Les dignitaires de l'Eglise orthodoxe russe se réunissent lors de deux conciles pour choisir à partir de mardi leur nouveau dirigeant, le patriarche de Moscou et de toutes les Russies, à la suite de la mort début décembre d'Alexis II.
Le concile épiscopal de l'Eglise orthodoxe russe a désigné dimanche à Moscou les trois candidats à l'élection du nouveau patriarche, le métropolite Kirill devançant largement Kliment, considéré comme étant son principal concurrent.
Les trois candidats à l'élection du nouveau patriarche orthodoxe
- LE METROPOLITE DE SMOLENSK ET KALININGRAD KIRILL
Agé de 62 ans, le puissant dirigeant du département des relations extérieures sous le règne d'Alexis II, est le seul haut responsable de l'Eglise orthodoxe russe à être connu du grand public. Patriarche par intérim depuis décembre, il est souvent montré en compagnie de dirigeants politiques tel le Premier ministre russe Vladimir Poutine. Des experts affirment que Kirill apprécie que l'Eglise joue un rôle majeur dans la vie politique, tandis que son indépendance d'esprit ne serait pas vue d'un bon oeil au Kremlin.
En 1971, il est devenu archimandrite, avant d'être représentant du Patriarcat de Moscou auprès du Conseil mondial des Eglises à Genève. Il accompagnait régulièrement le patriarche d'alors, Pimène, pendant ses voyages à l'étranger, notamment au Proche-Orient, en Bulgarie, en Yougoslavie, en Grèce et en Roumanie.
- LE METROPOLITE DE KALOUGA ET BOROVSK KLIMENT
Jugé plus conservateur que Kirill et âgé de 59 ans, il dirige depuis 2003 l'administration de l'Eglise orthodoxe et dispose de forts soutiens dans les arcanes du clergé.
Le plus jeune des trois candidats est décrit comme un personnage peu charismatique. Les experts voient dans ce trait une aspiration du métropolite à se concentrer sur la vie spirituelle.
Il a pris le nom de Kliment en entrant dans les ordres et a enseigné l'histoire religieuse. Par la suite, il a été nommé archevêque et s'est vu confier les régions de Kalouga et de Borovsk, deux villes situées au sud de Moscou. De 1997 à 2000, il a représenté l'Eglise orthodoxe russe au sein de la commission chargée d'organiser les festivités inter-orthodoxes pour le 2000e anniversaire de la naissance du Christ.
- LE METROPOLITE DE MINSK ET SLOUTSK FILARET
Doyen des trois candidats, Filaret, âgé de 73 ans, a été nommé en 1978 métropolite du Bélarus et supervise depuis les paroisses orthodoxes en Europe de l'Ouest. Diplômé de l'académie de théologie de Moscou, il y a enseigné avant d'en devenir le recteur.
En 1981, il avait pris la direction du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou. Par la suite, il a exercé temporairement des fonctions politiques : il a été membre du Parlement de la république soviétique de Biélorussie en 1990 et, pendant quelques mois en 1991, du Parlement de l'URSS, juste avant l'effondrement du régime soviétique.
Le concile épiscopal
Composée d'environ 200 hauts dignitaires de l'Eglise orthodoxe (métropolites, évêques, archevêques), cette assemblée se réunit dimanche et lundi pour désigner trois candidats dans la cathédrale du Christ Sauveur, reconstruite après avoir été détruite par Staline, et inaugurée en 2000.
Ce concile doit fixser les règles du scrutin, notamment déterminer si le vote aura lieu à bulletins secrets. L'assemblée décidera aussi de l'ordre du jour du concile de l'Eglise orthodoxe russe qui entame ses travaux mardi afin d'élire le patriarche.
Le Concile de l'Eglise orthodoxe russe
Cette assemblée doit élire à huis clos à partir de 14H30 GMT mardi, et avant jeudi, le nouveau patriarche de Moscou et de toutes les Russie.
Si le scrutin se déroule comme prévu et comme au moment de l'élection, en 1990, d'Alexis II, le vote aura lieu à bulletins secrets et sera élu le candidat ayant obtenu la majorité absolue des voix.
Le concile a aussi le pouvoir de désigner d'autres prétendants au patriarcat, en plus des trois candidats désignés dimanche.
Le concile de l'Eglise orthodoxe russe est composé de 711 personnes, notamment les membres du concile épiscopal et des représentants du clergé de rang inférieur.
L'assemblée compte en outre des croyants élus par leurs paroisses. La liste de ces personnalités a fait l'objet d'un débat en Russie, en raison de la présence d'un grand nombre d'hommes d'affaires et de fonctionnaires, laissant craindre à certains que des forces extérieures cherchaient à influencer le vote.
Une fois que l'élection aura eu lieu, l'identité du nouveau patriarche devra être annoncée publiquement dans la cathédrale du Christ Sauveur.
Le concile se poursuivra jusqu'au 29 janvier. Cette assemblée procède par ailleurs aux canonisations et définit la doctrine et les règles de l'orthodoxie russe.
Un peu d'Histoire
Ce concile de l'Eglise orthodoxe russe ne sera que le sixième du genre, les procédures et les organes de l'Eglise ayant régulièrement changé depuis l'installation de l'orthodoxie en Russie kiévienne avec le baptême du Grand prince Vladimir de Kiev en 988.
Les cinq autres conciles ont eu lieu au XXe siècle : en 1917-1918 pour élire le patriarche Tikhon, en 1945 pour placer Alexis Ier à la tête de l'Eglise orthodoxe russe, en 1971 pour désigner le patriarche Pimen, en 1988 pour célébrer les 1.000 ans de l'orthodoxie russe et en 1990 pour élire Alexis II.