La volontaire de MSF contaminée au Liberia, premier malade d'Ebola rapatrié en France, va bénéficier d'un dispositif de transport et d'accueil spécial, afin de lui prodiguer les meilleurs soins et d'éviter tout risque de contagion.
Face à la gravité de l'épidémie en Afrique de l'Ouest, la France se prépare depuis plusieurs mois à cette éventualité. Elle a habilité une série d'hôpitaux référents à Paris et en province pour prendre d'éventuels patients en charge. Parmi eux, l'hôpital d'Instruction des Armées Begin à Saint-Mandé et l'hôpital Bichat qui font partie des trois établissements référents pour la zone de défense de Paris.
Le rapatriement du malade se fait par avion médicalisé et dès son arrivée sur le sol français, il doit être immédiatement pris en charge par une équipe spécialisée.
A Bégin par exemple, une fois à l'hôpital, un circuit de transport, court et étanche, permet de placer directement le patient dans une chambre d'isolement à pression négative, une précaution pour éviter toute échappée d'agents contaminants à l'extérieur.
Ce système, utile surtout pour d'autres pathologies à fort risque respiratoire (coronavirus, Sras, grippe aviaire...), représente une précaution "extrême" pour faire face à un éventuel risque - minime - de dissémination du virus (par exemple en cas d'infection des poumons au stade ultime de la maladie).
Le matériel utilisé par le personnel médical est placé dans des sacs destinés à être incinérés et les prélèvements récupérés directement dans de petits monte-charges pour réduire les manipulations.
Bégin pratique même "de la biologie sous tente" pour réduire les transports de prélèvements biologiques à risque: des analyses de base peuvent être faites près du lit du malade, dans une sorte de mini laboratoire sous une petite tente.
- sas successifs -
Les prélèvements sanguins pour analyse sont en revanche expédiés sous triple emballage à Lyon qui dispose d'un laboratoire de haute sécurité, apte à manipuler des échantillons de peste, d'Ebola, de maladie du charbon etc..
La transmission d'Ebola est "facile" par contact avec les liquides biologiques du malade et plus particulièrement le sang, l'urine et les vomissements, rappelle le Pr Elisabeth Bouvet de l'hôpital Bichat. Elle ne "nécessite pas un contact prolongé".
La peau, les cheveux, les ongles et les muqueuses sont les organes risquant le plus d'être contaminés et des affiches placardées sur les murs de ces hôpitaux résument les mesures de protection pour le personnel: charlotte sur les cheveux, masque sur la bouche, lunettes de protection, double paire de gants à usage unique, casaque couvrant tout le corps et sur-chaussures.
Dans ces unités, les portes s'ouvrent sans contact, par capteur optique
Pour pénétrer dans ces chambres à pression négative, dites aussi P4, uniquement accessibles par code, il faut passer deux sas successifs, le premier destiné à l'habillage des personnels, le second à la préparation des soins. A la sortie, un autre sas leur permet de se déshabiller.
Le déplacement vers la chambre "se fait toujours marche en avant" pour éviter de répandre derrière soi d'éventuels éléments contaminants, explique à l'AFP le Pr Christophe Rapp, coordonnateur de la réponse à Ebola dans le service de santé des Armées et responsable du service des maladies infectieuses à Bégin. Dans cet hôpital, 60 personnes ont été formées à l'usage des chambres d'isolement.