L'extension du bouclier antimissile américain en Europe centrale, que le président américain Barack Obama a promis dimanche de poursuivre pour le moment, doit compléter un système déjà en place aux Etats-Unis, au Groenland et au Royaume-Uni.
Pour se protéger des engins balistiques intercontinentaux, de plus de 5.000 km de portée, les Américains ont investi dans divers systèmes défensifs dont:
- un système terrestre national de 21 intercepteurs de missiles basés en Alaska et 3 autres en Californie, selon les données de l'Agence américaine de défense antimissile.
- un système orbital capable de détecter les missiles à mi-parcours pour faciliter l'interception à partir du sol.
- un système terrestre avancé, positionné hors du territoire américain, pour intercepter les missiles plus tôt après leur lancement, avec deux bases radar déjà existantes à Fylingdales, en Angleterre, et Thulé, au Groenland (territoire danois autonome).
Pour compléter ce dernier système, le gouvernement du président George W. Bush a conclu des accords l'année dernière en vue de l'installation de dix intercepteurs de missiles en Pologne, couplés à un puissant radar implanté en République tchèque.
Le président américain Barack Obama a promis dimanche de poursuivre pour le moment ce projet, qui est perçu par la Russie comme une menace pour sa sécurité.
Mais il a conditionné cette promesse à ce que l'intérêt du projet soit "prouvé" et ses coûts maîtrisés. Et il a souligné que le bouclier perdrait sa raison d'être le jour où l'Iran cesserait de constituer un risque nucléaire.
Selon Washington, ce système doit dissuader des "Etats voyous" comme l'Iran ou la Corée du Nord, d'utiliser les quelques fusées intercontinentales dont ils pourraient disposer un jour pour frapper l'Amérique, et ne vise en aucun cas l'énorme force de frappe russe.
Un missile intercontinental tiré depuis le nord de l'Iran sur les Etats-Unis suivrait une route quasi polaire et survolerait l'Europe centrale.
Le Traité de non-prolifération nucléaire
Le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), conclu il y a 41 ans dans un contexte de menace de guerre atomique, vise à instaurer une coopération internationale en matière d'utilisation civile de l'énergie nucléaire.
Ce traité, conclu en 1968, entré en vigueur en 1970 et initialement prévu pour 25 ans, a été prolongé de façon indéfinie en 1995 avec une évaluation prévue tous les cinq ans.
Il a été ratifié par 189 pays, dont l'Iran et les cinq grandes puissances nucléaires, membres permanents du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies (Onu): Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine et France.
L'Inde et le Pakistan, devenus puissances nucléaires de facto en 1998 après des essais atomiques à leur actif, ne l'ont pas signé.
Israël n'a jamais reconnu publiquement disposer d'un arsenal nucléaire et s'est toujours refusé à signer le traité. La Corée du Nord en est sortie en janvier 2003. En octobre 2006, elle fait exploser sa première bombe atomique.
Aux termes du traité, les puissances nucléaires s'interdisent de transférer des armes nucléaires et d'aider un pays à en acquérir.
Les Etats signataires non dotés d'armes nucléaires s'engagent à ne pas mettre au point et à ne pas acquérir ces armes. En contrepartie, l'accès aux usages pacifiques de l'énergie atomique leur est garanti sous réserve d'un contrôle par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), dont le siège est à Vienne.
Fin 2003, l'Iran a accepté un protocole additionnel qui permet un contrôle inopiné et approfondi des sites nucléaires. Une centaine d'Etats, dont les Etats-Unis seulement fin 2008, l'un des derniers actes de la présidence de George W. Bush, ont signé ce protocole additionnel.
Le Traité d'interdiction des essais nucléaires
Le Traité d'interdiction des essais nucléaires (CTBT) interdira toutes les explosions nucléaires à travers le monde lorsqu'il aura été ratifié par tous les pays disposant d'installations nucléaires et sa mise en œuvre est supervisée par une commission (CTBTO), dont le siège est à l'Organisation des Nations unies (ONU) à Vienne.
Voici quelques-uns des principes et des mesures de vérification du traité:
1) Principes:
- "Chaque Etat contractant s'engage à ne pas effectuer d'essais nucléaires ou tout autre type d'explosion nucléaire et à interdire et à prévenir toute explosion de ce genre en tout lieu soumis à sa juridiction".
- "Chaque Etat contractant s'engage, de plus, à ne pas provoquer, encourager ou participer de quelque manière que ce soit à des essais nucléaires ou à tout autre type d'explosion nucléaire".
2) Mesures de vérification:
- Le traité établit un système de contrôle international (IMS) et un centre de données international (IDC) pour vérifier qu'aucun essai nucléaire n'est effectué.
- L'IMS comprend 321 postes de contrôle et 16 laboratoires à travers le monde, formant un réseau capable de détecter des explosions nucléaires n'importe où à la surface de la Terre. Les postes de contrôle se décomposent en 170 postes sismiques, 80 postes radionucléides, 60 postes pour recueillir des infrasons et 11 postes hydroacoustiques. Tous ces postes et les 16 laboratoires alimentent le centre de données IDC qui effectue des analyses.
- Les informations recueillies par le réseau sont disponibles pour tous les pays signataires du traité. Tout pays signataire a en outre le droit de demander une inspection in-situ en cas d'événement supect.
3) Ratification:
Au total, 180 pays ont signé le CTBT et 148 ont ratifié le traité adopté par l'Assemblée générale de l'ONU en septembre 1996. Mais le traité ne peut pas entrer en vigueur avant que l'ensemble des 44 Etats disposant d'installations nucléaires ne l'aient ratifié.
Douze ans après sa conclusion en 1996, le CTBT nécessite encore pour entrer en vigueur la ratification de neuf Etats-clés: la Chine, la Corée du Nord, l'Egypte, l'Inde, l'Indonésie, l'Iran, Israël, le Pakistan et les Etats-Unis. L'Inde, le Pakistan et la Corée du Nord, qui n'est pas représentée à la conférence, ne l'ont ni signé, ni ratifié.
A la fin 1996, sous la présidence de Bill Clinton, les Etats-Unis avaient été l'un des premiers pays à signer le traité mais, en octobre 2000, le Sénat avait refusé de le ratifier. Le nouveau président américain, Barack Obama, vient de demander au Sénat de procéder à la ratification.
L'Inde, le Pakistan et l'Indonésie sont les trois autres pays susceptibles d'engager prochainement une procédure de signature et de ratification pour les deux premiers et de ratification pour le troisième, selon l'institution.
Le poids juridique du CTBT, qui est censé mettre un terme à plus de 2.000 essais nucléaires effectués dans le monde depuis 1945, reste de ce fait incertain.
C'est la Commission préparatoire (CTBTO) du Traité d'interdiction totale des essais nucléaires (CTBT), dirigée par le Hongrois Tibor Toth, qui exploite le réseau ultra-perfectionné (IMS/IDC) de 337 cellules de détection souterraine, sous-marine et atmosphérique pour déceler d'éventuels essais nucléaires, un dispositif servant également à l'alerte anti-tsunami.