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Un Républicain de Guingamp

Site de Philippe LE ROUX, ancien Délégué de la quatrième circonscription des Cotes-d'Armor et Conseiller chargé des grands projets auprès de la Direction de l'UMP

Crise alimentaire : la Banque Mondiale sonne l'alarme

Publié le 14 Avril 2008 par Philippe LE ROUX - Délégué de la Circonsription in International

La difficulté croissante des plus pauvres à se nourrir a entraîné des émeutes un peu partout dans le monde, comme en Haïti la semaine dernière.

"Il est urgent que les gouvernements interviennent" prévient le président de la Banque mondiale alors que les émeutes se multiplient dans différentes régions du monde. Nicolas Sarkozy a promis des annonces dans les jours à venir.

33 états dans le monde menacés à brève échéance de troubles politiques et sociaux dus à la hausse des prix agricoles et alimentaires, c'est le constat implacable qu'a fait dimanche soir le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick.

"Sur la base d'une analyse sommaire, nous estimons que le doublement des prix alimentaires au cours des trois dernières années pourrait pousser plus profondément dans la misère 100 millions d'individus vivant dans les pays pauvres", a-t-il lancé lors de l'assemblée semestrielle de la Banque, avant de conclure : "Nous devons mettre de la nourriture dans des bouches qui ont faim. C'est aussi abrupt que cela".

L'Egypte, le Cameroun, la Côté d'Ivoire, la Mauritanie, l'Ethiopie, Madagascar, les Philippines, l'Indonésie ont déjà connu des "émeutes de la faim" menées par des gens incapables de s'acheter même les produits alimentaires les plus basiques. Le premier ministre haïtien a d'ailleurs du démissionner vendredi.

La Banque mondiale estime que la hausse des prix du blé a atteint 181% en trois ans et celle des prix alimentaires 83% sur la même période. Une hausse encore aggravée par la crise financière, le blé (+120% en un an) ou le riz (+75% en deux mois) devenant des valeurs refuges pour les marchés.

Risques de guerres pour Dominique Strauss-Kahn

Dans un entretien à Libération lundi matin, Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l'alimentation estime que le monde va "vers une très longue période d'émeutes" de ce type. Même son de cloche de la part du président du FMI, Dominique Strauss-Kahn, qui évoque des "conséquences terribles : des milliers, des centaines de milliers de personnes vont être victimes de la faim. Des enfants souffriront de malnutrition, avec des conséquences pour toute leur vie". Et le patron du FMI de prévenir : "comme nous l'avons appris dans le passé, ce genre de situations se finit parfois en guerre".

La Banque mondiale demande donc aux pays les plus riches de ne pas attendre le prochain G8 finances, prévu au Japon en juin, pour agir. Présent dans 78 pays où il nourrit 73 millions de personnes, le Programme alimentaire mondial (PAM) a demandé en urgence 500 millions de dollars à la communauté internationale avant le 1er mai. Il en a déjà reçu la moitié.

Un «new deal» de l'alimentation

Mais ce n'est pas assez et Robert Zoellick martèle : "il demeure urgent que les gouvernements interviennent. Il est crucial que les gouvernements confirment leurs engagements dès que possible et que d'autres commencent à s'engager".

Haïti devrait recevoir rapidement 10 millions de dollars et des experts pour aider les autorités à répondre à la crise. La Banque mondiale prévoit de presque doubler ses prêts agricoles en Afrique en les portants à 800 millions de dollars. Un "new deal pour une politique alimentaire globale" qui ne suffira peut-être pas.

Autre question, celle des biocarburants. La culture de colza ou d'autres plantes à des fins de production d'essence "vertes" est violemment critiquée par les organismes internationaux. Pour Jean Ziegler, c'est même "un crime contre l'humanité". Sur la sellette, l'UE est accusée de trop subventionner son agriculture, empêchant le développement agricole de l'Afrique.

Deux porte-parole de l'UMP ont appelé lundi l'ONU "à jouer un rôle urgent" face aux émeutes de la faim dans le monde, et estimé qu'il "faut avoir le courage" de soulever le problème de la "corruption" dans les pays bénéficiaires de l'aide internationale.

 

"L'ONU doit jouer un rôle urgent", a déclaré Dominique Paillé, lors du point de presse hebdomadaire de l'UMP.Il a souligné la "nécessité d'une concertation et d'une action internationales fortes" pour "permettre aux pays les plus pauvres de ne pas subir ce qui n'est qu'une crise conjoncturelle".
Pour Chantal Brunel "il faut aussi avoir le courage de soulever le problème de la corruption" dans les pays bénéficiaires de l'aide, sachant par exemple que "seulement 30% de l'aide européenne parvient aux populations".
"C'est très bien de demander davantage de crédits pour les pays en voie de développement mais le vrai problème c'est que ces crédits, qui sont l'argent du contribuable, arrivent aux destinataires", a-t-elle déclaré à l'AFP, en marge du point de presse."On parle pudiquement de problèmes de gouvernance alors qu'il s'agit de détournements de fonds", a-t-elle estimé.
"Il faut essayer de financer des microprojets par le microcrédit et de court-circuiter certaines structures gouvernementales" des pays bénéficiaires de l'aide internationale, a encore déclaré Mme Brunel.