Laurent Fignon, décédé mardi à Paris, a couru dans le peloton professionnel de 1982 à 1993.
12 août 1960: naissance à Paris.
28 mars 1982: il se révèle en enlevant le Critérium international, quelques semaines après ses débuts professionnels sous la coupe de Cyrille Guimard.
18 juillet 1983: il endosse à l'Alpe d'Huez le premier de ses 22 maillots jaunes. Six jours plus tard, il devient l'un des plus jeunes vainqueurs du Tour de France de l'histoire.
10 juin 1984: il perd le Giro contre l'Italien Francesco Moser. Il estimera que la course lui a été volée. Six semaines plus tard, il domine le Tour de France devant son ancien leader, Bernard Hinault, qui l'a attaqué en vain.
19 mars 1988: il remporte pour la première fois Milan-Sanremo, performance qu'il renouvellera l'année suivante.
23 juillet 1989: il perd pour 8 secondes le maillot jaune à l'arrivée de l'ultime contre-la-montre sur les Champs-Elysées et laisse la victoire finale sur le Tour de France à son grand rival américain Greg LeMond.
1er juillet 1991: il annonce son "divorce" de Cyrille Guimard, avec lequel il s'était associé à la tête de la structure Maxi-Sports et part quelques mois plus tard terminer sa carrière en Italie.
24 août 1993: il dispute sa dernière course, le GP Ouest-France à Plouay, et enchaîne avec une carrière de consultant télé.
31 janvier 2002: il cède à la société ASO la course Paris-Nice qu'il avait reprise trois ans plus tôt.
11 juin 2009: il annonce souffrir d'un cancer des voies digestives. Malgré le traitement, il continue à travailler sur le Tour de France en tant que consultant pour France Télévisions.
Ses principales victoires:
Championnat de France 1984
Milan-Sanremo 1988 et 1989, Flèche Wallonne 1986
A travers le Morbihan 1983, Paris-Camembert 1988
GP des Nations 1989, Trophée Baracchi et GP de Baden-Baden (avec Thierry Marie)
Critérium international 1982 et 1990, Tour de Sicile 1985, Tour de la CEE 1988, Tour des Pays-Bas 1989, Ruta de Mexico 1993
Tour de France: vainqueur en 1983 et 1984. 2e en 1989. 9 étapes (1 en 1983, 5 en 1984, 1 en 1987, 1 en 1989, 1 en 1992). Maillot jaune pendant 22 jours.
Giro: vainqueur en 1989, 2e en 1984. 2 étapes (1 en 1984, 1 en 1989). Meilleur grimpeur en 1984. Maillot rose pendant 15 jours.
Vuelta: 3e en 1987. 2 étapes (1 en 1983, 1 en 1987).
Entre ses interviews dans les médias et son autobiographie ("Nous étions jeunes et insouciants", éditions Grasset, 2009),
. Son caractère:
"Je n'ai jamais aimé le copinage. Avec qui que ce soit. Je peux dire que je suis assez fier de cette spécificité."
"Tout le monde ne m'aimait pas et je m'en foutais. Moi, j'étais un mec honnête qui disait généralement la vérité."
"J'ai perdu un Tour de France pour huit secondes. Si je m'étais arrêté à ça, j'aurais tout laissé tomber. C'est pareil dans la vie. Je me suis endurci. Qui sait, mon coeur est peut-être à moitié fait de pierre."
"Je pensais trop. Ceux qui réussissent vraiment pensent moins à vélo. Ce n'est pas qu'ils sont bêtes, mais ils se posent moins de questions que moi."
. Sa carrière:
"J'ai eu la chance de trouver ce pour quoi j'étais doué et de pouvoir en vivre. Mais je ne serai jamais satisfait: j'aurais voulu être champion du monde, gagner plus de Tours, plus de classiques... Mais j'ai vécu des années fantastiques."
"Je n'ai pas honte de ce que j'ai fait. J'ai fait ce que j'avais à faire, sans exagération. J'ai fait le métier. Et, dans notre métier, il y a la triche."
"Je n'ai jamais pensé que c'était mieux de mon temps. C'était juste différent, voilà tout. Comme le sont toutes les époques. J'ai néanmoins le sentiment d'avoir traversé le court intermède 'hippie' du vélo. Je crois même en avoir été l'un des principaux instigateurs."
"Le point de basculement de mon histoire se situe très exactement le dernier jour du Tour de France 1989. Jour de tristesse insensée, jour de défaite monstrueuse, inacceptable. Le seul jour de mon existence où quelques secondes devinrent l'éternité."
. Son cancer:
"C'est une saloperie. Mortelle. Qui fait peur. A soi et aux autres. Mais ce n'est pas une maladie honteuse !"
"Une fois passé le premier diagnostic, j'ai admis, de mon propre chef, que la transparence pourrait participer de ma thérapie."
"Quand je serai tout maigre, peut-être qu'on ne me verra plus beaucoup. Je n'ai pas envie de faire pitié. Mais si ça peut apporter quelque chose à d'autres de voir que je me bats..."
"Je n'ai pas peur de mourir. Si ça devait s'arrêter rapidement, je n'aurais pas beaucoup de regrets. J'ai eu une belle vie."
. Ses avis (sur le cyclisme):
"Le cyclisme s'est transformé en sport de défense, oubliant sa raison d'être formelle: l'attaque. Bien sûr qu'il faut savoir défendre une position, par exemple sur un grand Tour. Mais comment faire pour gagner sinon attaquer ? C'est l'essence du cyclisme. Son esprit. Son âme."
"On aimerait que ce soit le 14 juillet tous les jours ! Mais les temps morts font partie intégrante du processus. Il faut faire avec..."
"Le dopage 'no-limit', qui fut la règle dans les années 90 puis dans les années 2000, est contesté. A la fois par les progrès des contrôles et surtout par la mise en place des nouveaux règlements dont le passeport biologique est évidemment la forme la plus aboutie et la plus intéressante."
"Tout le monde a singé l'original (Greg LeMond). Par intérêt. Miguel Indurain, Jan Ullrich, même Lance Armstrong... Je ne suis pas le mieux placé pour 'juger' tous ces champions. Je ne sais pas tout. Mais je ne suis dupe de rien. Je peux avoir, de-ci de-là, du respect et même de l'admiration pour certains de leurs actes. Mais je trouve qu'ils ont souvent dénaturé le cyclisme que j'aime."