’Éthiopie chrétienne avec le reste du monde. Ses hauts plateaux sont considérés comme la dernière étape d’itinéraires commerciaux mettant en contact aussi bien l’Europe que la Chine avec la Corne de l’Afrique via la mer rouge.

Cette richesse culturelle mais aussi économique se retrouve également plus loin de la côte, jusqu’aux terres de la cité du Grand Zimbabwe dans le pays actuel du même nom. En 1871, l’explorateur allemand Karl Mauch découvre les ruines d’une cité ancienne aux immenses remparts de granit.

Imbibé de la pensée européenne colonialiste du 19e siècle, il pense alors avoir trouvé la cité mythique d’Ophir évoquée dans la Bible. Avec l’évolution des mentalités, les chercheurs montreront plus tard qu’il s’agit bien d’une cité des 14 et 15e siècles aux origines africaines, proprement locales. Elle aurait tiré sa puissance économique de ses gisements d’or et de son ivoire qu’elle utilisait pour le commerce avec l’Extrême-Orient en passant par l’intermédiaire des ports swahilis basés sur la côte de l’Océan Indien.

Comme pour les royaumes africains de l’époque qui tirent leurs richesses de leurs interactions, l’étude d’une discipline historique avec une vision plus globale grâce à la complémentarité des sources – arabes, grecques, archéologiques – permet de changer de point de vue. Il est désormais plus aisé de regarder l’histoire du monde depuis l’Afrique alors que l’inverse était, auparavant, de mise.

Contrairement aux sociétés médiévales chrétiennes européennes ou celles du monde arabe, les mondes africains médiévaux n’ont pas produit de sources écrites, même s’il existe quelques textes en langue guèze d’Éthiopie et en arabe en Afrique du Nord.

Il y a par contre d’autres styles de sources : les traditions orales qui étaient privilégiées par les sociétés africaines et les inscriptions funéraires et épigraphiques souvent retrouvées sur des tessons d’argile. Le problème rencontré par les historiens dans l’utilisation des traditions transmises à l’oral est leur émiettement dans le temps. Un ou deux siècles suffisent pour effacer de la mémoire ces récits.

Cependant, quelques voyageurs arabes et grecs ont raconté leurs périples en Afrique subsaharienne. L’explorateur arabe du 14e siècle Ibn Battuta notamment, témoigne d’une grande cité d’un des royaumes les plus connus de l’époque : la capitale du royaume du Mali du 14e siècle. Pourtant, ni les archéologues ni les historiens ne se sont mis d’accord sur l’emplacement exact de la ville. Un mystère, peut-être un jour résolu grâce aux prochains sites en voie d’être fouillés par des chercheurs, qui, galvanisés par les témoignages des sources, sont en quête de nombreux autres vestiges majeurs de l’Afrique médiévale.

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Dérive de la gauche mondialiste, fédéraliste et multiculturaliste qui a infiltré le conseil québécois LGBT

Publié le 19 Août 2019 par Le Journal de Montréal - Richard Martineau dans Edito

Le lobby LGBT n'a aucune légitimité pour parler au nom d'une « communauté » imaginaire

Je l’ai souvent dit et je le répéterai jusqu’à ma mort : les organismes qui disent parler au nom d’un groupe (les Noirs, les femmes, les musulmans) sont phony baloney.

 

Ils parlent autant au nom des gens qu’ils sont censés représenter que je parle au nom des hommes blancs hétérosexuels de 58 ans nés à Verdun.

 

Savez-vous pourquoi ?

Parce que LES femmes n’existent pas.

Il y a seulement DES femmes.

Idem pour LES Noirs, LES musulmans, LES vieux, etc.

DE LA PROPAGANDE

 

Regardez le Conseil québécois LGBT.

Le 10 mai, cet organisme qui dit représenter les gais, les bis, les trans et tutti quanti a publié une lettre ouverte dénonçant la « méchante » loi 21.

Vous connaissez la chanson (qui joue en boucle à Radio-Canada) : elle est discriminatoire, raciste, xénophobe, blablabla.

 

Eh bien, voici quelques commentaires que des internautes ont publiés sur la page Facebook de l’organisme.

Denis : « Je suis un homme gai de 66 ans. Je ne suis pas d’accord avec la dérive de la gauche mondialiste, fédéraliste et multiculturaliste qui a infiltré votre mouvement qui est devenu un outil de propagande entre leurs mains. »

Robert-Paul : « Je ne suis pas du tout d’accord avec votre position. La Chaire de recherche sur l’homophobie de l’UQAM devrait se préoccuper d’enjeux beaucoup plus graves concernant l’homophobie à l’école et au travail. »

Carole : « C’est une blague, cette prise de position ? Qui représentez-vous, au juste ? La communauté LGBT ou Québec solidaire ? De quel droit osez-vous dire que vous parlez au nom de la communauté LGBT ? »

Luc : « Vous êtes la honte de la communauté gaie ! »

Paul : « Je n’ai pas été consulté et je ne suis pas d’accord, mais pas du tout avec votre prise de position. Vous induisez les gens en erreur en disant que ceux qui sont en faveur de cette loi sont racistes et pratiquent la ségrégation... »

Julie : « Votre organisme aurait dû rester neutre. Cette question divise les membres de la communauté LGBT, votre position est radicale... »

Jacques : « En tant que gai, ces associations ne me représentent nullement. Combien de citoyens participent activement à ces groupuscules ? »

François : « Je suis gai et je suis en faveur de la loi 21. Le Conseil québécois LGBT ne représente pas les homosexuels. »

Etc., etc.

 

Comment un organisme peut-il prétendre parler au nom de TOUS les homosexuels ?

Ils pensent tous pareils ?

Et moi qui croyais que la seule chose qui différenciait les gais des hétéros était qu’ils couchaient avec des gens du même sexe.

Eh non.

 

Paraîtrait qu’ils sortent tous du même moule.

Comme les Stormtroopers dans Star Wars.

 

 

Dimanche, un ami gai est venu souper à la maison. Il m’a dit qu’il trouve l’appellation LGBTQ+ fallacieuse.

«On nous met tous dans le même panier. Or, moi, je suis un homme qui couche avec des hommes. Les affaires de personnes non genrées ou pansexuelles, je trouve ça ridicule. Leur combat n’est pas le mien.»

Comment peut-on défendre la diversité en parlant d’une même voix ?

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Baccalauréat: quand l’illettrisme s’invite dans les copies

Publié le 5 Juillet 2019 par Le Figaro - Etienne Campion dans Edito

Les résultats du baccalauréat doivent tomber ce vendredi 5 juillet. Mais, alors que gronde la colère des professeurs face aux réformes de Jean-Michel Blanquer, certains alertent contre la chute vertigineuse du niveau des copies au baccalauréat. René Chiche, professeur de philosophie, témoigne. 

René Chiche est professeur de philosophie au lycée, vice-président d’Action & Démocratie, représentant CFE-CGC et membre du Conseil supérieur de l’éducation. 

Professeur de philosophie, vous avez relayé des copies de baccalauréat pour le moins calamiteuses. Comment considérer celles-ci au regard de notre système éducatif ? 

René CHICHE.-On a davantage coutume d’entendre les professeurs se plaindre des copies qu’ils lisent qu’en louer la qualité, tout simplement parce que celles qui méritent des éloges sont effectivement rares. Il en a toujours été ainsi. Quelques-uns en concluent que nous passons notre temps à nous plaindre de la baisse du niveau, certains allant même jusqu’à exhiber des «c’était mieux avant» déjà proférés dans les années 60, voire au début du dernier siècle, pour considérer la baisse du niveau telle une vieille rengaine tandis que d’autres n’hésitent pas à qualifier de mythe ce qui est pourtant l’objet d’un constat sans appel. Ces gens ont-ils jamais lu une seule copie ? Qui sont donc ceux, et au nom de quelle expertise, qui se permettent de disqualifier la parole des professeurs, et de pontifier sur un niveau qui monte sous prétexte que les élèves d’aujourd’hui auraient, la belle affaire, de «nouvelles compétences»? Ils entretiennent ce faisant une illusion, voire l’un des plus gros mensonges d’État ! 

« L’allégorie de la caserne » pour désigner l’allégorie de la caverne, ou « l’aliénisation » à la place de l’aliénation. 

Alors, parce que j’en ai assez d’un tel déni, j’ai décidé en effet de dire les choses sans détour et de fournir cette fois des preuves, ce qui m’a poussé à rendre publiques surTwitterquelques lignes d’une copie que j’étais en train de lire afin que chacun mesure l’ampleur du désastre. Oui, je dis bien désastre : en 25 ans d’enseignement et de participation au jury du baccalauréat, je n’avais jamais lu autant de copies indigentes, car celle dont j’ai publié quelques lignes n’est pas la plus mauvaise copie que j’ai lue et est hélas parfaitement représentative du lot tout entier, comme d’ailleurs d’une grande partie des copies que je lis durant l’année ! Et je n’emploie pas le terme indigent pour qualifier de simples «perles» dont on pourrait en effet sourire, comme le fait de parler de «l’allégorie de la caserne» pour désigner l’allégorie de la caverne par exemple, ou d’écrire «l’aliénisation» à la place de l’aliénation, encore que, dans ce dernier cas, on peut douter que la déformation du mot s’explique par une simple inattention du candidat. Il y a toujours eu des mauvaises, voire très mauvaises copies, mais en même quantité que les bonnes et les excellentes, c’est-à-dire fort peu. Et ce dans des lots qui, il faut le souligner, brassent des candidats en provenance d’établissements fort différents ce qui, soit dit en passant, assure à l’examen du baccalauréat sa forme républicaine, laquelle est vouée à disparaître par l’introduction du contrôle continu à hauteur de 40% qui, inévitablement, va faire passer l’équité aux oubliettes en même temps que l’anonymat, et transformer un examen dont il ne reste plus grand-chose déjà en simple brevet des lycées ! 

Mais ce qu’on constate de plus en plus fréquemment depuis quelques années, et que je n’avais pour ma part jamais observé dans de telles proportions, ce sont des lots entiers de copies parfaitement indigentes à tout point de vue, dont il est difficile de distinguer la forme du fond parce qu’elles sont écrites en un charabia qui emprunte vaguement au français comme à une langue étrangère. Il est à vrai dire quasiment impossible de noter de telles copies car, pour être en mesure de les évaluer, il faut non seulement relire plusieurs fois chaque phrase afin d’en comprendre le sens mais, faute d’y parvenir dans la plupart des cas, on doit finalement deviner l’intention de l’auteur, de sorte qu’on en vient à évaluer le plus souvent une copie que l’on a soi-même entièrement reconstruite, ce qui certes permet de ne pas lui mettre deux ou trois sur vingt, comme on est tenté de le faire à première lecture ! Cependant, lorsqu’on doit effectuer une telle gymnastique sur non pas cinq ni dix mais une bonne centaine de copies, on se dit en effet que quelque chose ne va pas, que quelque chose ne va plus du tout, et l’on éprouve une profonde tristesse pour ces jeunes gens qui sont parvenus jusqu’en terminale dans un tel état, ainsi qu’une immense colère envers les responsables d’un tel massacre. 

L’ampleur des fautes d’orthographe choque au premier abord, puis viennent les défaillances en termes de structure logique dans la pensée. Qu’est-ce qui est le plus préoccupant ? 

On éprouve une profonde tristesse pour ces jeunes gens qui sont parvenus jusqu’en terminale dans un tel état, ainsi qu’une immense colère envers les responsables d’un tel massacre. Il est vrai qu’on se focalise parfois sur l’orthographe tant son extravagance est au-delà de tout ce que l’on peut imaginer. En vérité, il y a faute et faute. Faire une faute d’accord, oublier une double consonne, mal accentuer ou ne pas accentuer tel ou tel mot, voilà ce qu’on avait coutume d’appeler et de considérer comme des fautes d’orthographe et franchement, si les fautes commises n’étaient que de ce genre, et le fussent-elles à raison d’une ou deux par lignes, je dirais encore que c’est là un moindre mal que la remise à l’honneur de la dictée quotidienne pourrait juguler en quelques années. Hélas ! Les «fautes» constatées désormais ne méritent même plus d’être appelées ainsi: lorsqu’on écrit dans l’en-tête de la copie d’examen «bac à l’oréat», lorsqu’en recopiant le sujet choisi on écrit «le travaille divise-t-il les hommes ?», lorsqu’on parle de «supsence» pour dire substance, qu’on évoque «l’hostérité», il est assez clair qu’on fait face alors à ce que je qualifie de quasi-illettrisme et dont les causes sont parfaitement connues, tant la littérature concernant ce sujet est abondante et de nombreuses alertes ont été lancées depuis au moins vingt ans par différents collectifs et associations de professeurs, sans effet cependant sur une administration confite dans le déni et complice de ce délitement. Ces élèves, qui ne sont pas spécialement issus de milieux défavorisés comme on dit, et contrairement à ce que d’aucuns aimeraient croire pour atténuer un peu la profondeur du mal, ont effectué toute leur scolarité en accumulant des difficultés qui, année après année, sont devenues de considérables lacunes. 

Il est assez clair qu’on fait face à ce que je qualifie de quasi-illettrisme et dont les causes sont parfaitement connues. 

Et au fondement de toutes leurs difficultés, parce qu’il s’agit de l’instrument permettant d’acquérir toutes les autres connaissances, et qu’il s’agit surtout de l’instrument permettant de penser, c’est d’un défaut manifeste dans l’acquisition du langage que ces copies témoignent, défaut dont l’école n’est d’ailleurs pas forcément la seule cause - il y a assurément une énorme responsabilité à cet état de fait dans la muflerie pédagogiste qui a contaminé des pans entiers de l’institution et imposé des normes insensées mais auxquelles tout professeur digne de ce nom n’est pas tenu de se soumettre - car on hérite désormais d’élèves qui détruisent leurs propres capacités en passant plusieurs heures par jour les yeux rivés sur l’écran de leur smartphone, aux aguets de notifications et autres gratifications qui finissent par les rendre, ainsi d’ailleurs que bon nombre d’adultes, débiles étymologiquement parlant. Oui, la langue étant la condition de la pensée, la pauvreté du vocabulaire, mais aussi une syntaxe plus qu’approximative et des solécismes généralisés rendent impossible toute réflexion, ou du moins la compromettent à un tel point que celle-ci se limite à des réflexes conditionnés, des associations d’idées déversées dans un chaos impressionnant, un bavardage d’une confusion extrême où il est en réalité difficile de deviner la trace d’une quelconque pensée. 

Est-il normal de trouver, chez des élèves de terminale du lycée général, je le précise, environ 60% de copies dont les phrases sont proches du non-sens, à l’instar de celle-ci: «ce qui différencient les hommes des animaux, est que quant aux hommes, les animaux répetent les mêmes actions par nature, ils sont nés tels que la nature leur ait instruit .» Ou celles-ci: «Dans le travail, il faut un réalisateur et un éxécuteur. En effet, un ouvrier, celui qui réalise, est perçu comme un outil face à son patron, l’éxécuteur. Par conséquence, l’ouvrier n’a donc pas un pouvoir physique et intellectuel, ni de contrainte, et répète les mêmes actions comme les animaux, donc mène à une déshumanisation. Cela a donc pour cause l’isolation 

Il ne s’agit donc plus d’enseigner, mais de faire de la remédiation. Comment remédier à ces lacunes profondes chez certains élèves ? Qui doit-on charger des réformes ? 

À mon niveau, j’oublie le programme et m’efforce de redresser ce qui peut encore l’être. J’entends parfois des collègues dire qu’ils voient bien les difficultés de leurs élèves, mais qu’ils ne sont pas là pour rattraper ce qui n’a pas été fait, et qu’ils ont un programme à traiter… Grave erreur, car une fois «traité» le programme, ces élèves en réalité n’ont rien appris. Il ne s’agit donc plus d’enseigner, mais de faire de la remédiation. Mais on ne peut pas continuer ainsi, c’est évident. Et on ne peut pas traiter un mal qu’on refuse d’admettre, un mal que toutes les mesures prises jusqu’à présent n’ont eu pour effet que d’aggraver. La première chose à faire serait sans doute de mettre fin à l’hypocrisie et de délivrer les politiques éducatives des dogmes et des postures idéologiques, qu’elles soient de droite ou de gauche, pour revenir au simple bon sens. Je trouve insensé par exemple que, pour plaire à leur électorat, des élus qui n’y connaissent rien décident d’inonder les établissements scolaires en tablettes, alors qu’ils laissent des bâtiments en déplorable état. Que chacun fasse son métier ! 

Je trouve insensé que des parents d’élèves, par le truchement d’associations exerçant un véritable lobbying sur la politique éducative de la nation, et alors qu’ils n’y connaissent rien non plus, soient sollicités pour donner leur avis sur les programmes scolaires, le rétablissement du redoublement ou l’organisation de l’enseignement. Que chacun fasse son métier ! Je trouve insensé que des ministres de passage se permettent de chambouler en permanence une institution sans avoir jamais de compte à rendre sur les méfaits que leurs réformes ont causés. Pendant de longues décennies, on n’a pas réformé l’école, on l’a au contraire préservée : on s’est contenté de recruter d’excellents maîtres, et on les a laissés faire leur métier. Tous avaient une haute idée de leur fonction, et on sortait de l’école en sachant parfaitement lire et écrire. On a voulu permettre au plus grand nombre d’avoir accès à l’instruction, et rien n’est plus beau qu’une telle ambition, sauf qu’on s’y est fort mal pris et que la massification a déclenché un processus de désinstitution de l’école. 

La première chose à faire serait sans doute de mettre fin à l’hypocrisie et de délivrer les politiques éducatives des dogmes et des postures idéologiques. 

À chaque nouveau ministre, les professeurs se demandent dorénavant à quelle sauce ils vont être mangés, de quelles nouvelles lubies ils vont être accablés, quelle nouvelle désorganisation ils vont devoir subir, à quelle nouvelle aggravation ils vont devoir résister. Évidemment, pour reconstruire l’école, il faut prendre un certain nombre de décisions qui, en vérité, relèvent du bon sens. Par exemple, et de façon non exhaustive: remettre l’instruction au cœur du système ; rétablir une discipline élémentaire sans laquelle on n’apprend rien ; conditionner le passage dans la classe supérieure à l’acquisition du niveau permettant d’en tirer profit ; ne pas charger les professeurs d’autre chose que d’enseigner ; cesser de faire de l’obtention du baccalauréat un objectif coûte que coûte en imposant à des élèves qui n’ont pas forcément de goût pour les études de suivre des enseignements qui ne les intéressent pas ; ne pas faire de la prolongation, aussi indéfinie qu’improbable, des études le moyen de dissimuler la progression constante d’un chômage de masse et la multiplication d’emplois précaires et sous-qualifiés auxquels ne peut désormais que prétendre une partie importante de cette génération mal instruite. Oui bien sûr, il faut porter le plus grand nombre au plus haut niveau d’instruction auquel chacun est capable d’accéder, et s’en donner les moyens. Ils ne sont pas exclusivement financiers. La première condition est d’en avoir l’ambition sans se payer de mots. Si une telle ambition est sincère, on le saura, et les choses se feront d’elles-mêmes. Mais l’instruction est-elle toujours la fin qu’on assigne à l’école ? 

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Zohra Bitan: «Le burkini n’est pas une liberté, car il vient de pays où le décolleté est proscrit!»

Publié le 25 Juin 2019 par Le Figaro - Paul Surgy dans Edito

La chroniqueuse des «Grandes Gueules» de RMC estime que le burkini traduit une revendication politico-religieuse qui doit être considérée comme telle. 

Cadre de la fonction publique territoriale et chroniqueuse aux «Grandes Gueules» de RMC, Zohra Bitan a publiéCette gauche qui nous désintègre(mai 2014, éd. François Bourin). 

Pourquoi avez-vous lancé samedi sur Twitter le hashtag #JeKiffeMonDecollete? 

Zohra BITAN.-C’était une réaction suite au témoignage d’une jeune fille sur les réseaux sociaux, qui se plaignait d’avoir été traité de «sale pute» pour s’être promenée en décolleté. C’est insupportable : on a l’impression par moments que pour les filles, c’est un véritable combat que de s’habiller comme on l’entend. Avec moi, un autre compte Twitter a relayé l’appel, qui a pris ensuite des proportions auxquelles je ne m’attendais pas. Il y a eu de très nombreux échanges, des invectives certes aussi, mais je crois que ce mouvement a permis à de nombreuses personnes de faire passer ce message : nous refusons que quiconque nous intime l’ordre de ne pas nous vêtir comme nous l’entendons. 

On vous a reproché la vulgarité d’un tel mouvement... 

C’est seulement une infime minorité qui nous a fait ce reproche ! Sur les réseaux sociaux, la plupart des réactions allaient dans le sens du droit des femmes, même si quelques commentaires sexistes ont malheureusement été publiés. Quand je vois le nombre de femmes qui ont participé au mouvement, y compris, pour un bon nombre d’entre elles, des femmes qui n’avaient pas l’habitude de poster de telles photos, je crois que le bilan est plutôt positif. 

Vous jugez qu’il y a un regain de puritanisme dans le regard que la société pose sur les femmes ? Ceux qui voudraient nous faire croire que porter le burkini est une liberté sont des escrocs ! 

Oui et non. C’est vrai en partie, et c’est le fait de l’entrisme d’un puritanisme religieux nouveau, qui est en partie lié à l’islam - mais pas uniquement. J’entends de plus en plus de jeunes filles, en tout cas, se plaindre des commentaires suscités par leur tenue ou leur maquillage. Je crois que n’importe quelle femme doit avoir le droit de s’habiller de la manière qui lui plaît : en France, personne du reste n’interdit à une femme de se voiler. Seulement le voile musulman est par essence un habit religieux, et les habits religieux ne peuvent pas entrer partout : cela, c’est la règle d’un État laïc !

Ce dimanche,une dizaine de femmes sont entrées en burkini à la piscine de Grenoble, dans le but de mener une action coup-de-poing pour dénoncer l’interdiction de cette tenue dans les piscines municipales. Y aurait-il deux France, celle du burkini et celle du décolleté ?

Ceux qui voudraient nous faire croire que porter le burkini est une liberté sont des escrocs ! Il s’agit d’une revendication politico-religieuse. Céder aux injonctions des hommes n’est pas une liberté. Si le port du burkini était vraiment une liberté, pourquoi, dans les pays musulmans où presque toutes les femmes portent un voile intégral, le port du décolleté est en revanche proscrit ? Le jour où l’on pourra se promener aussi bien en burkini qu’en décolleté sur les plages de tous les pays musulmans, alors oui, on pourra parler de liberté ! Mais le burkini vient de pays où le décolleté est proscrit. 

Cet acte était donc politique. D’ailleurs, il est curieux que des femmes musulmanes très pieuses se rendent dans une piscine où la plupart des hommes et des femmes sont au contraire très dévêtus... Il faut mettre un terme à l’instrumentalisation de la victimisation par les militants de l’islam politique. La République française protège tous ses ressortissants, y compris les musulmans : si les femmes musulmanes sont heureuses de bénéficier de notre protection juridique, elles doivent aussi respecter quelques-unes de nos règles. Or l’interdiction du burkini, outre qu’elle est motivée par des raisons d’hygiène, est aussi une protection contre les injonctions des hommes qui voudraient à tout prix cacher le corps de la femme. #JeKiffeMonDecollete vise aussi à répondre à cette idée terrible que, par le simple fait d’être des femmes, nous serions coupables de l’impudeur du regard des hommes !

Que pensez-vous de la position du gouvernement sur le droit ou non, pour des femmes voilées, d’accompagner des sorties scolaires ?

Le gouvernement émet parfois des avis contradictoires. Il lance des campagnes contre le sexisme, qui vont dans le bon sens, mais il ne veut pas interdire aux femmes voilées d’accompagner les enfants en sortie scolaire. C’est terrible que l’on donne à tous les enfants, y compris les plus jeunes, cette image de soumission de la femme au désir de l’homme. Le gouvernement est tombé dans le chantage des islamistes, qui disent que si l’on demande aux mères de famille de ne pas venir voilées aux sorties de classe, elles resteront chez elles. La République, là encore, a cédé. Je ne veux pas que nous apprenions autre chose à nos enfants que l’égalité femme-homme ! Nous devons au contraire leur apprendre à être libre à respecter les femmes. Et le voile me paraît, de ce point de vue, une régression. Et dans de nombreux quartiers, les femmes ne le portent que pour avoir la paix.

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Quand l'extrême-gauche ressuscite la ségrégation raciale

Publié le 4 Mai 2018 par Le Figaro - Céline Pina  dans Edito

Céline Pina revient sur l'apparition d'événements interdits aux blancs. Sous couvert d'antiracisme, leurs organisateurs ressuscitent selon elle une nouvelle forme de racisme, fondée comme autrefois sur la science : non plus la biologie, mais les sciences humaines.

Ancienne élue locale, Céline Pina est essayiste et militante. Elle avait dénoncé en 2015 le salon de «la femme musulmane» de Pontoise et a récemment publié Silence Coupable (éd. Kero, 2016). Avec Fatiha Boutjalhat, elle est la fondatrice de Viv(r)e la République, mouvement citoyen laïque et républicain appelant à lutter contre tous les totalitarismes et pour la promotion de l'indispensable universalité de nos valeurs républicaines.

Dans certaines universités dites «en lutte», de Tolbiac à Paris VIII en passant par Nanterre, jusqu'au sein du syndicalisme enseignant, comme chez Sud Éducation ; via des séminaires de formation politique (camps décoloniaux), ou encore dans le cadre de festivals dits culturels, une nouvelle revendication apparaît: celle de la ségrégation raciale.

«Interdits aux blancs», tel est le mot d'ordre et le plan d'action qu'essaie de populariser une partie de plus en plus importante des indigénistes et de la gauche Big Brother. Ceux qui veulent remplacer la lutte des classes par la guerre des races et qui, comme dans 1984, de Georges Orwell, font de l'inversion des concepts et du retournement du sens, une arme de destruction des consciences et de soumission des esprits. C'est ainsi que dans l'univers mental du Parti des Indigènes de la République (PIR) et du Collectif Contre l'Islamophobie en France, comme dans les représentations de l'extrême gauche qui les soutient, l'antiracisme est devenu l'alibi de la haine du blanc, une forme de pensée qui réduit tout à la couleur de la peau. La conférence internationale «Bandung du Nord», organisée du 4 au 6 mai 2018 à la Bourse du travail de Saint-Denis en est la dernière illustration.

Oh bien sûr, chez ces gens-là, on ne dit plus «interdit aux blancs», c'est mettre son racisme en avant de façon trop éhontée et cela fait encore réagir. Les temps ne sont pas encore mûrs pour assumer la volonté de séparatisme racial et de pureté des origines, alors on utilise plus volontiers le terme «décolonial», «réservé aux racisés» ou encore «non-mixte». Mais il suffit de lire la présentation de ladite conférence pour que les masques tombent. C'est ainsi que notre raout indigéniste devient, par la magie du verbe, «la première conférence internationale de personnes de couleur prenant à bras-le-corps les questions concernant les non-blancs vivant dans le Nord global, afin de discuter de problématiques qu'elles ont en commun». On croirait entendre le vent se lever, en fait c'est juste Houria Bouteldja qui agite son éventail. Car quand on creuse un peu l'organisation de cette «conférence internationale», on ne peut que constater que tout cela repose largement sur le PIR assisté du CCIF avec quelques guest stars habituées à se compromettre avec cette mouvance. Ainsi, si Angela Davies est mise en avant, c'est surtout le parti des Indigènes et ses alliés qui composent le gros des intervenants. Sans surprise on retrouvera sur scène les Houria Bouteldja, Sihame Assbague, Nacira Guenif, Rokhaya Diallo, Ismahane Chouder, avec un nouveau venu, Nordine Saïdi, un islamiste belge très tolérant et compréhensif, membre de la liste Islam, qui refuse de condamner les attentats-suicide et prône la charia. Brandir la référence à la conférence de Bandung, qui avait d'autres ambitions et représente un moment historique important, pour finir à Saint-Denis à déverser sa haine raciste entre demi-sels de l'entreprenariat identitaire, cela dit tout du rapport au réel chez cette mouvance.

Sur Twitter, le Collectif Afroféministe révolutionnaire (@MwasiCollectif) appelait à un cortège «non mixte» et «racisé» pour le 1er mai.

L'antiracisme raciste, voilà le bel oxymore qu'ils ont réussi à forger et à imposer. Pour eux le racisme n'est pas d'attribuer à une couleur de peau ou à une appartenance ethnique, des qualités morales, c'est un outil qui sert à mettre en accusation les «Blancs» et l'État de droit, le racisme devient donc un «système politique qui prive les non-blancs de parole et impose un récit dominant sur le terrorisme qui facilite la montée d'un état policier et cible les personnes non blanches». Selon eux nous vivons donc en France dans un régime fascisant qui pratique l'apartheid et la lutte contre le terrorisme n'est qu'un prétexte pour humilier les «non-blancs». Autant d'outrance devrait leur valoir une complète délégitimation. Et bien non… Une partie de la gauche soutient cette vision et le mouvement étudiant les a mis en avant lors de l'occupation des facs. C'est ainsi que l'on a retrouvé, dans le rôle du conférencier/commissaire politique, des militants du PIR venus parler d'homoracialisme, d'impérialisme gay et sommer l'extrême gauche de faire son autocritique pour oser mettre le social avant le racial. Laquelle gauche en est réduite à s'excuser pour ses militants blancs. La séquence était à ce titre instructive, qui montre, le 22 avril 2018, lors d'un débat sur l'évacuation de Tolbiac, Juliette, jeune militante gauchiste, s'excuser d'être blanche tellement elle a intégré ce discours essentialiste qui fait de la couleur de la peau la marque du dominant et la preuve de la faute.

La série de conférences tenue par les indigénistes à cette occasion révèle le fond de leur pensée et de leurs objectifs. Et toute la considération qu'ils ont pour leurs alliés objectifs. Ainsi un certain Wissam Xelka, militant du PIR explique qu'il faudrait que «les militants de l'antiracisme politique prennent le contrôle des blancs, les guident, leur fassent lâcher le gouvernail, leur retirent la main mise sur la contestation». L'obsession de la race est telle que même entre alliés, la question de ce que l'on pense, dit ou fait est évacuée au profit de la seule référence à la couleur de peau. C'est ainsi qu'après avoir défini la race comme «faisant référence aux théories racialistes qui postulent l'existence biologique des races humaines et de leur hiérarchisation avec le Blanc au sommet», le jeune militant se défend de vouloir «reprendre ces théories pseudo-scientifiques, en inversant la hiérarchie, afin de placer les Blancs tout en bas». Pourtant, souvent, lorsqu'on se défend par avance d'une objection que personne n'a soulevée dans une salle acquise, c'est surtout parce que s'en défendre permet d'exprimer sa pensée profonde sans avoir à l'assumer. Ce que confirmera la fin de l'intervention de notre apprenti révolutionnaire, au terme de 7 pages d'un discours aussi pédant que creux.

C'est ainsi que la référence obsessionnelle à «l'impérialisme occidental» glisse vers la dénonciation de la «férocité blanche» et que la revendication identitaire devient un enfermement essentialiste: «Proclamer à la face du Blanc», «Je suis arabe», «Je suis musulman»,» Je soutiens les Arabes parce qu'ils sont Arabes et les musulmans parce qu'ils sont musulmans (…) est une proclamation éminemment politique». En effet, mais quand on ne se définit que par rapport à un ennemi caractérisé par la couleur de sa peau, quelle autre issue a-t-on que la vengeance, donc la violence ethnique ? On voit aussi à quel point la notion de choix disparaît au profit de l'affirmation ethnique ou confessionnelle : «Être Arabe ou musulman» devient une position politique dès que cette identité est exhibée en face d'un Blanc. C'est le degré 0 de l'intelligence et de l'émancipation, mais une manière imparable de réaffirmer la clôture communautariste et de faire du rejet et de la haine de l'autre, la base de l'affirmation de soi. Dans le même esprit, lors de la conférence sur «l'impérialisme gay», le militant du PIR explique ses choix de positionnement politique par son appartenance raciale: «le camp politique indigène est un courant qui place les intérêts politiques des non-blancs au cœur de ses préoccupations.(…) Je prends parti pour le camp politique indigène parce que je fais partie de ce camp» (de par sa couleur de peau). Il n'est plus là question de choix, de pensée, de réflexion. L'apparence définit l'appartenance et se suffit à elle-même. On est dans la lignée d'Houria Bouteldja qui dit appartenir à «sa race, son clan, sa famille, l'Islam». Ce genre d'affirmation est souvent le premier coup de semonce du renoncement aux libertés individuelles et civiles pour les remplacer par la course à la pureté ethnique et au dogmatisme religieux et/ou militant.

Quand l'obsession raciale et victimaire amène à ce degré de bêtise, de soupçon et de défiance, faire société devient compliqué.

On en arrive à une telle hystérisation autour de la mise en accusation de la couleur blanche que Rokhaya Diallo s'est dernièrement ridiculisée sur Twitter. À une personne qui lui montrait qu'aujourd'hui on créait des pansements adaptés aux peaux foncées, Rokhaya Diallo répondit qu'en attendant, la compresse à l'intérieur était toujours blanche… Sans doute une preuve du racisme du fabricant ou de son mépris pour la couleur noire. Las, il fallut lui expliquer que si les compresses et cotons sont blancs, c'est pour que l'on puisse constater les saignements et l'écoulement de pus… Bref, l'évolution de la plaie. Ce qui se voit moins sur un support sombre... Quand l'obsession raciale et victimaire amène à ce degré de bêtise, de soupçon et de défiance, faire société devient compliqué.

À cette défiance envers l'altérité s'ajoute une méconnaissance historique, qui pour être crasse n'en est pas moins dangereuse, car elle nourrit le révisionnisme. On l'a vu à propos des traites négrières avec le procès fait à l'historien Olivier Pétré-Grenouilleau, dont le seul tort a été de rappeler que les traites africaines et arabo-musulmanes ont non seulement existé aussi, mais ont été encore plus massives que la traite transatlantique (celle des blancs). Or toute une partie de la logorrhée indigéniste nie cette réalité. Il en est de même sur la vision d'un Occident qui n'aurait construit sa prospérité qu'avec «la sueur et le cadavre des nègres, des Arabes, des Indiens et des jaunes» (citation de Frantz Fanon utilisée par les militants indigénistes), d'Israël qualifié d'état nazi ou de la référence à un génocide palestinien. Tous ces gens s'exonèrent facilement de la mesure du réel quand il s'agit de vendre leur camelote idéologique. D'ailleurs c'est aussi dans cette mouvance-là que l'on recrute les nouveaux négationnistes.

Ce révisionnisme historique associé à la Novlangue indigéniste («racisés», «Blanchité» «homoracialisme»…) renvoie aussi à la satire des régimes totalitaires qu'est 1984. Dans le livre, le héros, Winston Smith, travaille au Ministère de la vérité, lequel est chargé de falsifier l'histoire au nom de la mutabilité du passé. Le rôle de l'institution étant de faire en sorte que le passé corresponde à la situation du moment et épouse tous les caprices et revirements du pouvoir. Le passé est aboli, le futur impossible à concevoir, il n'y a plus qu'un présent éternel où le parti a toujours raison. On retrouve cette utilisation de la falsification historique dans les récits des militants indigénistes, gauchistes comme islamistes ou frontistes d'ailleurs. Le rôle de ces récits est de créer des références communes, d'autant plus assujettissantes qu'elles sont basées sur la peur de l'autre et sa diabolisation. Chez les indigénistes, la base du lien politique ne peut être fondée sur des principes et idéaux partagés ou sur un projet collectif, la base du lien est primitive, voire frustre : quand ce qui vous réunit est négatif - le fait d'être non blanc - le seul commun, c'est l'ennemi. Voilà pourquoi la haine du blanc est au cœur de ces doctrines.

Force est de constater qu'au fur et à mesure que la question des rapports sociaux, du pouvoir, de l'action de l'État et des rapports humains est vue par certains uniquement au prisme d'une opposition manichéenne blancs/non blancs, non seulement le racisme ne recule pas, mais de nouvelles formes apparaissent. Le racisme brutal et primaire a toujours cherché dans la science un allié et un partenaire. La biologie a d'abord fourni ce vernis scientifique qui permettait de justifier le refus de l'égale dignité des hommes à raison de leurs différences anthropologiques. Mais les théories de Gobineau furent battues en brèche, quand la science qui aurait dû les démontrer, les infirma. Aujourd'hui on a affaire à une nouvelle alliance de la brutalité et de la science, mais ce sont les sciences humaines qui se chargent de justifier philosophiquement et sociologiquement les démarches racistes mises en œuvre par les indigénistes. Nos nouveaux Gobineau se recrutent maintenant à la gauche de la gauche. Pas sûr que cela soit un progrès.

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Communiqué de François Fillon

Publié le 25 Janvier 2017 par Philippe LE ROUX - ancien Délégué de la Circonscription dans Présidentielle

J’ai appris par la presse l’ouverture d’une enquête préliminaire du Parquet national financier.

Cette décision particulièrement rapide permettra de faire taire cette campagne de calomnie et de mettre un terme à ces accusations dénuées de tout fondement.

Je souhaite, pour rétablir la vérité, être reçu au Parquet national financier dans les plus brefs délais.

Je ne peux que m’étonner que des faits aussi anciens et légaux fassent l’objet d’une telle campagne, à trois mois du premier tour de l’élection présidentielle.

Je me battrai pour que triomphe la vérité et pour défendre mon honneur. Ceux qui ont pensé m’atteindre doivent être certains de ma détermination.

 

François Fillon

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L’italien Antonio Tajani est élu président du Parlement européen

Publié le 17 Janvier 2017 par Philippe LE ROUX - ancien Délégué de la Circonscription dans International

Candidat de droite (PPE), cet ancien commissaire européen a été choisi après quatre tours d'un scrutin indécis.

Voici le nouveau président du Parlement européen. L'Italien Antonio Tajani, candidat du Parti populaire européen (PPE), a été élu avec 351 voix, mardi 17 janvier, après quatre tours d'un vote indécis.

Âgé de 63 ans, cet ancien journaliste et officier de l'armée de l'air est devenu député européen une première fois en 1994 avant d'être nommé commissaire européen, chargé des transports, puis de l'industrie, entre 2008 à 2014. Proche de Silvio Berlusconi dont il fut porte-parole, il succède pour deux ans et demi au social-démocrate allemand Martin Schulz, qui a annoncé le résultat.

« Je voudrais dédier ce résultat, cette victoire aux victimes du tremblement de terre qui a frappé mon pays (...). Je voudrais un message très fort de solidarité de ce Parlement envers toutes les victimes du terrorisme, sans oublier ceux qui souffrent en ce moment, qu'il s'agisse de ceux qui sont sans abri ou qui n'ont pas de travail. »

Antonio Tajani succède au socialisteallemand Martin Schulz (président du parti socialiste européen). Jusqu'ici, les principales formations à Strasbourg, le plus souvent le Parti populaire européen et le groupe socialiste, convenaient de se relayer au perchoir à mi-mandat. Mais le groupe socialiste a fait voler cette pratique en éclats, en refusant de s'effacer devant le PPE, auquel le poste était promis, et en présentant son président, l'Italien Gianni Pitella.

Lors des trois premiers tours de l'élection, six candidats étaient en lice, mais aucun n'est parvenu à atteindre la majorité absolue nécessaire. Lors du dernier tour de scrutin, il y a eu 713 votes exprimés, dont 80 blancs et nuls.

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Nouveau Bureau Politique des Républicains

Publié le 30 Novembre 2016 par Philippe LE ROUX - ancien Délégué de la Circonscription dans Les Républicains

29 NOVEMBRE 2016

1°) L'article 39 § 4 des statuts stipule : « Lorsque le candidat à la présidence de la République désigné à l'issue de la primaire est issu du Mouvement, il propose au Bureau Politique les conditions dans lesquelles la direction du Mouvement est assurée. »

Le candidat à la présidence de la République désigné à l'issue de la primaire de la droite et du centre, les 20 et 27 novembre 2016 est issu du Mouvement. La Haute Autorité de la primaire a en effet proclamé les résultats selon lesquels Monsieur François FILLON a obtenu 66,5 % des suffrages exprimés au second tour.

2°) Dès lors, en application de l'article 39 § 4 précité, sur proposition de Monsieur François FILLON, le Bureau Politique adopte les conditions suivantes dans lesquelles la direction du Mouvement est désormais assurée.

La direction du Mouvement est assurée par le Bureau Politique, le Comité Politique, deux Vice-Présidents et le Secrétariat Général.

a) Le Bureau politique est présidé par le candidat à la présidence de la République, issu du Mouvement.

b) Il est créé un Comité Politique qui assume la plénitude des pouvoirs et des attributions du Bureau Politique dans l'intervalle des réunions de ce dernier.

Le Comité Politique est composé :

- Monsieur Gérard LARCHER, Président du Sénat ;

- Messieurs Christian JACOB, Président du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale, et Bruno RETAILLEAU, Président du groupe Les Républicains au Sénat ;

- Madame Virginie CALMELS, Première adjointe au maire de Bordeaux et Vice-présidente de Bordeaux Métropole ;

- Monsieur François BAROIN, Sénateur de l'Aube ;

- Madame Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, Députée de l'Essonne ;

- Monsieur Thierry SOLERE, Député des Hauts-de-Seine ;

- Jean-Frédéric POISSON, Député des Yvelines ;

- Jean-François COPE, Député de Seine-et-Marne.

Sont en outre membres de droit du Comité Politique les deux Vice-Présidents, le Secrétaire Général et les deux Secrétaires Généraux Adjoints.

Le Comité Politique est convoqué et présidé par le Président du Sénat. Il délibère dans les mêmes conditions que le Bureau Politique.

c) Il est créé deux Vice-Présidents :

- Monsieur Laurent WAUQUIEZ, ancien Ministre et Député de Haute-Loire ;

- et Madame Isabelle LE CALLENNEC, Députée d'Ille-et-Vilaine.

d) Il est créé un Secrétariat Général composé :

- d'un Secrétaire général, Monsieur Bernard ACCOYER, ancien Président de l'Assemblée nationale et Député de la Haute-Savoie ;

- et de deux Secrétaires Généraux Adjoints : Monsieur Gérald DARMANIN, ancien Député et Premier Vice-Président de la région Hauts-de-France, et Madame Annie GENEVARD, Députée du Doubs.

Le Secrétaire Général assure l'exécution des décisions du Bureau Politique et du Comité Politique. Il représente le Mouvement dans tous les actes de la vie civile. Il peut donner délégation dans les conditions fixées par le Règlement intérieur. Il dispose du droit d'ester en justice et, en cas de représentation en justice, ne peut être remplacé que par un mandataire agissant en vertu d'une procuration spéciale. Il est le chef du personnel du Mouvement. En cas de démission ou d'empêchement su Secrétaire général ; le candidat à la Présidence de la République, issu du mouvement désigne un nouveau Secrétaire général.

e) La présidence de la Commission Nationale d'Investiture est assurée par Monsieur Jean-François LAMOUR, Député de Paris, assisté de deux Vice- Présidents, Messieurs Roger KAROUTCHI, ancien Ministre et Sénateur des Hauts-de- Seine, et Alain MARLEIX, ancien Ministre et Député du Cantal.

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Message de François Fillon, candidat à l'élection présidentielle

Publié le 30 Novembre 2016 par Philippe LE ROUX - ancien Délégué de la Circonscription dans Les Républicains, Présidentielle

Chers Amis,

Avec ces primaires, nous avons créé l’évènement dans tous les sens du terme :

Nous avons d’abord réussi notre pari démocratique en suscitant un véritable engouement des électeurs de la droite et du centre.

Certains doutaient que nous puissions réussir ce pari...

C’était oublier l’immense besoin de nos électeurs de participer, d’affirmer leurs valeurs et de mettre un terme à ce quinquennat pathétique.

Avec 4 millions d’électeurs et le double de téléspectateurs intéresses par nos débats, nous avons donné une belle image de notre parti.

Le fossé entre la politique et les Français est immense : nous avons fait un premier pas pour le combler.

Au passage, cette vague démocratique est une bonne leçon pour la gauche et pour la firme Le Pen qui parle du peuple sans jamais lui donner la parole.

Tous les observateurs espéraient une élection aux couteaux. Nous avons su gérer cette compétition avec responsabilité et dignité.

J’ai eu l’occasion de saluer l’attitude impeccable de Nicolas Sarkozy, d'Alain Juppé, et j’ai pu compter sur le soutien carré de Bruno Le Maire.

Personne n’a démérité, personne n’a dérapé, personne n’est à mes yeux coupable d’avoir choisi son candidat. À cet égard, nous avons tous gagnés aux yeux des français.

De fait, mes amis, nous avons enclenché une dynamique puissante.

Cette victoire me donne des devoirs, le 1er d'entre eux c'est de rassembler.

Quel que fût votre vote dans ces primaires, mon adage est simple : on est maintenant tous ensemble. Je vais aller au front et je vous demande de faire bloc.

Mon but est nous mener à la victoire aux présidentielles et aux législatives. Je vais tout donner et j’attends que vous vous donniez à fond.

Après cette primaire, il était naturel d’ajuster les instances dirigeantes de notre parti. J’ai eu soin de faire les choses avec efficacité et amitié car tout le monde sera utile dans les mois et les années à venir.

Les défis restent nombreux mais ensemble nous irons loin. Rien n’arrête un peuple qui se dresse pour son avenir.

Très fidèlement,

François Fillon,

Candidat de la droite et du centre pour la présidentielle de 2017

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Les soutiens aux candidats du 2nd tour de la primaire

Publié le 22 Novembre 2016 par Philippe LE ROUX - ancien Délégué de la Circonscription

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2nd tour de la primaire de la droite et du centre

Publié le 21 Novembre 2016 par Philippe LE ROUX - ancien Délégué de la Circonscription dans Les Républicains

Le résultat définitif de la primaire de la droite sera connu dans la soirée du dimanche 27 novembre, à l'issue du second tour. Comme dimanche 20 novembre, l'ensemble des 10228 bureaux de vote fermeront leurs portes à 19 heures, les premiers résultats ne sont donc pas attendus avant 20h30. Les bénévoles devront en premier lieu compter l'argent récolté avant de dépouiller les bulletins. L'ensemble des chiffres seront communiqués sur cette page ainsi que sur le site de la primaire (ici).

La Haute autorité a indiqué que les premiers pourcentages seront diffusés dès que les résultats de 2000 bureaux de vote seront connus. Il s'agira vraisemblablement des plus petits bureaux de vote et les résultats seront alors à prendre avec des pincettes. Le vote peut, en effet, être très différent dans les territoires ruraux et dans les grandes villes. Il faudra donc patienter avant de réellement connaître la tendance. Quant aux résultats définitifs, ils ne seront connus que tard dans la soirée.

 

Résultats des élections à l'UMP

Avec cette primaire de la droite, ce n'est pas la première fois que Nicolas Sarkozy se mesurait à d'autres personnalités de son camp à travers une élection interne. En 2004, il s'était en effet battu pour accéder à la présidence de l'UMP, dans l'optique de remplacer Alain Juppé suite à sa mise en cause dans l'affaire des emplois fictifs et à sa démission. Le 28 novembre, lors d'un congrès au Bourget – qui avait alors fait polémique de par son ampleur et les dépenses engagées-, Nicolas Sarkozy avait été largement choisi par 85,09 % les adhérents, quand 9,1 % se prononçaient pour Nicolas Dupont-Aignan et 5,82 % pour Christine Boutin. Le taux de participation était alors de 53,29 %.

Après la défaite de 2012, une autre élection avait opposé François Fillon à Jean-François Copé, deux autres candidats de cette primaire de la droite aujourd'hui. Après des jours de crise, les deux candidats dénonçant des fraudes, c'est finalement Jean-François Copé qui sera déclaré vainqueur, avec 50,03 % des voix contre 49,97 % pour son adversaire. Quelques dizaines de voix séparaient les deux candidats selon des résultats officiels sujets à caution et qui ont laissé des traces durables. Enfin, une autre élection à l'UMP a eu lieu en 2014 et opposait cette fois Nicolas Sarkozy, de retour en politique, Bruno Le Maire, Hervé Mariton. L'ancien président s'était imposé sans plébiscite avec 64,5 % des voix contre 29,18 % pour Bruno Le Maire et 6,32 % pour Hervé Mariton.

 

Date de la primaire de la droite

Le premier tour de la primaire des Républicains s'est tenu le dimanche 20 novembre 2016. Le second tour qui départagera Alain Juppé et François Fillon a lieu ce dimanche 27 novembre 2016. Un dernier débat télévisé doit opposer les deux hommes, le jeudi 24 novembre.

 

Candidats à la primaire de la droite : Les finalistes

Alain Juppé, maire de Bordeaux, s'est déclaré candidat dès août 2014 par le biais d'un message posté sur son blog. "Nous devons la gagner (la présidentielle 2017, ndlr) pour sortir la France du marasme où elle stagne aujourd'hui", écrivait-il. Il entendait "rassembler dès le premier tour les forces de la droite et du centre autour d'un candidat capable d'affronter le Front national d'un côté et le PS ou ce qui en tiendra lieu de l'autre". Alain Juppé peut notamment compter sur le soutien de François Bayrou et d'une large partie l'UDI. Hervé Mariton, dont la candidature a été invalidée par la Haute autorité, a également décidé de se ranger à ses côtés.

François Fillon, ancien Premier ministre, a annoncé qu'il se portait candidat en avril 2015 dans les colonnes du Point. "Je suis candidat pour porter un projet de rupture et de progrès autour d'une ambition : faire de la France la première puissance européenne en dix ans", avait-il déclaré. Il a annoncé en janvier 2016 qu'il quitterait la politique si jamais il échouait à remporter cette primaire.

 

Les éliminés au premier tour

Nicolas Sarkozy, après son retour en politique et la prise de pouvoir au sein de son parti, n'envisageait pas de primaire et entendait se poser comme le candidat naturel de la droite. Il a finalement dû en accepter l'idée. Il a rendu sa candidature officielle par la publication d'un livre, "Tout pour la France" (Plon), conçu comme "un point de départ". "J'ai senti que j'avais la force pour mener ce combat à un moment si tourmenté de notre histoire", disait-il.

Bruno Le Maire s'est officiellement déclaré candidat lors d'une réunion publique à Vesoul, le 23 février 2016. "Ma décision est simple, forte, inébranlable", a-t-il déclaré sur scène. Dans la foulée de sa déclaration de candidature, Bruno Le Maire a sorti un livre sur sa vision de la France intitulé "Ne vous résignez pas". Il bénéficie du soutien d'Yves Jégo et de Hervé Morin.

Nathalie Kosciocko-Morizet a officialisé sa candidature au 20h de TF1, le 8 mars 2016, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes. "Je crois qu'il faut changer enfin la politique. Je suis candidate pour donner à chacun, à chaque Français, la maîtrise de sa vie", a-t-elle déclarée sur le plateau du JT. Cette candidature n'était pas une surprise : peu après son éviction de la direction des Républicains, NKM déclarait au Parisien qu'elle envisageait une participation à la primaire.

Jean-François Copé, a annoncé sa candidature le dimanche 14 février 2016 sur le plateau du 20 heures de France 2 - alors que Nicolas Sarkozy s'exprimait sur TF1 -, quelques semaines après la sortie de son livre "Le sursaut français". Après une cure de silence médiatique de 18 mois, le maire de Meaux s'est dit "prêt" à revenir sur le devant de la scène.

Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate fondé par Christine Boutin, est le seul candidat de cette primaire qui n'appartient pas au parti Les Républicains. Il a annoncé sa candidature dans une interview accordée à Valeurs Actuelles, mi-septembre 2015. "Tout a changé depuis 2012, tout !", disait-il. "La reconduction des mêmes discours émanant des mêmes personnes produit les mêmes impasses ! Les Français attendent autre chose".

Consulter les programmes des candidats à la primaire de la droite

Bureaux de vote pour la primaire de la droite

Les Républicains ont mis en ligne la liste des bureaux de vote pour la primaire de la droite et du centre. Ce sont 10 228 lieux qui sont réservés pour abriter les urnes, sur l'ensemble du territoire, soit 800 de plus que lors de la primaire PS de 2011 (zoomez sur la carte pour voir apparaître les bureaux). Vous pouvez aussi consulter une liste en recherchant votre ville sur notre page dédiée aux bureaux de vote.

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Résultats provisoires de la Primaire ouverte de la droite et du centre

Publié le 21 Novembre 2016 par Philippe LE ROUX - ancien Délégué de la Circonscription dans Les Républicains

Votants 4.127.383

9 855 bureaux sur 10 229

 

Métropole et Outre-Mer           

François Fillon                     44.1%       1 821 608

Alain Juppé                          28.5%       1 177 790

Nicolas Sarkozy                   20.6%       852 111

Nathalie Kosciusko-Morizet   2.6%         105 416

Bruno Le Maire                     2.4%         98 316

Jean-Frédéric Poisson          1.5%         59 934

Jean-François Copé             0.3%         12 208

Votes blancs et nuls             9 403

 

Français de l’Etranger 53 084

Alain Juppé                          45.5%       24 129

François Fillon                     37.3%       19 786

Nicolas Sarkozy                   8.7%         4 608

Nathalie Kosciusko-Morizet   5%            2 644

Bruno Le Maire                     1.9%         1 010

Jean-Frédéric Poisson          1.4%         750     

Jean-François Copé             0.2%         103

Votes blancs et nuls             54

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Un étudiant sur deux juge que leur situation s’est dégradée depuis 2012

Publié le 18 Novembre 2016 par Philippe LE ROUX - ancien Délégué de la Circonscription dans Le reniement - c'est maintenant !

Un sondage Ifop pour l’Étudiant met à mal la promesse faite en 2012 par François Hollande de voir les jeunes «vivre mieux» à la fin de son quinquennat.

«Est-ce que les jeunes vivront mieux en 2017 qu’en 2012?» Lors de son grand discours de campagne du Bourget, en janvier 2017, le candidat François Hollande avait demandé à être «évalué», à la fin de son mandat, «sur cette seule promesse».

Près de cinq ans plus tard, un sondage Ifop pour l’Étudiant révèle qu’un étudiant sur deux juge que la situation des jeunes s’est dégradée en France durant les cinq dernières années. Une mauvaise nouvelle de plus pour le bilan du président de la République.

Un étudiant sur deux estime aujourd’hui que la situation des étudiants s’est «plutôt détériorée» depuis 2012, selon le sondage Ifop pour l’Etudiant, réalisé auprès de 604 personnes entre le 25 octobre et le 4 novembre 2016. Pour 29 % d’entre eux, la situation des étudiants n’a pas changé, et pour 21 % seulement, elle s’est améliorée.

«Ces chiffres renvoient aux mauvaises conditions de scolarité des étudiants, insiste François Kraus directeur du pôle politique de l’Ifop, auprès de l’Étudiant. Aux amphis surchargés s’ajoutent les problèmes de logement, la cherté des transports, etc. Alors que les étudiants sont généralement les mieux lotis parmi les jeunes, ces chiffres montrent que quelque chose ne va pas.»

Plusieurs mesures n’ont pas convaincues la majorité des étudiants, comme l’instauration des quotas d’élèves issus de bac pro ou technique dans les BTS ou DUT et, logiquement, l’augmentation des droits d’inscription à l’université.

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«Nos ancêtres les Gaulois»: Nicolas Sarkozy répond à la polémique

Publié le 21 Septembre 2016 par Philippe LE ROUX - ancien Délégué de la Circonscription dans Présidentielle

Invité d'un dîner-débat organisé mardi par l'hebdomadaire Valeurs actuelles, l'ex-président est revenu sur la controverse née de ses déclarations de la veille. L'occasion pour lui de s'attaquer à «la bienpensance» et à Bruno Le Maire. Il en a aussi profité pour pointer l'inexpérience de Marine Le Pen.

Devant plus de cinq cent personnes réunies au cours d'un dîner organisé par Valeurs actuelles à Paris, mardi soir, Nicolas Sarkozy a profité d'une de ses réponses où il expliquait qu'il fallait passer «d'un processus d'intégration à un processus d'assimilation» pour revenir sur la polémique née la veille, après son meeeting de Franconville. «Je vois depuis ce matin que même les Gaulois, ça les gêne», s'est amusé le candidat en s'attaquant à «la bienpensance». «Quand j'ai dit “les Gaulois”, il y en a un qui m'a dit “mais mon grand-père est brésilien”», a déclaré l'ancien président visant, sans le nommer Bruno Le Maire, qui plus tôt dans la journée avait évoqué sa grand-mère brésilienne. «Je croyais qu'il était très intelligent», a poursuivi Nicolas Sarkozy dans une seconde allusion au député de l'Eure. Nicolas Sarkozy a ensuite ajouté: «Ca n'a rien à voir, mon père est hongrois!» Alors que Bruno Le Maire avait appelé à refuser «la caricature», et après les vives réactions de Najat Vallaud-Belkacem et Myriam El-Khomri, le candidat à la primaire a expliqué sa vision. «Ça veut dire qu'il y a un roman national, que ce roman national ce n'est pas forcément la vérité historique dans son détail mais c'est un roman national peuplé de héros qui ont fait la France, et quand on est fils d'un hongrois ou fils d'un algérien et que vous arrivez en France, on ne vous apprend pas l'histoire de la Hongrie ou de l'Algérie, on vous apprend l'histoire de France!», s'est-il justifié, un micro à la main pour s'adresser aux lecteurs de l'hebdomadaire. «Le nivellement de la pensée unique sur le droit à la différence ça suffit. Moi je plaide pour le respect d'une communauté nationale, d'une identité nationale et d'une France que nous avons reçus de nos parents et que nous avons l'intention de transmettre à nos enfants.»

Si Nicolas Sarkozy a développé au cours de ce dîner ses propositions sur l'immigration, la santé, la sécurité, la politique familiale, le RSI, etc. et développé sa vision de la République - «aujourd'hui testée par un islam politique et intégriste qui veut voir jusqu'où nous sommes faibles et tester notre capacité de résistance» -, il a aussi longuement répondu à une électrice du FN qui se disait «déçue» par lui. «Si tout espoir était perdu, vous ne seriez pas venue», a-t-il souri avant de faire un long dégagement sur Marine Le Pen. «Dans un monde aussi difficile, ça n'a jamais été aussi difficile d'entraîner une majorité, Madame Le Pen n'a aucune expérience de rien! Elle n'a jamais conduit de négociation internationale, ni européenne. Elle n'a comme seule expérience la petite PME familiale. Est-ce que vous croyez vraiment que dans le monde dangereux dans lequel nous nous trouvons, pour faire face aux risques multiples qui pèsent sur la société française, il soit très raisonnable de confier la conduite de la France à quelqu'un qui n'a aucune expérience? Je pense personnellement que ce serait dangereux.» Et le candidat qui a accusé Marine Le Pen d'être «complice» de la victoire de François Hollande a ajouté que «le programme économique de Marine Le Pen (était) celui de Mélenchon!» Dès lors à l'attention de cette électrice partie au FN, il a repris cette formule qu'il avait empruntée à Nelson Mandela et utilisée la semaine dernière sur France 2... en l'enrichissant d'une troisième partie. «Vous savez ce que disait Mandela: je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j'apprends», a-t-il glissé avant de poursuivre. «En 2007 j'ai gagné. En 2012 j'ai appris. En 2017 je suis prêt pour vous.»

Et alors qu'une des dernières questions posait sur les erreurs retenues «pour être encore meilleur au prochain quinquennat», l'ancien président a dit avoir appris «de la complexité des situations et des sentiments. Avant j'étais trop binaire», a expliqué le candidat. «Cette complexité des sentiments ne m'a pas détourné de ma volonté d'action mais m'a donné plus de sérénité, de compréhension et d'humanité», a-t-il poursuivi faisant valoir que sa défaite de 2012 lui avait beaucoup appris. «Toute personne qui a du pouvoir devrait passer un jour dans la peau du gibier, ça vous fait changer de regard», s'est-il amusé devant une salle complice. «Passer dans la machine à laver, j'ai le regret de vous dire que ça m'a fait beaucoup de bien! Je reviens, mais en mieux encore!»

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